@Osha L'histoire de la blessure, je comprends cette envie de la "refermer" dans le sens où j'imagine que c'est pas super agréable de vivre avec plein de traumas non résolus. Mais comme tu l'expliques bien ensuite dans ton paragraphe, parfois, une plaie se referme complètement et en n'en voit plus rien, et parfois, elle laisse des traces, mais est-ce que c'est vraiment grave?
Bref, toute cette analogie pour dire qu'on ne peut pas toujours tout "réparer" dans nos blessures. Mon corps ne sera jamais "réparé" dans le sens où il ne reviendra jamais à son état d'avant l'opération, mais pour autant, il a su s'adapter et il sait désormais fonctionner parfaitement bien dans une nouvelle configuration à tel point que si on me donnait le choix de le remettre à son état d'origine, je n'en verrais pas spécialement l'intérêt. C'est pareil j'imagine pour certaines expériences qui nous ont blessées émotionnellement ou psychiquement. Parfois aussi, la blessure nous aide à avancer parce qu'on se rend compte qu'on ne plus rester dans un état qui nous bloquait jusque là, et ça nous apprend aussi à accepter nos limites, ce qui est très important je pense.
Pour ce que tu dis sur la peur que l'autre utilise les blessures contre toi, c'était exactement ça dans mon cas. Je suis complètement partie en vrille autour de cette idée que c'était ce que Romain voulait faire alors que maintenant, je crois que c'était quand même une peur assez déconnectée de la situation et pas très rationnelle.
Je me demande aussi pourquoi je trouve très acceptable de dire "j'ai énormément d'amitié pour toi, et c'est pas grave si tu ne ressens pas la même chose, ça n'enlève pas ce que moi je ressens!" alors que ça me paraitrait pratiquement honteux de dire "j'ai des sentiments amoureux pour toi même si je sais que toi non". Je ne pense pas que je serais sincère en disant "c'est pas grave si tu ne ressens pas pareil", alors que je le suis en amitié! Parce que j'ai fait des grandes déclarations d'amitié à Romain en lui disant plus ou moins que ça n'avait pas d'importance que ce soit partagé ou pas, et ça ne me dérange pas vraiment qu'il ne réponde pas à ces déclarations (enfin pour les MadZ qui ont pas suivi, il ne m'ignore pas hein, juste il ne répond pas à ça précisément) parce que je me dis que c'est la réalité de mon ressenti, peu importe comment lui se positionne. Par contre, ça me paraitrait pratiquement impossible de lui dire quelque chose de similaire mais sur le registre amoureux, même si c'est pour parler du passé. Et c'est pas parce que j'aurais peur de le gêner ou quoi, mais vraiment parce que j'aurais l'impression que ça me rendrait pitoyable et que ça lui donnerait le contrôle de tout décider.
Clairement, j'ai absolument confiance dans ma position d'amie : je pense que je suis une très bonne amie, j'ai des relations globalement saines et solides avec mes amis, je pense que les gens sont contents d'être amis avec moi et qu'ils m'aiment réellement. Donc ça ne change rien dans ma perception de moi que Romain me renvoie son amitié ou pas, ça ne modifiera pas le fait que j'ai des amis aimants par ailleurs et que je pense être une personne bien. Par contre, je n'ai pas du tout confiance en moi sur le plan amoureux... et pourtant si je pense être une super amie, et une personne fiable, je ne vois vraiment pas pourquoi ça ne pourrait pas fonctionner tout aussi bien en couple. Mais je n'ai clairement pas la même confiance dans ma capacité à susciter l'amour romantique chez quelqu'un.
Au collège, je cachais à tout le monde, y compris à mes plus proches amies, quand un mec me plaisait. J'avais peur qu'on ne me juge pas à sa hauteur ou qu'on trouve mon choix nul, alors je préférais n'en parler à personne pour ne pas avoir ce jugement sur mes sentiments et ma personne. J'ai gardé mon attirance pour un garçon absolument secrète pendant 3 ans, je n'en ai parlé à personne, pas même à une de mes amies dont j'étais pourtant tellement proche que c'est toujours une de mes meilleures amies (d'ailleurs, je ne sais même pas si je lui ai dit un jour!), alors même que je la voyais tous les jours et que je pensais à ce mec qui était dans notre classe absolument tous les jours, et qu'elle même me parlait de mecs à longueur de journée! Un jour, elle m'a même demandé un peu sur le ton de la blague s'il me plaisait et j'ai nié hyper farouchement, j'ai complètement paniqué à l'idée qu'elle ait découvert mon "secret" et après, ça m'a préoccupé pendant des mois de faire en sorte qu'elle ne se doute de rien. Pourtant, le gars en question était pas spécialement le BG de la classe hyper populaire qui ferait penser que je "vise trop haut" ou un mec dont tout le monde se moquait qui ferait que j'aurais honte de lui, non, c'était juste un mec lambda, avec pas mal d'amis mais pas non plus spécialement très convoité par les filles. Mais même là, même de la part de ma meilleure amie, j'avais peur qu'on pense "mais tu crois vraiment que tu peux intéresser ce gars, sérieux???", alors je préférais que personne ne sache ce que je pensais.
Maintenant, je crois fermement que je peux plaire à des gens, que je peux être perçue comme attirante, et rationnellement, je ne vois aucune raison pour qu'un couple avec moi ne soit pas heureux et solide. Mais je ne sais pas trop pourquoi, j'ai toujours une partie de moi qui reste effrayée par la perspective d'être dénigrée et éconduite sur le plan amoureux alors que je n'ai pas spécialement peur de ça sur le plan amical.
Aussi, ça rejoint la réflexion que j'ai en ce moment en comparant mon rapport au célibat et celui de mes colocs. Je n'ai pas toujours eu ce ressenti aussi clairement, mais ces derniers mois, je ressens vraiment le célibat comme un état de parfait équilibre et un état extrêmement facile. Alors que clairement, beaucoup de gens, dont font partie mes colocs, ne perçoivent absolument pas le célibat comme ça et se sente perdues, vides et déséquilibrés sans relation amoureuse. Moi, j'ai vraiment ressenti un sentiment de parfait équilibre ces derniers mois parce que je m'aime moi-même beaucoup et je suis dans une période où j'arrive à beaucoup m'écouter et satisfaire mes besoins psychiques (à la hauteur de mes moyens bien sûr). Ne pas être en couple, je perçois ça comme une quasi-bénédiction car je n'ai personne susceptible de venir perturber ma relation avec moi-même ou d'interférer avec mes besoins. Au final, je me fais bien plus confiance pour m'aider à atteindre mon épanouissement personnel et bien-être qu'à un mec, contrairement à au moins une de mes colocs qui recherche clairement un mec pour se sentir mieux et plus épanouie parce qu'elle ne se fait pas confiance pour ça.
On dit souvent que c'est important de d'abord s'aimer soi pour ne pas être dépendant du couple, mais je me demande si on ce moment, je ne suis pas dans un paradoxe inverse où j'ai du mal à imaginer comment un mec pourrait m'apporter autant que ce que je m'apporte à moi-même. Et c'est un peu embêtant de ressentir les choses comme ça je trouve, car je voudrais quand même être en couple à terme.
Bref, je disais que ça rejoignait ma réflexion sur ma peur d'être rejetée amoureusement car j'ai l'impression d'avoir confiance en moi, mais beaucoup moins en tant que partie potentielle d'un couple!