Cela étant, ni Kiabi ni Bon Prix ne sont des marques de mode "durables" ni "responsables" donc le problème est le même : il faudrait que des marques qui respectent les critères environnementaux et sociaux proposent des vêtements dans une gamme de taille bien plus importante qu'actuellement. S'il n'y a pas d'offre alternative acceptable, il n'y a aucune légitimité à demander un changement dans les comportements de consommation.
Pour ce qui est d'exclure les classes les plus précaires financièrement, je suis personnellement assez gênée effectivement. J'aimerais qu'on me garantisse que les marques d'ultra fast fashion ou de fast fashion ne soient consommées que par les personnes qui ne peuvent pas faire autrement. La réalité n'est pas là : si le secteur fonctionne c'est parce qu'il permet à tout le monde de consommer tout le temps. Alors qu'un modèle plus durable serait par exemple de permettre à ceux qui ne peuvent pas faire autrement de consommer quand il faut (et le quand il faut pour les personnes vraiment précaires, c'est surtout quand ils peuvent).
Du coup, ne sachant pas quel modèle proposer aux personnes qui ne peuvent pas faire autrement, je trouve qu'il est difficile d'interdire ou de rendre inaccessible ces marques, nécessaires pour certains. Celleux sur qui il faut mettre la pression c'est bien celleux qui peuvent consommer autrement mais ne le font pas. Seulement, tant qu'on ne demande pas l'avis d'imposition à chaque personne qui rentre dans un Zara, je trouve que toute radicalité est difficile à mettre en place (alors qu'elle est indispensable étant donné les conséquences désatreuses de l'industrie de la fast fashion).