Ok on reprend :
De quel milieu pro on parle ? De quel management on parle ? De quelles intimidatrices on parle ?
Les femmes managers sont pour la plupart des managers dans des milieux typiquement féminins, ou à des postes intermédiaires qui exigent d'elles qu'elles fassent la police et maintiennent l'ordre. Non seulement ces secteurs sont mal payés et ingrats, mais ils sont exigeants.
Deuxièmement, rappelons qu'à la tête des entreprises / services où ces femmes sont manager, il y a... Des hommes ! Qui laissent les nanas se prendre la tête entre elles, la zizanie et les embrouilles ça permet de mieux régner.
La société déteste les femmes, c'est internalisé. Pour montrer patte blanche, il faut montrer qu'on en est pas.
Enfin bref, pour aborder ce sujet il faut vraiment se baser sur des chiffres et une analyse détaillée, pas juste des impressions probablement avérées mais très biaisées.
Quand je bossais encore en entreprise traditionnelle, j'ai eu l'occasion de rencontrer des pestes du bureau. Il y en a toujours. Il y a aussi toujours les gros cons du bureau, j'y reviendrai.
Ces filles m'ont fait la misère au début. Je suis habituée, je passe bof au premier abord et j'ai toujours été cible de moqueries. Après, les gens réalisent que je suis sérieuse et surtout que je sais fermer ma gueule, et j'ai tendance à attirer les confidences de ces mêmes pestes. Souvent, c'est la pitié et la compassion qui prennent le pas de mon côté. Celles que j'ai en tête se faisaient niquer encore et encore car elles étaient en fait assez "soumises" à des mécanismes qui les desservaient. Sous des apparences Queen B grandes gueules, elles étaient exploitées et corvéables à merci. Comme elles n'avaient pas appris à communiquer comme des hommes, elles n'obtenaient rien de ce qu'elles auraient pu mériter. Finalement, la boite entière les voyait comme ça : des petits soldats qui font bien la police, et foutent suffisamment la discorde pour que tout le monde se tienne tranquille. Pas d'envergure, pas de vraies promotions (Allez, on est sympa, on rajoute Senior à ton titre), si elles crachaient sur les autres, elles étaient aussi victimes du système.
Après, perso, mes meilleures managers étaient des femmes et c'est une féministe qui le dit.
Outre mes potes mecs de longue date, je n'ai que des copines et des amiEs. J'ai rencontré la plupart via le taf. Dans chaque boîte où je suis restée longtemps, je me suis fait une bande de copines safe. À titre personnel, je préfère un manager femme.
Les mecs, t'as toujours ce truc de condescendance. Je suis neuro atypique et ça peut se voir, même si on ne met pas toujours le doigt dessus. Face à un homme, je me sens toujours jugée, un peu moquée, pas prise au sérieux. Y a cette fausse sympathie, cette condescendance, tu restes une femme -et pas le modèle sexy- face à un mec qui te parle comme si tu étais débile.
La dernière boîte que j'ai faite, avant le Freelance m'a permis de prendre confiance en moi et de réaliser que j'étais douée dans mon domaine. Et ça, je le dois à la manager. C'était la première fois que je prenais un poste très qualifié, où j'étais la seule à pouvoir assurer mon boulot. Notre manager était géniale : c'était une femme ambitieuse et ferme (j'y reviendrai), dans le sens où on était là pour bien bosser, et un rendu qualitatif était attendu. Mais elle savait délivrer des feedback avec tacts, sans pour autant surjouer l'empathie. C'était clair et direct, mais respectueux. Elle n'était pas avare de compliments lorsque c'était bien fait. Elle savait où il fallait aller, mais elle ne micro manageait pas et partait du principe qu'elle était entourée de pros sérieux et compétents. Si on avait fini le travail, on pouvait partir. Elle se fichait de l'heure à laquelle on arrivait (on avait pas de lignes téléphoniques), ou si on voulait bosser de la maison, tant qu'on accomplissait ce qui était attendu, dans le cadre donné.
Elle savait nous motiver. Elle était toujours dispo pour conseiller et guider, mais elle était aussi preneuse d'idées. Elle exploitait le potentiel des gens, elle m'a confié des missions géniales, que je n'aurais jamais osé briguer, parce qu'elle voyait surement mieux que moi que j'en étais capable, et que j'étais le genre de profil à performer à fond quand le projet lui plait. Forcément, j'ai tout donné avec plaisir (le salaire était à la hauteur en plus, un rêve cette boîte). J'ai un souvenir génial de cette expérience.
Ce que j'ai trouvé d'autant plus cool, c'est qu'il n'y avait pas d'affect. On était purement dans du domaine professionnel. Ce n'est pas DU TOUT quelqu'un avec qui je pourrais être amie, et vice versa. En dehors du travail, nous ne partageons rien. Le fait que ce soit du pur bon management sans affect derrière, ça m'a plu. En tant que femmes, on est censées toujours rajouter de l'affect dans nos relations, et ça me gonfle. Du respect et une bonne collaboration pro, ça suffit.
Cette personne a motivé mon envie de ne travailler qu'avec des nanas. Aujourd'hui, je travaille en collaboration avec une autre nana et encore une fois, c'est un bonheur. C'est fluide, c'est direct, c'est respectueux, pas de rapport de domination. Le seul deal c'est : bien bosser. Ça tombe bien, on est des grosses bosseuses et on aime ça.
Mon expérience est empirique, j'ai bien un souvenir d'expérience très positive avec un homme, mais c'était de base un ami que j'aime énormément, mais qui n'est pas très genré "homme" dans le sens masculinité toxique. Dans une équipe, les mecs jouent aux coqs, ils sont imbus d'eux-mêmes, ils font des blagues de merde, c'est insupportable.
Je voudrais juste revenir sur un point : je trouve qu'on ne considère pas l'ambition féminine à sa juste valeur. J'ai beaucoup de respect pour les femmes ambitieuses, même si elles ne perdent pas de temps à arrondir les angles et faire des risettes. On est pas là pour ça en fait. La manager dont je parlais était très très ambitieuse, elle briguait le sommet (et je pense qu'elle l'atteindra). Elle faisait ce qu'il fallait pour. Elle n'était pas corvéable à merci, elle était plus "smart" même si clairement très investie. Mais elle ne se laissait pas faire. On aurait pu dire qu'elle avait l'air "de se la péter" Mais qu'est-ce que ça peut bien faire, tant qu'elle respecte ses collaborateurs et ne les écrase pas ? Et objectivement, elle avait toutes les raisons de se la péter !
L'autre jour, d'ailleurs, j'ai recroisé cette manager par hasard, et j'en ai profité pour lui écrire sur LinkedIn pour partager mon ressenti. Elle m'a répondu que ça l'avait énormément touché et qu'elle aussi repensait souvent à moi, car je l'avais beaucoup inspiré. Je n'étais pas surprise. Ça se sentait à l'époque que ça marchait bien professionnellement. Pas eu besoin de se dire plus. C'est aussi ça que j'aime, entre femmes, on peut se complimenter sans arrières pensées, sans jeu. Je me doute que beaucoup de femmes ne sont pas comme ça, mais en tous cas moi j'en rencontre beaucoup dans mon taf et j'adore.