Extrait du compte-rendu de l'audition d'Yves Bertrand, patron des Renseignements généraux entre 1992 et 2004, par la police, hier vendredi, publié par
FranceSoir :
"A priori, c’est n’est pas l’audition d’Yves Bertrand qui va aider à y voir clair. Juste avant d’être questionné par la BPM (brigade de protection des mineurs), il avait dit, en effet, à l’AFP : « Je ne donnerai aucun nom. » On notera qu’il n’avait pas dit : « Je ne sais rien. » De fait, Bertrand admet avoir mentionné « l’affaire de Marrakech » dans ses fameux « carnets », quotidiennement tenus et saisis par la justice dans le cadre de l’affaire Clearstream. « C’était, corrige-t-il, des rumeurs qui circulaient à l’époque. » Rumeurs qu’il a tout de même qualifiées vendredi de « persistantes ». Pour autant, « c’était une rumeur, et on en reste à la rumeur. Cela veut dire : rien de prouvé ». Il a, par ailleurs, indiqué qu’à l’époque de ces « rumeurs », le Premier ministre était Lionel Jospin (1997-2002) et le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant (août 2000-mai 2002). « Il se peut que j’ai rendu compte (de cette rumeur. NDLR), a poursuivi Yves Bertrand. Peut-être pas verbalement, mais par écrit. » Et l’ex-patron des RG, inimitable dans l’art de brouiller les pistes mais aussi d’en créer, d’ajouter : « Une rumeur, cela a toujours une signification. Quand on fait courir une rumeur sur quelqu’un, ça veut dire qu’il y a une arrière-pensée, qu’on veut le déstabiliser. »
Dans un "point de vu" publié par
LeMonde, Christian Blanckaert, écrivain et professeur à l'ESCP, auteur de "Roger Salengro, Chronique d'une calomnie" (Balland, 2004 et Michalon, 2009) a l'excellente idée de nous rappeler ces mots de Beaumarchais...
"D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine et rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil.
Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?" (Beaumarchais – Le Barbier de Séville, Acte II, Scène 8.)
Dans cette affaire, il faut guetter et rendre compte des faits et ne rien dire ou écrire qui puisse participer de la calomnie...