@Potimarron. @Ronces Je cite Wikipedia: "Après
Mai 68, l’
externat est supprimé
1, et la
loi Faure institue le libre accès à l’université pour tous les bacheliers. Dans le même moment, le nombre d’étudiants en médecine augmente considérablement (de plus de 35 000 en 1963, à 59 800 en 1967). En réaction à la mobilisation étudiante de Mai 68 se constitue (en 196
le
syndicat professionnel SAEM (
Syndicat autonome des enseignants en médecine), organisation qui milite auprès des pouvoirs publics pour une réduction des effectifs
2,
3. La loi du 12 juillet 1971 aménageant certaines dispositions de la loi Faure permet aux ministres de l’Éducation et de la Santé d’arrêter le nombre des étudiants de première année du premier cycle des
études médicales ou
odontologiques (chirurgie dentaire) admis à entrer en deuxième année du premier cycle
4. Ce sont alors les capacités formatrices des hôpitaux qui déterminent ces effectifs. Puis la loi du 2 janvier 1979 précise qu’il faut prendre en compte « les besoins de la population »
5,
6.
Claude Got, conseiller technique des ministres de la Santé de 1978 à 1981, est le rédacteur des
décrets d’application de la loi de 1979 sur la réforme des études médicales, publiés en mai 1980, et instaurant véritablement l'application du numerus clausus dans l'admission aux études de santé françaises
7."
Voilà pourquoi a été créé le numérus clausus: pour qu'il n'y ait pas trop de médecins et dentistes sur le territoire et que tout le monde puisse avoir un agenda remplit normalement pour pouvoir vivre. (les dentistes des années 80 disaient que c'était la guerre avant ça, qu'il y avait trop de dentistes et qu'ils étaient obligés d'inventer des faux noms de patients pour faire croire qu'ils étaient débordés (et donc plus compétent que le voisin)).
Le souci qu'il y a eu ensuite c'est une mauvaise gestion du long terme:
-la féminisation du métier avec maintenant 50/50, donc 50% des praticiens qui sont des praticiennes, qui veulent avoir des enfants et s'en occuper (à la différence du patriarche des années 80 qui faisait 7h-22h et qui découvrait qu'il avait des enfants durant les weekends/vacances)
-l'envie de mieux concilier vie professionnelle, vie de famille et de préserver sa propre santé. Les médecins veulent faire 9h-19h au maximum et arrêter de voir 50 patients par jour.
-la dévalorisation du métier dans l'imaginaire collectif. Avant il y avait le maire, le médecin, le notaire. C'était les 3 notables du village, ils avaient du pouvoir sur leurs ouailles, les gens filaient droit. Maintenant on remet en cause leur diagnostic, leur traitement, on les engueule pour leur retard, voir même on les cambriole, on les agresse. Pour certains le jeu n'en vaut plus la chandelle, c'est un métier trop engageant pour ne pas qu'il soit reconnu à la juste valeur dont le praticien a besoin pour continuer d'exercer.
Il y a un désinvestissement: "je finis à 22h deux fois par semaine, je les prends entre deux dès que je peux et ils viennent encore râler auprès du secrétariat comme quoi je ne suis pas assez rapide, ils me cassent les couilles, je me casse et je vais aller faire du kite surf à Hawaï!"
-voir les vieux médecins mourir à 70ans, soit 3 ans après leur retraite, d'une crise cardiaque/cancer, ça fait relativiser sur la nécessité de se tuer à la tâche.
Donc tout ça fait que pour un nombre donné de médecin, ceux qui sortent aujourd'hui travailleront 2 à 3 fois moins que les prédécesseurs des années 80.
La solution: former 2 à 3 fois plus de médecins.
Mais là aussi il n'y a pas eu de vision au long terme. Il aurait fallu dépenser de l'argent avant pour agrandir des hôpitaux, construire de nouvelles facultés, recruter du personnel enseignant pour pouvoir former plus de recrues années après années.
Hors toutes les politiques publiques depuis 40 ans c'est la réduction des effectifs, la fermeture des hôpitaux, des lits. On se retrouve avec pas assez de médecins hospitaliers et de locaux pour la formation donc le numerus clausus ne peut pas suivre les besoins de la population.
Et en parlant des besoins de la population: la France vieillit.
En 1980: 30% a moins de 20ans, 17% a plus de 60ans (et dans ces 17%, 5.7% a plus de 75ans)
En 2020: 24% a moins de 20ans, 26.6% a plus de 60ans (dont 9.5% a plus de 75 ans)
Les moins de 20ans, hormis les 3 première années de crèche, ne vont que rarement chez le médecin. Les plus de 75 ans y sont fourrés tous les 15 jours.
Donc s'il fallait x médecins qui travaillaient de 7h à 22h 6 jours par semaine pour soigner 40millions de citoyens dont 17% sont très demandeurs, il en faut drastiquement plus pour soigner 60 millions de citoyens dont 26.6% sont très demandeurs tout en ne travaillant que 35/40h par semaine.
Ensuite concernant les dermatos, ben c'est du calcul: on ne fait sortir que x médecins tous les ans, c'est quoi le plus urgent et le moins urgent? Pour le plus urgent on augmente le nombre de places, pour les moins urgent on le diminue. Mais à la fin il n'y a toujours que x médecins qui sortent. Pour les dermatos, il a du être décidé que c'était moins urgent que tout le reste d'en avoir sur le territoire.