Je pense que la notion de non-binarité est quelque chose de tellement vaste, dont il est difficile aujourd'hui de parler sans aborder l'expression de genre dans notre société ultra-normée.
J'ai longtemps cru que j'étais une femme cis, puisque que je
savais que je n'étais pas un homme. Pour autant, les stéréotypes de genre et les injonctions ne me plaisaient pas, et j'avais foutrement envie de pouvoir siffler dans la rue, m'asseoir comme je voulais ou dire des gros mots, même si j'étais une fille. Je mettais mon inconfort avec le genre féminin sur le compte des injonctions.
Et puis, en grandissant, je me suis appropriée certains codes dits féminins. J'aime mettre des jupes, j'aime me maquiller de temps en temps, j'aime être un peu élégante, j'accepte ma douceur, mon envie d'enfants. Je m'apaise dans mon rapport avec ce que j'ai envie d'appeler la féminité sociétale. Pour autant, je ne suis pas "une femme". Y a quelque chose de très profond qui bloque en moi, et j'ai beau avoir une expression de genre féminine, y a quelque chose qui me met mal à l'aise avec ce mot. Il me convient pas, il ne dit pas qui je suis.
Mais j'ai un vécu de femme, je partage quelque chose de fort et de commun aux femmes, et aux personnes perçues comme telles, dans notre société. Et mon militantisme est celui d'une femme. (je sais pas si c'est super clair...
)
Puis, grâce au livre de Lexie, "
Une histoire des genres", j'ai découvert tout ce qui tombe sous le parapluie de la non-binarité. Et j'ai découvert le terme "demi genre". "Ces personnes sont en partie homme ou femme, mais ont également en elles un autre genre qui n'est pas nommé, pas forcément conceptualisé" Et ça, ça me parle.
Comme ce schéma de
Britchida, ça me correspond.
Je n'ai pas fait de coming out à ma famille, parce que je sais qu'illes ne comprendront pas. J'en ai parlé à mon mari, à certain.es de mes ami.es qui sont familier.es avec le concept, et ça me fait me sentir bien.
Je sais pas si je suis légitime dans les cercles trans, et je ne me pose pas tellement cette question. Pour moi, ce mot, non binaire demi-genre, ça me fait tout chaud, comme un kigurumi confortable, ça me permet de nommer mon vécu et qui je suis, et ça me va bien.
Je sais pas si j'aurais besoin de ces mots si on était dans une société moins normée, moins psychorigide du genre, plus naturellement fluide. Aujourd'hui, ces mots me font du bien.