J'ai beaucoup pleuré quand la maison de ma grand-mère a été vendue, c'était mon enfance qui s'envolait avec, parce qu'elle m'a élevée pendant une période, et cette maison était synonyme des meilleurs moments de mon enfance, les réunions de famille, les Pâques et les chasses aux oeufs, les Noël de malade, ma cabane dont le toit était en épines de pin, les violettes que je cueillais par centaines. C'était toujours une joie d'y aller en week-end ou d'y passer mes vacances. Ca a été très difficile, je me souviens qu'à la dernière visite j'avais arraché des bouts de papiers peints dans toutes les pièces pour les pouvoir les regarder... A chaque fois qu'on passe dans le coin on prend le temps de passer devant, et je pleure à chaque fois... Surtout quand je vois que les nouveaux propriétaires ont fait disparaître un tas de trucs (dont ma cabane).
J'ai aussi mal vécu le déménagement de mes parents après leur séparation, parce que j'y avais eu ma première chambre à moi (dans l'appartement d'avant je la partageais avec mon frère), décorée à mon goût, elle était super belle, bien placée, je pouvais sortir sur les toits, j'avais une super vue, et surtout, j'y ai vécu des choses très intenses. Ne plus avoir cette chambre, c'était aussi ne plus avoir de chambre du tout, c'était vraiment la fin, ça voulait dire que je coupais définitivement les ponts avec ma vie d'avant. Pour la dernière, j'ai pris une tonne de photo, j'ai respiré profondément son odeur, j'ai fait les cents pas pour entendre le parquet grincer une dernière fois, j'ai ouvert et fermé la porte plusieurs fois pour me souvenir du bruit de la serrure (je suis dingue), j'ai mis mes mains partout, je voulais me souvenir de tout.
Perdre ces endroits m'a vraiment marqué parce que ça signifait à chaque fois la fin d'un cycle, l'entrée dans l'adolescence puis la vie d'adulte, et c'est dur quand même, mais ça passe doucement avec le temps...