Ce qui est intéressant avec cette polémique, c'est qu'on a une illustration d'un des procédés qui font que les gens ne font légitimement plus confiance aux dirigeants politiques de manière générale, et à ce gouvernement en particulier: accuser autrui de propager des
fake news.
L'enjeu aujourd'hui n'est pas de démontrer la véracité des propos qu'on tient mais de se contenter d'accuser tout adversaire politique de propager des
fake news, sans s’embarrasser de la charge de la preuve. L'idée est d'associer, dans l'esprit du grand public, le concept de
fake news a un camp politique précis (évidemment le camp adverse) pour que chaque propos adverse suscite par nature le scepticisme.
En d'autres termes, on cherche à instaurer une situation dans laquelle on bénéficie de la présomption de vérité alors que l'adversaire politique doit surmonter la présomption de mensonge. Pour arriver à ce résultat, le gouvernement avait notamment fait voter la
Loi contre la manipulation de l'information (
https://www.gouvernement.fr/action/contre-la-manipulation-de-l-information). Le sophisme est simple: prendre l'initiative d'une proposition de loi contre les
fake news signifie, pour le grand public, qu'on est du côté de la vérité et, par conséquent, que tout opposant politique est du côté du mensonge ou de l'erreur.
Ici cette stratégie, au demeurant assez pathétique, s'est effondrée en quelques heures. Ceci amène une question: comment le gouvernement peut-il encore s'indigner de voir proliférer le "complotisme" (terme également à déconstruire) s'il utilise lui-même la désinformation et l'accusation de désinformation à tort et à travers?
Remarque: quand la polémique a commencé, je m'attendais à voir Marlène Schiappa utiliser un tout autre artifice, à savoir l'accusation de sexisme. La stratégie aurait ainsi pu être de balayer les accusations de placement de produit en prétendant que toute attaque n'est motivée que par le sexisme et la misogynie. Ça aurait sans doute donné de meilleurs résultats.