Je suis contente qu'on parle du mal-être des étudiants, ça change par rapport à tous ceux qui nous désignent comme les "principaux vecteurs de contagion"!
C'est pourtant facile de constater que les étudiants font partie des catégories les plus affectée par la pandémie.
Sans blague, j'ai beau être très introvertie et solitaire de nature, je n'aurais jamais imaginé qu'un jour j'aurais vécu une année complète sans AUCUN contact physique ( même pas une bise, un serrage de main, une accolade)!
En en an, je peux compter les personnes avec qui j'ai parlé en face-à-face sur les doigts d'une main!
(bon il faut dire que je suis restée bloquée chez mes parents qui ne m'apprécient pas, dans un petit village de haute-montagne, sans permis. En plus je suis obligée de continuer à payer ma chambre étudiante à l'étranger). Après un an de confinement, force est de constater que j'ai beaucoup de choses sur le coeur, mais plus AUCUN ami.
D'ailleurs, je suis dégoûtée de voir certains partir en vacances se dorer le postérieur au soleil alors que je ne peux toujours pas rentrer chez moi ( en Ecosse, il faut payer une quarantaine de 2 semaines dans un hôtel de quarantaine, le coût représente plus de 2000 euros, donc seul les riches peuvent entrer sur le territoire).
Je suis loin d'être la seule et je trouve ça absolument désolant. L'isolement social a d'énormes conséquences sur la santé mentale ET physique (il est prouvé que cela augmente très fortement les risques cardiovasculaires, de diabète, etc...) De plus, nous sommes privés d'acquérir l'expérience de vie et l'expérience professionnelle que demande la vie d'adulte, et les employeurs, eux n'ont pas changé leurs critères d'embauche!
Pour beaucoup d'entre nous, la vie s'est réduite à un écran, en dehors duquel elle n'existe plus.
Et le pire, c'est tous les commentaires méprisants que j'entends au sujet des étudiants:
- ma soeur: "tu as trouvé la bonne planque, toujours chez papa-maman sans rien faire" (comme si j'avais le choix! )
-Mon père: " heureusement que c'était pas les jeunes d'aujourd'hui dans les tranchées (ben tiens, lui, il a grandi dans les années 70!)
La société est en train de se tirer une balle dans le pied en méprisant la santé des jeunes adultes et en favorisant le bien-être des actifs. Nos ressources et notre énergie pourraient être très utiles à la société, mais cette énergie est en train de fondre comme neige au soleil, et je pense que nous le paierons dans quelques années.
Je prends très au sérieux la dangerosité du coronavirus, et je respecte scrupuleusement les gestes barrières, mais j'ai une colère énorme contre cette société qui nous coupe les ailes.