ECM des métisses

[Tante Clara]

Hey, je suis métisse. Souvent, j'en ai gros sur la patate parce que je ne suis jamais assez ceci ou cela, parce que j'ai l'impression qu'au fond, mon existence dérange de tous les côtés de mes origines.
Souvent instrumentalisée par un système raciste mais sans forcément être inscrite dans le métissage nettoyeur de racisme pour un des parents, je n'ai jamais su ou pu trouver ma place.
Alors que tu sois métissée avec un parent blanc ou avec deux parents racisés, quelque soit ton passing, que tu sois parent ou futur parent d'un métisse tu es lea bienvenu.e pour raconter tes misères (dans le dernier cas, à moins d'être racisé.e, tu ne vis pas le racisme même par procuration : tu as peur pour les tiens et c'est très différent )

Je ne sais pas si ce post est clair N'hésitez pas à laisser un avis puisque je reconnais tout à fait m'exprimer comme un pet

 

[Aconiti]

@Tante Clara
Le cyanure non mais la mort au rat si.

(c'est tout pour mi, étant plus blanche que mes fesses et plus bretonne qu'une galette à l'andouille de guéméné, je retourne dans mon sous marin)

 

[AreCNE]

Hello tout le monde Topic très intéressant, qui va je l'espère être enrichi des interventions de chacun.e.s!
Alors pour ma part je suis métisse, avec un parent blanc et un parent racisé. J'ai eu pour ma part un rapport au racisme et aux origines assez particuliers et j'avoue que ça m'intéresse de pouvoir lire des vécus similaires au miens, notemment vis-à-vis du colorisme et de la légitimité à s'exprimer sur certains sujets quand on est 'priviliégié' dans un système qui hiérarchise les individus selon leur degré de "racisation".

Spoiler: Racisme, Colorisme, Colorblindness

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[Solidshnek]

Ce topic est super cool
Je ne suis pas métisse donc j'espère que mon intervention (voir mes futures interventions) ne gêneront pas mais je voulais rebondir sur une phrase de @Little Moi-Même :

J'ai des comportements et des centres d’intérêts "trop blanc" pour être "une vraie noire" mais je suis trop noire physiquement (avec tous les clichés et l'image qu'il y a derrière) pour être vraiment culturellement compatible et donc intégrée avec respect auprès des personnes blanches.

(bien sur j'enlèverai si ça te dérange)

Je ne suis pas métisse donc, mais algérienne de mes deux parents (et avec un lien assez fort avec ce que j'appelle mon deuxième pays). Ta phrase m'a beaucoup touchée parce que dans une certaine mesure j'ai toujours ressenti ça.

Bien sur, sur des plans différents. Je suis algérienne, arabe aux yeux de 100% de la population mais je suis très très blanche et plutôt blonde foncée. Avec un peu de chance j'aurai pu passer crème dans le paysage.

Mais depuis toute petite j'ai toujours senti le besoin de me détacher des "arabes". J'ai toujours tout fait pour m'éloigner le plus possible des clichés ambulants (et ça ne m'étonnerait pas que j'ai du être très hautaine ou condescendante dans mon adolescence). Ca passait par plein de choses : la réussite à l'école (d'ailleurs c'est moi ou les enfants de racisés ont 2 fois plus de pression à faire de grandes études ?), la manière de s'exprimer, mes centres d'intéréts (pour l'art, la littérature voir la musique).
Physiquement, j'ai toujours cherché à lisser mes cheveux bouclés presque frisés pour me sentir plus jolie, plus comme toutes les autres petites filles.

Sauf que comme toi j'étais bien trop arabe au gout du reste du monde et ça je l'ai compris bien après. Mes cheveux faussement lissés, mon air trop parisien pour moi qui vient du 9.3 , mes études studieuses... tout ça c'est que du vent. Trop fausse blanche pour les uns, trop de traits arabes/africains sur moi (mes lèvres très charnues, mon regard tombant, mes hanches ou mes fesses, mes cheveux ou ma manière de danser) je me suis rendu compte que je ne m'étais jamais sentie appartenir aux uns ou aux autres. J'avais peur de devenir une banlieusarde maghrébine mais j'étais pas assez parisienne pour faire pleinement parti des leurs.

J'avais tellement honte de mes origines que je suis tombée dans l'anorexie mentale et la boulimie au lycée. J'avais honte de mes fesses et de mes cuisses généreuse, j'avais le sentiment de faire trembler toutes les tables à chacun de mes passages. Alors que j'étais loiiiiiiin d’être grosse (et meme si je l'avais été ?)

Bref j'ai toujours l'impression d’être un imposteur, une mytho à jongler entre les deux. J'ai voulu être celle que je ne suis pas et meme aujourd’hui encore je me cherche