Bon alors, histoire d'être parfaitement honnête, je me dois de vous dire que j'ai été militante pendant trois ans à l'UNEF.
Il y a plusieurs choses à voir. Je pense tout d'abord que tous les gens qui ont approché l'université sont d'accord pour dire qu'elle souffre en tout premier lieu d'un manque de moyens. Il faut de l'argent pour que ça marche. C'est tout. Les conditions d'études sont lamentables, c'est tout simplement honteux, tant pour les étudiants que pour la recherche et les profs.
Le débat porte sur le mode de financement. Compte tenu de la tendance actuelle au désengagement de l'Etat dans l'économie, le privé semble le moyen idéal. Oui mais. Mais il y a la question de l'indépendance des enseignements, qui ne doivent pas idéologiquement dépendre du bon vouloir du secteur marchand (économie, sciences politiques, ect.). Mais il y a la question des projets sur le très très long terme, avec profits très aléatoires (recherche fondamentale notamment). Mais il y a la question des sciences de l'Homme, qui interessent peu le privé. Comment les financer? A part l'Etat, je ne vois pas. Ou alors des financements privés, dans le sens "le secteur privé donne une enveloppe à l'enseignement supérieur, mais l'Etat se charge d'une distribution juste entre les labos". Pourquoi pas? A creuser...
A savoir qu'on a échappé à la hausse des frais d'inscription, qui aurait été une mesure profondément injuste (entre les étudiants, mais aussi entre les facs). Est-il réellement utile de dire pourquoi? J'ai déjà des amis qui bossent plus de 20h par semaine en parallèle de leurs études juste pour se payer logement et bouffe..
On peut aussi imaginer un réengagement de l'Etat dans l'éducation, non en tant que coût, mais en tant qu'investissement pour l'avenir (est-il utile de rappeler les gains pour un pays d'une population bien formée?). Mais vu le gouvernement actuel, inutile d'en parler, c'est juste contre leur idéologie.
Bon après la réforme joue aussi sur la composition des conseils de l'université. J'ai été membre d'un CA d'université, je sais comment on considérait les étudiants... Dans les faits, je ne pense pas que la composition des conseils change grand chose pour les étudiants, de toute façon ultra-mino, peut-être sera-ce plus marquant pour les profs. J'ai la flemme d'étudier la question je l'avoue. Je ne pense pas que cela choque spécialement les "ultra-gauche" qui de toute façon considèrent les conseils comme des "institutions bourgeoises" à boycotter. Bref. (moi aigrie?? Non! j'adooooore les gauchistes!)
Une autre question, plutôt ignorée par la réforme d'ailleurs, puisque Juliard a réussi à empêcher la sélection à l'entrée: celle du niveau à l'université. Pour moi cela est un faux débat. Améliorons déjà le niveau avant (des lycéens qui ne savent pas écrire on en voit tous les jours...), en donnant de vrais moyens (humains et financiers notamment) à notre système scolaire, et on verra le niveau à l'entrée monter en flèche. De même, il faut revaloriser les filières pro, améliorer l'aide à l'orientation dans le secondaire, favoriser les passerelles entre filière en cas d'erreur d'orientation. Et on verra beaucoup moins d'étudiants largués/dégôutés/démotivés.
De même, un peu d'argent (juste de quoi faire des TD dans toutes les matières importantes et un ordi par personne en informatique, des choses comme ça...) ben ça aiderait beaucoup. Parce que étudier dans des conditions déplorables, parfois honteuses, ça n'aide pas à s'interesser aux études.
EDIT: je m'aperçois que j'ai écrit un paquet. Je m'excuse et précise que l'alcool en quantité industrielle n'aide pas à la concision du propos.