_fadette;4139869 a dit :
Bon ce topic va ptêt faire un bide (tant pis hein!), peut-être que je suis un peu trop obsédée par la bouffe et que tout le monde n'est pas aussi ému par la description d'un cassoulet au détour d'un classique
Non, tu n'es pas seule !
J'espère que le topic ne va pas faire un bide, j'adore l'idée, j'essaie toujours de noter dans un coin les passages de livres qui donnent faim
.
Donc pour ma part il y a cet extrait de "Rebecca" de Daphne du Maurier que j'adore :
"Je rentre souriante et fraîche pour prendre ma part des menus rites de notre goûter. L'ordonnance n'en varie jamais. Deux toasts beurrés pour chacun et du thé de Chine. Sur ce balcon net, blanchi par des siècles de soleil, je songe à l'heure du thé de Manderley et à la table dressée devant la cheminée de la bibliothèque. La porte s'ouvrant toute grande à quatre heures et demie tapant et l'apparition du plateau d'argent, de la bouilloire, de la nappe blanche. Jasper repliait ses oreilles d'épagneul et feignait l'indifférence à l'arrivée des gâteaux. Quel déploiement de choses succulentes, mais comme nous mangions peu!
Je revois ces croissants luisants de beurre, le bord croustillant des toasts et les scones brûlants. Il y avait des sandwiches aux mystérieuses saveurs et un pain d’épice extraordinaire, un cake à l’angélique qui fondait dans la bouche, et un autre plus épais aux amandes et aux raisins. Il y avait assez de denrées pour assurer la subsistance de toute une famille une semaine durant. Je n’ai jamais su ce qu’on faisait des restes, et l’idée de ce gaspillage me tourmentait parfois. »
Ou encore la description du repas de noces dans "Madame Bovary" :
"C’était sous le hangar de la charretterie que la table était dressée. Il y avait dessus quatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots et, au milieu, un joli cochon de lait rôti, flanqué de quatre andouilles à l’oseille. Aux angles, se dressait l’eau-de-vie, dans des carafes. Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisse autour des bouchons et tous les verres, d’avance, avaient été remplis de vin jusqu’au bord. De grands plats de crème jaune, qui flottaient d’eux-mêmes au moindre choc de la table, présentaient, dessinés sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en arabesques de nonpareille. On avait été chercher un pâtissier à Yvetot pour les tourtes et les nougats. Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses ; et il apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. À la base, d’abord c’était un carré de carton bleu figurant un temple avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour dans des niches constellées d’étoiles en papier doré ; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d’oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confiture et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturelle, en guise de boules, au sommet."
Voilà voilà, maintenant j'ai faim !