Je ne sais pas ce qui me gêne le plus, l'amalgame avec les médias ou le terme "industrie culturelle". C'est peut-être un terme qui correspond à une réalité, mais cela témoigne du choix de ce point de vue, que je perçois comme néfaste au développement culturel, justement. Je ne sais plus avec qui, prof, collègue, pote ou mec d'une conférence, on parlait du fait qu'aujourd'hui, la culture était le seul secteur d'activité où la notion de rentabilité était absente et inapplicable. Ce parti pris me semble remettre ce constat en question. Le texte est quand même axé sur le "développement" des "industries de diffusion" et de "l'économie" du livre.
Cela dit, le texte est également axé sur les problématiques de développement de l'accès au livre, il me semble, ce qui me semble être positif. Ce n'est certes pas nécessairement valorisant, mais cela reste propice au développement culturel - et pas au seul développement économique.
Mais finalement, ce qui me gêne le plus, c'est que l'évocation du livre côtoie celle d'informations scientifiques et de services en ligne. Tout écrit équivaut donc à de l'information, quelle que soit sa nature. Je lis un recueil de poèmes comme je lirais le journal du matin. Je traite une publication sur la dernière expérience dans un accélérateur de particules comme je traiterais une fiction. Je n'arrive vraiment pas à saisir la réflexion qu'il y a derrière.
J'ai peut être manqué des étapes, mais les frontières semblent se flouter. Certes, tout livre n'est pas nécessairement une fiction. Tout article n'est pas nécessairement informatif. Qu'est-ce qui fait la différence entre un livre et une publication médiatique type magazine? La cohérence, l'homogénéité du contenu? Non, on trouve des recueils hétéroclites, et les articles de certains magazines se rassemblent autour d'une idée, d'une thématique commune. Le format, l'aspect, la taille? Certaines publications se confondraient avec des livres. Qu'est-ce qui fait la différence entre un numéro spécial d'un magazine qui rassemble les textes que n auteurs on écrit sur un thème précis, et un livre formé de ces mêmes textes? C'est une vraie question, je suis convaincue qu'il y a une différence fondamentale mais j'ai du mal à la saisir finalement, c'est moins évident que je ne le pensais. (l'argument de la temporalité me semble réduire la distinction à une simple affaire de vocabulaire et donc éluder tout ce que cette différence évoque, ce qu'on peut ressentir comme différence face à ces deux objets)