-Un jour, tu t?es dis : « Je lui inventerai un rêve. ». Tu voulais la voir heureuse, lui assurer que tout irait bien, toujours. Sa voix douce et tranquille que tu entendais dans ton sommeil, là était le plus important. Tu voulais qu?elle rit, qu?elle danse, qu?elle tangue dans son univers, tu voulais peindre des couleurs sur ses joues, embrasser son front de tes lèvres fraiches. Ses yeux voilés se sont posés sur toi, tu n?as rien vu de son obscurité, seulement la lumière après laquelle tu avais couru tant de temps sans jamais l?attraper. Elle te semblait frêle, tu voulais la réconforter. Tu l?aimais d?un amour sans faille. Elle était belle, sur elle, nulle empreinte de mains avant les tiennes. Elle était à toi, à toi seul. Alors tu eus peur, peur qu?un autre homme ne s?en approche, peur qu?il lui conte des miracles, peur qu?il lui promette un nouveau paradis. Elle était à toi ! Ton bel oiseau en cage, ta raison d?être que tu devais garder emmurée. Elle devint triste, tu ne le vis pas, ou si peu. La folie te guettait à chacun de ses mots. Elle était à toi, à toi, à toi? Il fut un jour où un homme prononça son nom. Parlait-t-il d?elle ? De quel droit ? Et la folie qui te guettait te prit. Tu te jetas sur lui, le maintenant au sol, et saisis un couteau. Et à chacune des fois où tu l?enfonçais dans son corps, tu répétais ta litanie sans fin : « A moi, à moi, à moi ! ».