Si vous voulez voir la nature belle et vierge comme une fiancée, allez là par un jour de printemps, si vous voulez calmer les plaies saignantes de votre c?ur, revenez-y par les derniers jours de l?automne ; au printemps, l?amour y bat des ailes à plein ciel, en automne on y songe à ceux qui ne sont plus. Le poumon malade y respire une bienfaisante fraîcheur, la vue s?y repose sur des touffes dorées qui communiquent à l?âme leurs paisibles douceurs. En ce moment, les moulins situés sur les chutes de l?Indre donnaient une voix à cette vallée frémissante, les peupliers se balançaient en riant, pas un nuage au ciel, les oiseaux chantaient, les cigales criaient, tout y était mélodie. Ne me demandez plus pourquoi j?aime la Touraine ? je ne l?aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert ; je l?aime comme un artiste aime l?art ; je l?aime moins que je ne vous aime, mais sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus.