J'ai été voir le film aujourd'hui après quelques déboires, et je suis toujours aussi stupéfaite de lire certaines aberrations à son sujet (tout comme au sujet des autres, d'ailleurs)... Il me semble totalement évident qu'une adaptation cinématographique ne peut combler le manque, tout simplement parce que tout lecteur possède sa propre idée de l'atmosphère, des personnages, du rendu de l'histoire. Les mots en sont pour moi la base pré-formée, le travail pré-mâché, et l'imagination fait le reste...
Or nos imaginations étant bien évidemment différentes, nos perceptions le sont donc tout autant, ne permettant pas par extension une appréciation partiale et objective de ce qui se fait sur l'écran. Je peux moi-même me considérer comme puriste pour avoir joué et interprété à l'écrit certains personnages, j'ai toujours possédé ma propre vision de HP durant toutes ces années où j'ai eu l'occasion de grandir en sa compagnie, et il me semble pourtant évident que ma propre réalisation hypothétique de cette oeuvre ne ferait pas le moins du monde l'unanimité. Parce que mon ressenti est plus que probablement différent de celui de ma voisine, aux mêmes mots, de la même page et du même tome. D'où le terme d'adaptation. Et sincèrement, payer une place de cinéma pour voir sur écran termes, gestes et situations en tous points identiques à ceux offerts par le livre ne posséderait - à mes yeux - pas le moindre intérêt. Puisqu'il n'y a ni découverte ni surprise, il serait alors infiniment plus rationnel de rester chez moi bien au chaud entre le monde magique de mes deux pages.
Pour ce qui est du film en lui-même, il m'a énormément touchée, plu et surprise, sans pour autant que cela soit donc significatif de la faiblesse de mes goûts cinématographiques ou de mon manque de connaissance / de fidélité envers l'oeuvre originelle.
Certaines choses ont bien évidemment été omises, d'autres raccourcies et d'autres enfin ajoutées, mais je trouve que l'ensemble a su rester parfaitement homogène et loyal à l'univers bien global. J'ai été par ailleurs étonnée d'y retrouver autant de petites touches pleines d'humour, des éclats de couleurs sur cet univers que je m'attendais à constater bien plus sombre. Il l'est effectivement car il est nécessaire qu'il le soit, mais certaines répliques ont su rester légères pour ne pas livrer au spectateur un format final trop oppressant. Avec justesse dans la mesure.
Ainsi, j'ai particulièrement apprécié la scène de la danse proposée par Harry, et je ne comprends sincèrement pas comment il est possible d'en rire (dans le sens de la moquerie, s'entend). Cet ajout est à mes yeux infiniment touchant, émouvant, et met bien en valeur toute la tendresse liant les deux personnages dans de telles circonstances. Comme la dit précédemment Dies, il ne s'agit que d'un moment de détente proposé par Harry à une Hermione au plus bas, une poudre légère le temps d'une chanson pour souffler sur la douleur du départ. Je serais d'ailleurs moi-même capable de réagir d'une façon similaire à la brutale constatation d'une telle tristesse, par envie de faire bien. Et effectivement, ils dansent tout deux de façon totalement gauche, et c'est précisément cela qui à mes yeux leur confère cette émotion de l'instant. Ils sont engoncés dans leur étroit pétrin, ne devraient pas prendre de bon temps dans ce schéma cauchemardesque, et pourtant... ils sourient, se détendent, pour ne pas imploser. Juste humain, en fait.
Ensuite, je dois avouer que je me suis trouvée (très) agréablement surprise de constater une (très) nette amélioration du jeu du trio, qui n'était alors pas particulièrement réputé pour prétendre à un futur Oscar (non qu'il le soit désormais, mais... passons.). J'ai tendance à me montrer le plus critique à ce sujet, et j'ai cette fois observé des émotions plus sincères, moins simulées, loin des larmoiements interminables d'Hermione ou des orbites parfois trop creuses de Harry. J'ai personnellement ressenti plus de justesse et moins de superflu dans ce qui était retransmis, et cela confère au film de très précieux galons à mon sens.
Ensuite, et plus en vrac... La "silver doe" était magnifique, la musique d'Alexandre Desplat totalement adéquate et sublime (ce pour quoi je possédais sans doute le plus de réticence, car il me semblait alors quasiment impossible de passer après John Williams, Patrick Doyle et surtout, surtout Nicolas Hooper), et le parti pris du conte stylisé et narré juste... épatant. Ce petit passage m'a - je l'avoue - émerveillée comme une gosse de 7 ans découvrant une histoire d'un genre inédit, aux silhouettes sombres et fluides sur fonds clairs bien tranchés.
Et la mort de Dobby... Je n'ai pas la moindre honte à écrire que j'ai commencé à sangloter comme il faut dès son "Dobby has no master, Dobby is a free elf. And Dobby has come to save Harry Potter and his friends." (Et à l'écrire j'ai d'ailleurs une boule dans la gorge, folle furieuse que je suis.)
Ce personnage a toujours énormément happé ma tendresse sans que je n'en sache trop la raison... Et à vrai dire, je n'ai pas cherché à comprendre, j'ai simplement pleuré. Beaucoup.
Cette adaptation m'a - enfin et surtout - principalement émue car dès les premières notes du thème principal, j'ai su qu'une partie de mon enfance s'envolait. L'avant-dernière fois visuelle de ce qui a été mon monde durant des années, ce qui m'a permis de grandir, d'évoluer, de rencontrer amis et fiancé... Je dois beaucoup à l'écrit, je ne peux donc me résoudre à détruire cet écran.
Et peu importe si je passe pour une illuminée trop à coeur.