@narutita J'ai hésité à poster ce message, parce qu'il me semble clair que tu es ok avec le fait d'avoir eu une épisiotomie sans analgésie parce que ça t'a été justifié avec l'idée que c'était ce qu'il fallait pour bébé, et je ne veux pas remettre en question ton ressenti ou risquer de te faire mal vivre quelque chose que tu as bien vécu. Mais d'un autre côté, ça me gêne que d'autres gens puissent lire que ça peut être nécessaire, parce qu'on justifie beaucoup de choses qu'on fait au corps des femmes pendant la grossesse et l'accouchement par l'idée que c'est pour le bien du bébé, et ce n'est pas une attitude qui m'enchante, car j'y vois un gros potentiel de coercition, ou de justification de violences obstétriques.
Alors, certes, différents pays, différentes pratiques, différentes manières de voir les choses, mais personnellement ça me choque qu'on puisse considérer qu'il n'y a "pas le temps" pour l'analgésie. Pas de ta part hein, de la part des professionnels de santé qui visiblement donnent cette information et qui, j'imagine, croient tout à fait ce qu'ils disent (je n'imagine pas qu'ils couperaient des femmes à vif si ils pensaient qu'il y a une alternative).
Actuellement, les épisiotomies ne sont plus recommandées pour prévenir les déchirures périnéales (sauf pour prévenir les déchirures sévères en cas d'instrumentale/quand il y a un historique de déchirure sévère), donc leur principale indication est de faire sortir le bébé plus rapidement parce qu'on pense qu'il y a détresse fœtale (avec l'aide d'instruments ou pas). Personnellement, je n'ai eu à en faire qu'une seule fois, mais j'ai été présente de nombreuses fois pendant un forceps/une ventouse et quand j'étais étudiante il m'est arrivé (rarement) de voir une sage-femme en réaliser une hors du contexte d'une naissance instrumentale, et tout le monde a toujours, toujours, pris le temps de faire en sorte qu'il y ait une forme d'analgésie en action. Quand il n'y a pas de péri en place systématiquement soit on infiltre le périnée avec un anesthésique local avant de couper soit un docteur fait un bloc pudendal.
Comme
@LolitaFlor le dit, il est possible de faire une ventouse sans épisiotomie (un forceps aussi apparemment, mais jusque là je n'ai entendu que d'un obstétricien qui fait des forceps sans épisio), mais même quand l'épisio est indiquée et qu'on doit faire sortir le bébé là maintenant tout de suite, on
devrait avoir le temps de donner un anesthésique local. Je veux dire, généralement avant que lea obstétricien.ne prenne la décision qu'on va faire une instrumentale, on a une petite idée que ça arrive parce qu'on a bien vu que le bébé donne le signal de ne pas être en grande forme et que la naissance n'a pas l'air imminente. Ça prend 30 secondes de préparer l'anesthésique dans le fond de la salle pendant qu'iel discute de la nécessité d'une instrumentale avec la parturiente, et ensuite le temps que tout le matos soit préparé, la ventouse/le forceps soit mis en place et qu'on attende la contraction suivante pour commencer la procédure, on a le temps d'infiltrer le périnée ou de faire un bloc pudendal. J'ai du mal à imaginer une organisation du soin où on a ignoré un bébé en détresse pendant suffisamment longtemps et qu'il y a si peu de personnel qu'on a pas le temps de prendre une minute pour faire en sorte de prévenir la douleur de quelqu'un qu'on va couper.