@Dasis
Salut Dasis, je viens de tomber un peu par hasard sur ce sujet dans le forum et me permet d'y participer puisque je suis paysagiste-conceptrice !
Je vais répondre un peu vrac aux différentes remarques et questions qui ont été posé dans ce topic.
Tout d'abord la différence entre "paysagiste concepteur" et "jardinier paysagiste", parce que oui dans le milieu le terme dit de paysagiste correspond à deux métiers. C'est un peu à contre sens puisque le métier de paysagiste désigne depuis le XVIIIème siècle le concepteur de jardins et parcs, et non le jardinier qui le réalise, mais il faut croire que le mot "jardinier" n'est pas assez à la mode aujourd'hui et c'est dommage mais passons...
Donc, un paysagiste concepteur a un métier qui va souvent se rapprocher beaucoup du domaine de l'architecture ou de l'urbanisme : l'objectif est de faire de l'aménagement à des échelles qui peuvent être très variées (du square au territoire) sur des territoires qui le sont tous autant (en ville, village, milieux naturels, ...).
Pour devenir paysagiste aujourd'hui, la méthode classique en France consiste a faire une formation longue en 5 ans pour avoir un Master dans une école de paysage (5 en france : Versailles, Lille, Bordeaux, Marseille et Blois) ou ingénieur paysagiste à Angers (formation quelque peu différentes). Beaucoup de paysagistes actuels sont d'abord architecte ou urbaniste et se sont formé ou ont appris le métier de paysagiste. Ce sont des études longues et difficiles, les passerelles depuis d'autres métiers pour décrocher le titre de paysagiste concepteur sont très rares en France ...
Mais cela répond également à une façon de pratiquer le métier de paysagiste : et ceux dans une agence dite classique de paysage en maitrise d'oeuvre.
Le métier de paysagiste peut s'exercer de beaucoup de façons différentes, en maitrise d'ouvrage (dans les dreal, caue, mairie, conservatoire d'espaces naturels, association, chez les promoteurs, dans des agences d'environnements, ...) c'est trèèèèèèès large et riche. Et c'est peut-être là que l'on peut trouver des passerelles lorsque l'on est en reconversion, en fonction du métier de base je pense. Parce les personnes que j'ai pu croisé dans le cadre de mes études en reconversion venait souvent soit du milieu de l'architecture, ou de l'urbanisme et avait au minimum 3 ans d'études à faire.
Ah oui étonnamment en tant que paysagiste concepteur, la connaissance des plantes n'est pas le sujet le plus important. L'un des apprentissages principal est celui de la compréhension de l'ESPACE, comment aménager, pourquoi, pour qui. Qu'est-ce que génère un aménagement dans un lieu, comprendre la ville et ses dynamiques, se questionner sur l'usage que l'on fait aujourd'hui de nos territoires, comment adapter nos aménagements à nos modes de vie, ... bref c'est très large. Les plantes sont un outil du paysage pour créer de l'espace et de l'usage. Je résume trèèès grossièrement. Les questions d'écologie, d'environnements, de climats, de biodiversité, et d'esthétique autour du végétal sont hyper importante (et passionnante, travailler avec du vivant c'est quand même assez exceptionnel). Je veux dire par là qu'un paysagiste ne prend pas en compte seulement le paysage dans sa définition d'espaces verts seulement. Je parle ici majoritairement de projet d'aménagement du territoire ou de la ville. Un paysagiste travaillant en conservatoire d'espaces naturels aura des enjeux différents, qui seront plus ceux de la protection, de la valorisation, ... mais son but sera toujours en rapport avec l'usage que l'on veut faire du territoire, à la différence d'un environnementaliste, ou d'un écologue (dans des domaines naturels).
Sinon d'un point de vue boulot en lui-même. Comme j'ai pu le dire, être paysagiste c'est à la fois un métier et 200 métiers différents. Pour exemple, je travaille actuellement dans un agence de paysage qui fait des projets totalement différents de l'agence où j'étais avant. J'ai des amis qui travaille : à l'Office national des Forets, en agence d'urbanisme, à la métropole de grandes villes, dans des pnr, pour des associations ...
Et les conditions de travail y sont différentes. Un point commun à tous, c'est un métier assez exigeant. Il demande beaucoup d'implication, de curiosité, d'ouvrir d'esprit, de capacité de dialogue, puisqu'on y rencontre aussi bien des collègues (archi, urba, ...), des techniciens (ingé vrd, écologue,...) des habitants (de tous types) et des usagers, des élus, des adultes, des enfants... bref c'est large.
On travaille bcp sur ordi maintenant (selon les boites et domaines entre 70 à 100% du temps je dirais) : les logiciels comme Autocad + suite Adobe sont un minimum. Sur des échelles territoriales on utilisera des logiciels type Qgis (On passe doucement au BIM).
Niveau boulot : alors en ce moment, il y en a à la pelle (sans jeux de mots ^^). C'est une chance. Le paysage est à la mode : tout le monde veut faire du greenwashing ! Donc, je vous laisse imaginer comment les mairies sont au taquet quand on leur dire que les oiseaux et les petites abeilles vont revenir dans le quartier !
Cependant attention tout de même, il y a environ 6/8 ans, c'était totalement la crise et c'était très compliqué de trouver un emploi. Mais bon, avec les envie d'écologie et tout ça, c'est un domaine porteur pour l'avenir.
Niveau salaire : vous allez être déçu. Alors qu'un ingénieur peut prétendre facilement à 2000€/net en sorti d'étude, paysagiste c'est pas le même délire. C'est assez mal payé la plupart du temps.
En sortie d'école on peut demander environ 1690€/net et après 10 ans d'expérience on stage autour de 2500€/net. Pour un niveau Master2 avec souvent des gens qui ont aussi d'autres formations dans la poche c'est pas grand chose mais bon. Si vous voulez depuis quelques années, il y a des études salariales qui sortent :
Et c'est souvent des boulots assez exigeants niveau heures dans la semaine. Je vais parler dans les agences, que je connais mieux. Mais les contrats de base sont souvent de 40heures et les heures supp (pas vraiment rémunérées) sont courantes ... Le domaine de l'architecture et par extension du paysage est un endroit où l'on pratique la charette. La charette, c'est le fait de travailler de nuit et le week-end pour les rendus de projet. Alors il y a ce que l'on appelle les petites charettes, jusqu'à 22/23h et les grosses charettes voir nuits blanches ... De plus en plus d'agences veulent l'éviter mais il est parfois difficile de faire autrement. Etant souvent en équipes, si vos collaborateurs vous envoient leurs plans le vendredi à 18h30 (parce qu'il travaille aussi sur 15 projets en même temps) et que vous avez un rendu pour le lundi 9h, je vous laisse imaginer ce que vous allez faire de votre week-end. C'est un milieu assez stressant et les clients privés ou publiques peuvent mettre une pression assez folle tout en essayant de tirer au maximum sur les prix.
Mais pour égayer un peu le tableau après ce petit passage : c'est un métier passionnant. Déjà parce qu'on y rencontre beaucoup, beaucoup de gens passionnés parce qu'ils font (il en faut pcq c'est pas facile tous les jours non plus). On est amené à découvrir tout le temps. Un nouveau projet veut dire un nouveau territoire, des nouvelles problématiques, des nouvelles villes et paysages, des nouvelles personnes avec qui ont va collaborer pendant plusieurs mois ou plusieurs années. C'est un milieu ouvert culturellement : on flirte avec bcp de choses ici, l'architecture, l'urbanisme, l'écologie, l'environnement, on y parle techniques, notamment hydrologie, phytorémédiation, géologie, agriculture et on y croise des données plus créatives, le design, la communication graphique, les arts graphiques, plastiques, ... on découvre du patrimoine, on s'attache au quotidien des gens qui vivent dans ces lieux, on se passionne pour le dessin d'une grille d'arbre ou d'une bordure de trottoir (je vous assure), on philosophe, on va à la rencontre des gens de tous milieux sociaux, on veut réinventer le monde aussi bien souvent...
Voilà,
Si vous avez des questions