October Rain : encore une fois, analyser des oeuvres, ce n'est pas les discréditer. Si on suit ton raisonnement, les critiques littéraires, cinématographiques, musicaux, de l'image, etc, n'ont pas lieu d'exister. Ca me chagrine tout de même un peu, mais je ne peux pas m'exprimer plus clairement que je ne l'ai déjà fait.
Anourocéphale;2588915 a dit :
Je reviens poster :
Je ne suis pas du tout d'accord avec l'analyse qu'elle fait de True Grit. Elle oppose 3 arguments au fait que ce soit un film féministe :
- Il n'y a pas d'évolution psychologique du personnage : euh, so what ? C'est une constatation intéressante du point de vue cinématographique et scénaristique, mais je ne vois pas l'oppression du patriarcat là-dedans. Peut-être que je n'ai pas saisi quelque chose ?
-Mattie ne réfléchit pas à une autre solution que la vengeance et la mort de celui qui a tué son père : une fois de plus, quel est le rapport avec le féminisme ? En plus, on est dans un western qui se passe au XIX/XXème siècle
Mattie ne possède pas les traits caractéristiques à une femme, c'est en quelque sorte un personnage féminin en apparence, avec les traits de caractère d'un personnage masculin. C'est donc "une fausse femme" et il n'y a pas de célébration de la femme mais la célébration d'une femme qui se comporte comme un homme : pour moi, donner les traits de caractères d'un homme à une femme, même si c'est un peu grossier, cela montre que ces traits de caractères n'ont pas de genre, c'est donc anti-sexiste (un trait de caractère = un genre).
Elle voudrait qu'on célèbre les traits de caractères traditionnellement attribués aux femmes (émotivité, tendresse, réflexion, calme) dans des personnages féminins mais sans être sexiste. C'est totalement tiré par les cheveux et incompréhensible pour moi. Il faudrait faire une sorte de Barbie super-héros ? Je ne comprends plus rien.
Sois je ne suis pas assez intelligente, sois elle va un peu trop loin.
Je précise tout de suite que je n'ai pas vu
True Grit. C'est vrai que cette vidéo est un peu ambiguë. J'interprète son idée comme suit :
D'un côté, on a les caractéristiques dites féminines, qui sont dévaluées par notre société. De l'autre côté, on a les caractéristiques dites masculines, qui ont plus de valeur. Ainsi, pour créer de temps en temps un personnage féminin qui sorte du lot, on lui colle des valeurs connotées masculines (Matti Ross, Hit Girl, Black Mamba).
Anita Sarkeesian ne critique pas ces personnages. Elle dit juste qu'ils ne sont pas féministes. Par exemple, Matti Ross se fait une place dans la société pour elle, mais ne se dit pas que la société devrait changer pour donner une place à toutes les femmes.
Je ne sais pas si je suis claire ? En gros, ça me fait penser, dans la vraie vie, à ces "filles qui n'aiment pas les filles" : ce sont souvent des filles indépendantes et fortes, prétendument féministes, qui disent préférer les amis garçons aux amies filles. Et la plupart du temps, elles discréditent complètement les filles et leurs défauts. Au lieu de discréditer la société qui rend les filles comme ça. Elles ne sont pas dans une attitude solidaire, et ne sont féministes qu'à leur échelle propre. Elles adoptent les valeurs des garçons pour se détacher de l'univers stupide des filles.
Jusque là, pas de problème avec ces filles-là. Tant mieux si elles obtiennent une meilleure vie pour elles-mêmes. Mais elles n'ont pas l'attitude d'une militante féministe.
PS : A propos de la non évolution psychologique du personnage de Matti Ross, j'imagine qu'Anita Sarkeesian souhaiterait un personnage féminin entièrement développé, c'est-à-dire avec un passé, un présent et un futur, ce qui ferait d'elle un vrai être humain et pas un "type" de caractère (Bruce Willis, quand il sauve le monde, est le même à la fin qu'au début ; mais Frodon, à la fin de chaque tome/film, a vécu une nouvelle expérience qui a fait évoluer son moi).
Shield;2588946 a dit :
Je pense que certaines oeuvres un peu populaires réussissent néanmoins à passer ses tests et que ça serait de la mauvaise foi de leur refuser (par exemple A la croisée des mondes de Pullman dans la littérature enfantine, Six feet under dans les séries), même si au cinéma ça reste difficile, et même dans les gros best sellers. Peut-être qu'on aime avoir des schémas traditionnels, que ça nous rassure, et ça comprend les schémas genrés. Au niveau de la culture populaire, on est toujours attachés affectivement, parce que c'est une culture qui est liée pour nous à notre enfance.
J'ai lu
A la Croisée des Monde il y a un petit paquet d'années, mais d'après mon souvenir, c'est une trilogie réellement mixte. On a Lyra qui évolue dans un univers patriarcal qui est déjà rejeté lorsqu'elle joue avec les enfants de la rue, et qui va être remis en question par la suite des aventures. On a un pôle opposant masculin (l'oncle qui est fait le père si je me souviens bien) ainsi qu'un pôle opposant féminin (la mère). Dans les alliés de Lyra, outre l'ours superbe, on a un pilote de montgolfière (?) positif ainsi que son homologue féminin, une sorcière gentille ; tous deux sont des adjuvants. Le miroir de Lyra, c'est son meilleur ami qui est un garçon.
Il est extrêmement intéressant de voir comment Pullman (un homme !) a réussi à écrire une trilogie pour enfants, destinée aussi bien aux garçons qu'aux filles (peut-être même plus aux garçons ?) avec une petite fille comme personnage principal. Perso, j'adore ! C'est un coup de maître que J.K. Rowling n'a pas fait. Faire d'Hermione la meilleure amie du héros mâle est un choix éditorial plus sûr. Et pourtant la trilogie de Pullman a été un succès.