Oula, je préviens direct, je ne sais pas encore quel sera la longueur de ce message.
Pourquoi j'écris ?
Hum question assez récurrente quand je parle du fait que j'écris. Je ne pense pas qu'il y est une réponse "fixe" à cette question. Tout dépend, je crois, de ce que j'écris. Il m'arrive d'écrire par envie, par besoin, par réflexe, par ennui, par dépit, par colère, par émotions en somme, par obligation aussi ça a été le cas (mais je ne suis plus à l'école). Entre nous, "Pourquoi ?" est ma question préférée, elle est universelle et s'adapte à quasiment toutes les situations ! C'est je dis la question "des enfants", quand petit.e.s iels demandent sans cesse "Pourquoi ?" et il faut la garder en grandissant. Mais revenons à l'écriture.
Je me demande régulièrement pourquoi j'écris, et les réponses varient tout aussi régulièrement, une seule idée est récurrente parmi toutes les autres, je ne me vois pas ne pas écrire. Je n'imagine pas ne pas écrire. Aussi loin que remontent mes souvenirs, l'écriture est à mes côtés. Et vivre sans me paraît périlleux pour moi.
Après les autres réponses se diversifient.
J'écris parce que je veux créer, des personnages, des mondes, des paysages, des intrigues, des univers, créer autre chose que ce qui existe, que ce que je connais, où en tout cas l'écrire à ma manière. Mettre mon grain de sel. J'écris pour que les histoires sortent de ma tête, qu'elles est une existence propre. En dehors de mon imagination et de mon esprit, qu'elles soient elles.
J'écris parce que je veux faire ressortir, sortir, quelque chose, de moi, de ce qui m'arrive ou m'est arrivé, extérioriser quelque chose.
J'écris parce que ça m'occupe, c'est une activité que je pratique pour m'occuper quand je ne sais pas quoi faire ou que je n'ai 'rien' à faire alors j'écris, comme parfois je lis ou tricote.
J'écris par réflexe. Et là ça dépend aussi. Parfois c'est un réflexe parce que je ne veux pas m'ennuyer, parfois c'est un réflexe parce qu'il suit ma routine, parfois c'est un réflexe lié à l'inspiration. L'inspiration surgit et j'y répond, j'écris. Parfois encore c'est un réflexe de survie. Irrépressible. Il faut que j'écrive. Il faut que je réponde à ce réflexe, si je ne peux pas le faire immédiatement mon humeur s'en trouve perturbée. Lors de cette écriture réflexe je me fiche de savoir avec/sur quoi j'écris je dois juste écrire.
J'écris par besoin. Par besoin de faire sortir une émotion, une sensation, quelque chose qui m'a plu ou déplu. Mais aussi par besoin de m'exprimer. Socialement je suis un cas. Je ne me sens pas à ma place, pas adaptée. Je ne sais pas parler. Je veux dire je peux parler, je sais parler, aligner sujet/verbe/complément pendant des heures mais ce n'est pas pour ça que j'arrive à parler, que je dis quelque chose. Alors j'écris. Comme l'a dit Marguerite Duras : "Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit." alors incapable de parler, j'écris. Ce n'est pas parce que je ne sais pas parler que je n'ai rien à dire. Ecrire c'est ma façon de parler, la façon la plus naturelle pour moi de parler. J'écris pour dire tout ce que mon oralité n'est pas capable de dire. A défaut de passer la barrière de mes lèvres, les mots passent la barrière de mes doigts. Et ça me fait un bien fou. Peu importe si personne n'entend, je l'ai écris, je l'ai dis.
J'écris par colère, par dépit, par tristesse souvent pour extérioriser, compenser une émotion trop forte, j'essaye aussi "d'égaliser" en écrivant pour les émotions positives, hyper contente, ravie…
J'écris par plaisir. (le meilleur pour la fin) Parce que tout simplement j'aime ça. J'aime voir les mots se former au fur et mesure du clavier, du crayon. J'aime regarder vivre mes histoires. J'aime regarder mes personnages prendre vie, avancer dans la vie, vivre leur vie comme iels l'entendent. Ils et elles me surprennent constamment et c'est toujours un plaisir de découvrir ce qu'elles et ils ont décidé de faire, quels choix, pourquoi, quand, comment ?! J'aime me relire et découvrir que j'ai complètement vrillé du "plan" de départ, que mes mains, mes persos, mes mots, le récit m'ont emmené ailleurs. J'aime dévoiler des histoires et j'aime qu'elles suscitent (pour le peu que je les fais lire) des émotions, des questionnements, des idées, des réflexions en somme.
J'aime jouer avec les mots, les associer, les dissocier, les rendre surprenants. J'aime les marier de façon inattendu. J'aime les faire rimer, les faire "chanter". J'aime qu'ils dansent sous ma plume, sous ma prose ou mes vers. J'aime jouer avec eux, certaine qu'ils ne me laisseront pas. Bien sûr parfois ils me manquent, c'est-à-dire que je manque d'eux pour exprimer ce que je veux, mais ce n'est pas grave parce qu'il y en a toujours à découvrir. La langue évolue. Toujours en évolution. Ancien ou nouveau les mots se mélangent et dansent. J'aime les voir danser.
Je crois avoir fais un tour de ce "Pourquoi écrivez-vous ?", il manque sûrement des raisons mais je crois que ce qui "ressort" c'est que mon écriture est quasi systématiquement liée à l'émotion, à l'envie et au besoin.
Envie et besoin étant intimement liés.
Si je devais résumer ce serait assez simple.
J'écris parce que j'aime ça.
Et comme un ami me l'a déjà dit, il " ne faut faire les choses que par plaisir.", ce qui après réflexion me semble logique. Et une bonne philosophie.
Je ne saurais dire si ce message est long ou court, mais il arrive à sa fin.
Et je ne sais comment le conclure, alors je reviens à mes premières amours, les citations.
"Ecrire, c'est s'exiler." Linda Lê / Entretien avec Catherine Argand - Avril 1999.
Et.
"Ecrire, c'est une façon de parler sans être interrompu." Jules Renard / Journal.