Après une licence universitaire en études culturelles, je suis entrée dans une grande école de commerce qui propose un BAC+5 en management des industries culturelles : du fait de mon cursus littéraire/artistique très plan-plan et théorique, je trouve la formation intéressante côté professionnalisation et mise en situation, études de cas, etc. Le petit + c'est le fait que la formation est bilingue, mais le gros -c'est que la transition entre études culturelles et formation en management avec tout ce que ça implique (management des orga, contrôle de gestion, finance, etc) est hardcore. Même si j'apprends moins que ce que j'imaginais et que le rythme de travail en ESC est bel et bien mollasson comparé aux opportunités qui attendent les sortants, j'ai été un peu larguée au début dans plusieurs modules. Mon école est moins côtée que l'ICART dans mon domaine, mais en parallèle, elle a une meilleure réputation dans le commerce international : cela me permet d'avoir de bonnes chances d'intégrer des entreprises qui touchent au culturel comme les cinémas, le milieu de la distribution etc... On est pas obligés de faire du public ou de l'associatif. Pour compenser cela, j'ai mis en place un plan qui pourrait valoriser mon dossier :
Je suis en M1 et je compte faire mon stage de fin d'études en VIE/VIA pour gagner une première expérience à l'étranger : j'ai conscience que j'ai réussi à trouver un stage en pleine crise COVID grâce à mes expériences précédentes dans l'associatif culturel, l'accueil des publics et les bibliothèques mais SURTOUT grâce au nom de mon école. Je veux donc pouvoir me défendre sur l'utilisation des langues étrangères en milieu pro.
Si j'avais suivi un parcours similaire à l’université je n'aurais jamais eu accès au JobTeaser et aux salons en distanciel me permettant de voir les offres de stages avant qu'elles ne soient publiées ailleurs. Et encore : vu que je viens d'une famille défavorisée, j'ai conscience du fossé énorme entre mes difficultés et celles de mes camarades. Pour avoir accès à cette formation quand on est pauvre, je recommande de travailler très dur et de ne pas avoir peur de voir s'envoler toute possibilité de loisirs jusqu'au master et ce dès la majorité : il faut savoir faire des sacrifices. En dépit de mon handicap lourd, j'ai cumulé jusqu'à 3 jobs tout au long de ma licence et j'ai eu mes premières vacances d'été depuis la classe de première l'année dernière.
Je considère qu'en versant toutes mes économies dans cette école, j'investis dans mon avenir.
Et même si j'en ai énormément souffert, c'était la seule voie pour ne pas vivre uniquement avec l'AAH jusqu'à la fin de mes jours. Cette persévérance qui est prouvée par mes contrats de travail joue un rôle clé lors des entretiens d'embauche : face aux boomers la carte "ouais les étudiants travaillent toujours, n'ont pas tous pôpa-môman pour leur payer le loyer et j'en suis la preuve" est très efficace.
Dernier conseil : quand vous entamez une formation culturelle, investissez-vous sérieusement dans les associations (étudiantes ou non) qui touchent à cette problématique : c'est un excellent moyen de se former au financement de projets, d'apprendre à connaître les normes de politique territoriale pour les mettre en place, à la rédaction de projets, et chaque personne que vous croisez est susceptible de devenir un futur travailleur ou cadre dans le culturel : donc un futur contact.
Faites un Erasmus ou un stage à l'étranger avec l'aide de vos établissement, privés ou publics : ça peut vraiment jouer surtout si vous voulez entrer dans le privé : devenir responsable des achats dans une boîte ayant des partenaires et des clients internationaux par exemple...
La secteur est bouché, donc pour se démarquer il faut vraiment tout donner et avoir un atout en plus : par exemple soyez la seule personne parmi les divers entretiens à réellement être bilingue dans une autre langue, apprenez à vraiment maîtriser Excel le plus tôt possible : si vous candidatez autour de vous dans ce qui vient (asso notamment pour les stages on a peu de choix) vous constaterez avec surprise que vous êtes un-e des seul-e-s à réellement maîtriser cet outil en début de carrière.
Je vous souhaite vraiment beaucoup de courage dans votre recherche : entre la crise sanitaire qui interdit les festoches où les stages étaient vraiment plus faciles à obtenir, la précarisation du milieu, l'entre-soi bourgeois du petit Paris qui se réserve le monopole des grands projets et la fermeture du public aux candidatures extérieures vous en aurez besoin !