Merci pour ce témoignage qui aurait pu être le mien à peu de choses près:
Moi aussi, j'ai fait un AVC ischémique en octobre 2020 (oui, je m'en souviens encore comme si c'était hier). Il faut savoir qu'un mois auparavant , sur mon lieu de travail et devant témoins dont ma patronne, je faisais une chute en arrière, façon quasi coup du lapin qui m'a valu trois points de suture sur l'arrière du crâne; chute qualifiée en accident du travail, même si c'était pendant la pause déjeuner.
Depuis cette chute, les maux de tête que j'avais étaient vraiment inhabituels, c'est à dire qu'elles étaient migraineuses. Je n'ai jamais été sujette aux migraines. Ce jour-là, alors que j'étais en télétravail pour cette société, cette migraine a littéralement duré
TOUTE la journée. Si bien que le soir, lorsque mon copain rentre de son taf, on décide d'appeler SOS Médecin qui se sont pointés 2 heures après l'appel (au téléphone, ils ont compris que mon cas était une urgence). Mon médecin m'envoie alors faire une IRM à l'hosto le plus proche, (le médipôle de Villeurbanne) en vain; en fait, à l'hosto, ils m'ont fait une prise de sang pour savoir si la cause de cette migraine n'était pas extérieure et basta. Je suis arrivée à 21h30 et je suis repartie en uber vers 2h du matin.
C'est dans ma salle de bain qu'il y a eu l'apothéose: j'ai littéralement vu ma main droite avec ma brosse à dent tomber dans l'évier. J'ai tenté de me laver les dents avec la main gauche mais j'étais trop cassée. Deux minutes après, je suis tombée au sol, complètement aphasique. Mes pompiers m'ont d'abord emmené vers l'hosto où j'ai été la première fois (salut , comme on se retrouve? Vous m'avez l'air cons maintenant, hein?), j'ai enfin eu droit à mon IRM, puis j'ai été évacué vers l’hôpital neurologique de Bron. Sur place, je vois brièvement qu'on m'opère, je vais rester dans cet hosto en tout et pour tout une petite semaine, si je compte mon séjour en soin intensif, en sachant que j'ai passé pas mal d'examen du coeur, des reins et des yeux en plus de mon cerveau.
J'ai ensuite été évacué vers un autre hosto pour effectuer six semaines de rééducation intensive.
Par rapport à mes camarades d'infortunes, mon père qui a fait un AVC en 1993, et l'héroine de cet article, j'ai eu plus de chances: physiquement, il n'a fallu que récupérer un plein usage de ma main droite (j'ai encore un peu de mal avec mes doigts, y compris en tapant ce récit), mes séquelles sont essentiellement au niveau de la parole où j'ai du mal à prononcer des mots , ou des phrases, correctement . A la fin de mon séjour, je n'ai eu qu'à poursuivre en libéral des séances d'orthophonie. Sur le plan cognitif aussi, diagnostiquée TDAH avant mon AVC, celle-ci s'est "aggravée".
Aujourd'hui, je "m'amuse" à fêter ces sordides anniversaires (les 2 septembre et 2 octobre) et j'ai eu pas mal de traitement post AVC: aspégic, kardégic et maintenant la résitune que je prends toujours tous les midis et que je dois prendre à vie. Je m'intéresse aussi beaucoup aux témoignages de gens qui ont eu des AVCs où on va aussi avoir des enfants victimes (quand j'étais à HG pour ma rééducation, il y avait aussi pas mal de jeunes). QUand je raconte à mes collègues que j'avais eu un AVC, iels sont toujours surpris.es car pour eux, c'est un truc de vieux. Pareil, comme l'héroine de cet article, rien ne me prédisposait à avoir un AVC...
Une des particularités des "rescapés" de cet accident est qu'iels font un reboot de leur vie pro. Ce n'est pas ce que j'ai fait car, malgré les difficultés rencontrées, j'adore mon métier et j'essaye de m'accrocher au max (développeuse WEB et j'ai la RQTH depuis un an). Je ne dis pas que je vais devoir me reconvertir un jour mais si je peux me maintenir alors autant continuer
De façon générale, je me considère vraiment comme une rescapée/guerrière: maintenant, on y va et on meule des gueules