Avant d’entrer dans le vif du sujet et de vous laisser en tête à tête avec mon pavé (qui pourra servir de somnifère bio
), j’aimerais te dire
@Petite-Lumière que l’ouverture de poste comme le tien fait du bien! Non mais vraiment. Je ne te dis pas ça pour t’envoyer des fleurs, mais parce que lorsque l'on est constamment noyé sous un flot d’informations plus tragiques les unes que les autres, soumis à des images et des messages haineux/dégradants/intolérants/unautretrucsen « an » quasiment à longueur de journée, et bien constater que des personnes continuent de se questionner et surtout ouvrent la porte à la discussion cordiale, intelligente et bienveillante c’est une vraie bouffée d’air fais! Alors merci.
Finalement toutes tes questions englobent surtout une question de prise de conscience globale:
pourquoi, alors qu'aujourd’hui nous croulons sous les informations scientifiques attestant d’un déclin écologique dans les années à venir, nous continuons de foncer dans le mur et/ou avons tant de mal à changer nos habitudes de manière drastique?
Je trouve que "
L'allégorie de la grenouille" d'Olivier Clerc, met parfaitement en image cette situation et permet surtout de trouver des « solutions », ou du moins des alternatives.
"Imaginez une marmite remplie d'eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille.
Le feu est allumé sous la marmite, l'eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue à nager.La température continue à grimper. L'eau est maintenant chaude. C'est un peu plus que n'apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s'affole pas pour autant.
L'eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s'est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien.
La température continue de monter jusqu'au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir.
Si la même grenouille avait été plongée directement dans l'eau à 50°, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l'aurait éjectée aussitôt de la marmite."
Alors, morale de l'histoire..?
Voilà c'est un peu ça.
En fait, cette expérience montre que, lorsqu'un changement s'effectue d'une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite, la plupart du temps, aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte.
C'est exactement ce qui se produit dans la société où nous vivons. D’année en année, nous observons une constante dégradation de l'humanisme. Mais cette dérive que nous subissons est malheureusement suffisamment lente pour que personne, ou presque, ne s'en offusque, alors qu'elle reste
une dérive. Et c'est ainsi que notre civilisation s’enfonce dans l’obscurité spirituelle (ça ferait un super teaser, non?).
"Comment alors, ne pas succomber au piège du principe de la grenouille dans la marmite d’eau, de manière individuelle, comme collective?" vas tu me demander (si si regardes, tu me le demandes)
Face à ces dangers, Oliv' nous propose trois grandes pistes :
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Entraîner notre conscience : coup de bol, il semblerait que ça soit le propre de l'homme (mais si souviens toi, on a pas cessé de te le rabâcher en cours de philo. Entre deux sudokus, t'as forcément du entendre au moins une fois cette phrase). Notre pote Kant, va même jusqu'à dire que c'est un privilège, mais ça c’est une autre histoire (sans grenouille cette fois)
Ici Mr Clerc nous conseille juste de reprendre le contrôle de nos vies, par le biais de nos dires et de nos actes. Parce que non, en tant qu’humain, je ne contrôle pas tout,
Bref, abrutie par un excès de stimulations sensorielles, la conscience s’endort et
sans conscience nous devenons moins humain... Et il faut l'avouer, c'est un peu chiant (d’être humain sans ses caractéristiques, j'entends. Je ne suis pas en train de dire que c’est chiant de ne pas être humain, genre que mon chien il est trop dégouté de ne pas être un bipède et que ça doit être vraiment relou d’être un canidé.). Parce qu'être un humain c'est cool. Enfin..De temps en temps.
Donc redevenons des humains!
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Entraîner notre mémoire : Toutefois il insiste sur le fait qu'il est important de s'en servir, afin de percevoir des changements subtils de nos vies. Parce que la mémoire, elle permet de comparer, de discerner et au bout du compte de savoir quel est le meilleur chemin.
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Se servir de ces deux paramètres TOGETHER : Si la grenouille n'arrive pas à agir face à la lente augmentation de la température, c'est peut-être aussi parce qu'elle ne sait pas vraiment où elle en est et qu'elle n'a pas non plus les outils lui permettant d'agir en conséquence. Si elle avait eu un thermomètre, nul doute qu'elle aurait pu prendre conscience du danger.
D'où l'importance d'avoir des références solides (c'est ton thermomètre, ou plutôt ta mémoire), et des idéaux (c'est ta capacité à lire -> ce qui fait de toi un humain -> donc c'est la conscience dont on parlait tout à l'heure), pour pouvoir avancer sereinement dans la vie.
"Alors si vous n'êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuits, donnez le coup de patte salutaire avant qu'il ne soit trop tard." - Cimer Oliv’. Qui veut son premier coup de fouet sur le séant?
J’aurais pu résumer tout ça par la simple phrase:
« un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » (bon ok ça vient de Spiderman, mes références culturelles sont ce qu'elles sont). Je pense qu’il n’est même plus question de vouloir, ou de pouvoir, mais bien de devoir. Et comme nous ne sommes pas tous égaux (socialement parlant, comme au niveau de nos affectes) et bien nous pouvons aller chacun à notre rythme, en choisissant le chemin qui nous convient. Sachant que,
normalement, au bout du carrefour,
toutes les causes se rejoignent!
Alors après la notion de découragement.. On l’a tous. Fatalement. Parce que oui c'est essoufflant de retrouver un reflet hargneux quand on regarde dans le miroir que la société nous renvoie et qu’on est en droit de se demander s’il en sera toujours ainsi.
Ma foi, le bourdon voir l’accablement, ça fait partie de la vie, non? Le côté long fleuve tranquille, ça n’existe même pas dans les films! Mais ça n’est pas pour autant qu’on ne doit pas chercher à (re)trouver ce calme, cet apaisement dans nos vies. Enfin, moi je le vois comme tel: tendre vers plus de compréhension, plus de dialogues, plus de tolérance, plus de bienveillance et plus d’amour (et on pourrait même me traiter de bisounours que je le prendrai bien
!) malgré les tourments.
D’ailleurs, je pense très sincèrement (en tout cas c’était vérifiable de mon côté pour toutes les personnes avec qui j’en ai parlé), que la « prise de conscience » on la verrouille parfois un peu inconsciemment parce qu’on a peur/pas envie/pas la « foi » et encore moins la raison. En fait on en revient à ce que racontait Olivier: on se laisse un peu bercer tant que ça ne brule pas.
Alors
est-ce que c’est une attitude acceptable? Une fois de plus, la tolérance devrait être de mise.
@Carlawn l’évoquait très justement sur la
Veille Végé/Antispéciste : on n’a pas tous la chance, voir la simple possibilité de se poser ces questions parce que certains d’entres nous, encore trop nombreux malheureusement, sont en mode survie! Mais du coup, "chez les autres", oui ça
devrait impliquer une sorte de devoir.
Après je ne suis pas pour l’obligation et j’ai beaucoup du mal avec le fait de « motiver » les personnes à « éviter quelque chose de désagréable », ou à user de la peur/force pour les faire accomplir la tâche qu'une minorité aurait prédéfinie comme étant LA bonne. Personne n’en ressort gagnant et on abruti l’apprenant qui n’est pas acteur de son changement. En plus la peur du changement, les injonctions de « marche au pas, sinon tu n’auras rien », on les entend dans les discours sur l’emploi, la crise financière, l’austérité… Bref tous le temps et partout,alors qu'on voit bien que c'est un "modèle" de communication qui ne convient quasiment à personne. Alors que c'est pourtant en changeant de point de vue, en s’ouvrant à d’autres idées, en étant créatif et finalement en restant profondément humain, avec nos « âmes d’enfant » que l’on fait positivement évoluer les choses. En tout cas, c’est l’attitude que je tente d’appliquer dans mon quotidien: tendre vers plus de joie (ou tout autre renforcement positif)(merci l’éducation canine de m’avoir fait découvrir les lois de l’apprentissage
) et d’optimisme.
Mais ça n’est pas évident tous les jours, clairement.
Alors le meilleur moyen s’est de se trouver des petits « refuges », comme ce forum (les veilles en particulier), s’entourer de personnes qui nous font du bien et à qui on fait du bien en retour.
Et aussi jeter un oeil en arrière et se détacher des médias qui ont tendance à nous montrer une partie très sombre de notre monde, pour finir par se dire:
des gens avant moi ont continué, malgré ce sentiment, malgré les craintes et les douleurs de ne pas être compris comme ils l’aimeraient. Mais ils l’ont fait.
Une dernière pour la route?