Je viens de finir Une éducation Libertine, de Jean-Baptiste Del Amo.
Tout de suite, j'ai été happée par la puanteur des rues de Paris au XVIII è siècle, la description est très précise, et tout de suite nous plonge dans les méandres et la misère. L'histoire ? Un jeune homme, Gaspard, fils de porcher, arrive de Quimper pour mieux vivre, pour se faire un nom et accéder aux hautes sphères de la société. Classique, vous me direz.
Oui mais non.
On erre en même temps que lui dans cette Paris puante et morbide, on découvre en même temps que lui ses penchants homosexuels, on se laisse troubler par ce mystérieux Comte de V., ce libertin pour qui, paraît-il, des femmes se tuent après son passage.
Puis l'obsession de ce visage pâle aux boucles brunes, sa longue recherche, déclenche en Gaspard cette envie, ce besoin de conquête, de s'arracher aux bas-fonds de la vie sur les berges de la Seine, monstre puant et porteur de mort.
Il fera tout pour y arriver, avant que sa jeunesse à Quimper ne le rattrape, ne le hante.
Jusqu'à la chute.
Cette histoire m'a prise aux tripes malgré quelques longueurs, et j'ai beaucoup aimé justement les descriptions, ce n'est pas du Balzac mais cela reste très précis, et les cinq sens sont mobilisés, ce qui fait qu'on est happés, comme Gaspard, par le ventre de Paris, avalé par lui. Le thème du ventre et du corps est très présent, dans une grande sensualité. Mais ce roman est surtout l'histoire d'une chute, l'histoire de la dépendance, de la fuite. Je ne peux pas en parler davantage sans dévoiler les moments clés et la fin, mais vraiment, je le recommande, quand je l'ai refermé, je n'ai su dire que "Wahou...", les yeux plein de larmes, et vouloir me pelotonner contre quelqu'un pour retrouver un peu de chaleur humaine.