Ah les stages à l'IFSI, ça remonte un peu. Une dizaine d'années. Globalement, ça s'est toujours bien passé. Par contre fallait pas compter sur la formation assez minable dispensée par l'école pour avoir des connaissances suffisantes. On apprenait des trucs débiles du genre les "besoins de Virginia Henderson", un truc d'un autre âge où le patient était décomposé en "besoins" (se laver, manger, se récréer...) et il fallait pallier ces fameux besoins. Ca donnait de l'analyse de situation clinique du style "Mr B est tombé, il a été opéré d'une fracture du fémur, il ne peut pas bouger, donc on va l'aider pour sa toilette."
Zéro utilité pour la pratique. Bien sur que si le patient peut pas bouger, on va l'aider. Pas besoin de petits tableaux pour ça. Et à coté, on apprenait que dalle en physiologie, anatomie, pathologie... Du coup pour être plutôt bon en connaissances utiles en stage, fallait un peu se remuer les neurones en solo.
Mes anciens collègues me racontent que depuis que l'accès à l'école n'est plus sur concours mais via Parcoursup, les profils ont pas mal changé et y'a pas mal d'étudiants qui ont un peu choisi la filière sans se renseigner. Du coup, ils tombent vraiment de haut quand ils découvrent le terrain. Et certains n'ont pas à cœur de compléter leurs connaissances. Y'a des maxi-boulets. Qu'on ne sache pas, okay. Mais qu'on ne cherche pas à apprendre, ça non. En plus, la situation à l'hosto s'est sacrément dégradée en 10 ans.
J'aimais bien avoir des étudiants, quand j'ai débuté l'encadrement, je crois que j'étais plus stressée qu'eux. J'étais en mode 'surtout tu me dis si ca va pas, si je fais les trucs mal, si tu comprends pas'. Certaines collègues par contre étaient un peu dures avec les étudiants, genre limite à les humilier devant tout le monde...
Par contre, pendant le covid, ils ont grave été exploités. J'suis retournée filer un coup de main pendant la 1ere vague dans mon ancien service (paye tes semaines de 60h), et j'avais un étudiant qui était là pour faire le travail d'un aide soignant mais c'était considéré comme un stage. On lui avait dit 'tu ne feras pas d'acte infirmier, t'es juste là pour faire l'AS', mais payé comme un stagiaire (1€ de l'heure, ce scandale). Je lui ai dit que j'en avais rien à carrer, que si c'était un stage, il allait faire plein de trucs avec moi. Il était refait (et il bossait vraiment bien, un petit puits de connaissances, un plaisir à encadrer).
Il y a un vrai problème de manque de personnel à l'hosto, et les étudiants ça prend du temps. Par contre, se comporter mal avec eux, bah clairement ça sert à rien, et ça ne fait pas avancer les choses plus vite. Ca prend pas plus de temps d'être gentil. Et puis quand les étudiants sont plus avancés, ils deviennent carrément plus autonomes et sont une vraie aide.
J'ai fini par quitter cette profession après avoir bossé 3 ans et je me suis lancée en médecine (encore plus de stages, youpi, avec un beau lot de vieux mysogines). Mais je veux toujours bosser dans le public, même si le navire prend l'eau.