Pour Charlie Hebdo, je passais la journée dans mon ancien lycée. C'est l'après-midi, au milieu d'un cours de théâtre, on attendait dehors qu'on nous ouvre la salle, que l'intervenante nous a dit "Vous avez entendu qu'il y a eu des attentats, à Charlie Hebdo ? 13 morts..." Sur le coup je n'ai pas réalisé. Ben oui, il y avait des morts, comme partout dans le monde qui est un peu cinglé, quand même. Charlie Hebdo, je savais que c'était un journal satirique mais je n'en avais jamais vu un (d'ailleurs je confondais avec le Canard Enchaîné). Ca semblait tellement loin, depuis cet après-midi au soleil dans un lycée de province. C'est en rentrant que j'ai réalisé petit à petit : le pourquoi du comment, les djihadistes, la liberté d'expression, le fait que ce soit Paris...
Les attentats de Paris, je l'ai découvert le 14 au matin. Je prenais mon petit déj avant de partir faire de la cuisine avec un gamin que je gardais, ma mère était sur sa tablette, et là elle m'a résumé ce qui s'était passé, d'une voix hallucinée, comme si elle n'arrivait pas à croire ce qui se passait, puis elle est sortir en trombe dans le jardin avec la tablette montrer ça à mon père. Je suis partie pour mon baby-sitting, la famille où j'allais était au courant. J'ai sorti mon tablier, celui que ma mère m'avait acheté des mois plus tôt, avec écrit "Paris" dessus et des imprimés de bâtiments. C'est drôle, le hasard... J'étais un peu sonnée, pareil, j'avais du mal à réaliser que c'était réel. Le soir, je suis allée sur le forum et j'ai trouvé le sujet, avec les premiers messages : "Il paraît qu'il y a des explosions à tel endroit", "11 morts", "23 morts", "Je vais bien", "Je vais bien", "Je suis enfermée chez moi", "30 morts", "J'ai peur", "Quelqu'un a des nouvelles de Machin ?". C'était vachement émouvant, parce que... Ben c'est Internet. C'est fait pour partager des photos de chat et des tests débiles, plus quelques débats, pas pour dire "Je vais bien". On se sentait ramené de force à tout ce qui est nécessaire... Et puis, au bout de plusieurs pages de ce style, je suis tombée sur un message avec la photo d'une bougie avec la Vierge Marie dessus. En dessous, c'était écrit simplement "J'ai une amie catholique pratiquante. Elle prie pour nous toutes." Là j'ai pleuré...
Bruxelles, j'étais en cours, et puis la prof a regardé tranquillement son portable, puis nous a dit en souriant "Excusez-moi, je ne regarde pas mon téléphone en cours d'habitude, j'ai un ami qui travaille à la Commission Européenne, il va bien". Elle a repris son cours, et moi j'ai passé le reste de l'heure a essayer de capter Internet sur mon portable.