Je trouve que c'est très personnel, comme truc. Personnellement, j'ai parlé de ma fausse couche parce que j'essaie d'apprendre à verbaliser les choses qui me font du mal - chose que je me suis refusée très longtemps. Et je ne regrette pas, la prochaine fois j'attendrais peut être de voir si la grossesse est viable, ou pas, je verrai sur le moment. Je trouve que c'est une très bonne chose de libérer la parole et de se débarrasser de cette espèce d'omerta imposée autour des premiers mois (en plus avec parfois l'idée que ça peut "porter malheur", bonjour la pression), - d'ailleurs j'avais vu pas mal de vidéos à un moment, de personnes qui parlaient du fait qu'évoquer leur fausse couche était assez libérateur et leur avait permis de ne pas souffrir seul.e.s dans un coin, voire d'avoir un peu de répit au boulot parce que les collègues comprenaient parfois. Une amie à moi a fait 3 fausses couches avant de tomber enceinte, et elle en parle librement parce que justement elle a cherché à comprendre ce qui se passait dans son corps et le partage quand on pose des questions, et surtout elle a bien annoncé qu'elle était là si quelqu'un traversait la même chose et voulait en parler, soit pour consoler, soit pour "dédramatiser" en quelque sorte.
Mais évidemment il ne faut pas non plus que ça aille dans le sens inverse où tout le monde se voit obligé d'en parler à la seconde où le test est positif (parfois eux-même, parfois parce que le peu de personnes à qui on l'a dit va aller le raconter à tout le monde => )
Donc c'est très personnel, ça varie non seulement en fonction de la personne, de la relation entre les concerné.e.s par la grossesse, de tout ce qui entoure cette grossesse (est-elle désirée, arrive-t-elle à un moment où on n'y croyait plus, ou au contraire bien plus vite que prévu et on se sent débordé.e, quelle est la relation avec le géniteur/père etc.), mais également en fonction des expériences passées ou relatées, de pressions d'un côté comme de l'autre.
Et là où les gens m'agacent aussi, c'est qu'iels ont cette idée que parce qu'on en parle pas avant les trois mois, s'il y a fausse couche c'est moins grave
Mais même sans en parler à l'entourage, en trois mois une personne enceinte peut totalement se projeter et être dévasté.e s'il y a un problème ça ne change rien
La seule différence vient du caractère de la personne, si iel préfère gérer seul.e histoire d'avoir de l'espace pour guérir ou si au contraire iel a besoin de soutien et d'en parler pour guérir.
Le plus important, c'est de respecter ce que veulent les concerné.e.s et de ne pas bouder ou râler si les personnes n'ont rien dit avant un certain temps (après tout, iels peuvent aussi tout simplement avoir envie de profiter de ce moment seul.e.s dans une petite bulle, sans les questions/demandes pressantes de l'entourage) et de ne pas mettre une pression monumentale non plus si les personnes décident de l'annoncer dès le premier jour avec des phrases comme "
ça porte malheur" ou "
tu vas faire quoi s'il y a fausse couche"
Bref la morale est plutôt simple en vrai : foutons la paix aux gens.
(Et là on parle de grossesse, mais c'est valable pour plein de trucs, les gens posent souvent des questions très indiscrètes voire décident pour les autres. J'ai connu quelqu'un qui s'est vu obligé d'annoncer qu'il était anciennement alcoolique et ne buvait donc plus de boissons alcoolisées après qu'on l'ait fait ch*er pendant une demi heure pour qu'il boive un truc qu'il refusait en boucle. Clairement il avait juste envie qu'on lui foute la paix et pouvoir juste boire des sodas tranquille en s'amusant avec ses amis. Mais non, les questions, la pression des gens autour l'ont forcé à parler de ça sans son consentement, juste pour qu'on arrête de l'emm*rder avec ça. C'est comme pour les personnes enceintes ou plein d'autres sujets, parfois on a beau poser des limites, l'entourage (ou même des semi-inconnu.e.s - pensée à cette personne qui ne me connaissait quasiment pas dans mon premier boulot et m'encourageait à retourner voir mon abuseur parce que "on n'a qu'un seul père dans sa vie" - oui fin le mien devrait être en prison à l'heure actuelle à cause de ce qu'il a fait à ma soeur, moi et ses propres soeurs donc bon
.)
BREF, je digresse, mais le plus important pour moi c'est simplement de respecter ce que veulent les parent.es, et d'éventuellement signaler/montrer qu'on est là si la personne a besoin de parler, d'aide ou autre sans projeter des choses sur elleux ou donner des conseils non sollicités, même si on se pense bienveillant.e (
en dehors des cas où la personne enceinte est dans une situation où sa vie est en danger bien sûr, à cause d'une relation ou autre) et/ou d'accepter et respecter une décision d'annoncer l'évènement après plusieurs semaines/mois. La grossesse c'est un truc assez unique qui concerne la personne enceinte surtout, et son/sa partenaire s'il y a, iel ne doit rien à personne et doit absolument avoir le droit d'en parler quand iel le souhaite/se sent assez safe pour le faire.