J’ai épousé un détenu condamné à mort, voici mon quotidien de « prison wife »

[Alpha]

Il y a plein de choses qui me dérangent dans ce témoignage, mais le pire, c'est que je trouve ça vraiment...indécent, en fait. Lire qu'elle n'a "pas envie" d'affronter le nouveau procès, "pas envie d'écouter les témoins et les victimes", et ne parle que de son pauvre mari, ça me semble aberrant. Des gens sont morts d'une horrible façon, et non seulement ça ne semble pas compter pour elle, mais en plus, j'ai limite l'impression qu'elle est saoulée que ces gens soient morts et aient envoyé son mari en prison

 

[Ariel du Pays Imaginaire]

@Neverland90 : oui effectivement Monique a eu une correspondance avec Fourniret en prison avant de devenir sa femme mais vraiment ça ne paraît pas suffisant pour comparer. C'est très faible comme point commun et les circonstances sont hyper différente. Déjà le fait que ce soit pas par le biais d'une association je pense que c'est un mauvais signe. Et surtout le but n'était clairement pas le même et elle n'était pas correspondante pénitentiaire avant Fourniret... On voit que Sigrid avait des motivations liés à ses convictions personnelles avec lesquelles on peut être en désaccord mais en tout cas c'était quelqu'un d'engagé dans une démarche humaniste avant de tomber amoureuse. Et depuis elle l'a épousé... Ce qui n'est pas illégal en fait! Elle n'a jamais rien fait de mal elle. Alors que Monique Fourniret... Euh pardon on parle d'une criminelle abominable qui a participé à des meurtres et des viols sur mineures ! Elle a même utilisé sa grossesse pour attirer des victimes On ne pourra jamais savoir si ses intentions étaient criminelles à la base mais en tout cas ça n'a jamais été altruiste !
Le seul point où je te rejoins c'est que effectivement travailler ou faire du bénévolat auprès d'un public de condamnés-es ça doit être particulier et je pense qu'il faut un bon encadrement notamment psy. Malheureusement je suis pas sûre que Sigrid l'ait eu.

@Alpha : il y avait déjà eu des personnes qui avaient été choquées par ce passage à l'époque et la témoignante s'en est expliquée dans un com de la 1ere page. Je n'ose pas le citer car il est sous spoiler mais elle ne voulait pas dire qu'elle s'en foutait des victimes bien au contraire. Je te conseille d'aller le lire.

Je suis quand même un peu surprise des réactions sur ce forum qui est très féministe. J'ose pas imaginer ce que ça donne ailleurs... Ok le sujet est hyper touchy. Mais sur madz il y a quand même beaucoup de tentatives de déconstruction sur le fait qu'il faut arrêter de rendre responsable les femmes, des actes des hommes. Et on en est quand même encore à critiquer une femme qui n'a jamais rien fait de mal ni d'illégal sous prétexte qu'elle est tombée amoureuse. Comme si ça la rendait responsable des crimes potentiels faits par son mari

 

[Bobbie in the Sky]

Je suis assez d'accord avec le dernier commentaire d'@Ariel du Pays Imaginaire. J'ai l'impression que les commentaires lui prêtent des intentions qu'elle n'a pas et on peut aisément comprendre aussi la lourdeur psychologique d'une telle situation. Maintenant ce témoignage m'inspire plusieurs réflexions.
Déjà je suis un peu étonnée de la simplicité avec laquelle on peut correspondre avec des individus incarcérés, sans suivi particulier. J'entrevois déjà d'énormes dérives entre de très jeunes femmes et des individus manipulateurs. J'avais déjà entendu parler de ce phénomène d'attraction exercée sur les femmes par les criminels en prison. Il y a eu plusieurs cas célébres. Le dernier dont je me souviens est une femme qui a débuté une relation avec Nordhal Lelandais peu de temps avant son procès. Je ne pense pas que ce soit le cas de la témoignante car elle dit dans son premier témoignage avoir commencé son activité de correspondante dans un souci humaniste. Cela dit, je m'interroge sur le biais genré, pourquoi correspondre avec des hommes et non des femmes ?
Ensuite, je comprends la réaction de la famille, à la place d'une mère, d'une sœur, d'une cousine, d'une amie proche, bien sûr que je m'inquiéterai de cette situation qui est quand même très atypique. (Je trouve que c'est assez bien représenté dans le film L'innocent de Louis Garrel). Maintenant de là à couper les ponts, c'est justement le meilleur moyen pour perdre la personne pour laquelle on s'inquiète.
Et ma dernière remarque c'est que je souhaite à cette jeune femme de se construire une vie de femme pour elle. En lisant son témoignage, j'ai l'impression que ces dernières années, sa vie a beaucoup tourné autour de son compagnon devenu son mari : ses allers-retours entre la France et les États-Unis, son déménagement loin de sa famille, de ses amis etc. Au fond je pense que cet homme a eu beaucoup de chance car grâce à cette rencontre, il a pu vivre une vie qu'il était censé laisser derrière lui, même si je ne nie pas la dureté de ses conditions de détention. Mais j'ai aussi l'impression qu'elle ne se définit plus que par son statut de "femme de..." et je pense qu'elle a le droit d'être bien plus que ça.

 

[adita]

Perso ça me choque pas de tomber amoureuse de quelqu'un qui a commis des actes répréhensibles, que ça soit après ou avant la rencontre. C'est la vie ça arrive.
Bon après vu le stress que c'est de connaître quelqu'un d'incarcéré j'avoue que perso je me rajouterai pas volontairement cette charge mentale.

ce qui m'interroge, mais pas que dans le cas de la madz parce que c'est loin d'être la seule, c'est pourquoi correspondre avec un condamné à mort étatsunien.
Le choix il est clairement pas neutre et dans les trois composantes du terme: un donc choisir spécifiquement un homme, choisir un condamné à mort, donc potentiellement crime assez hard, et ensuite quelqu'un qui vit à un océan de là.
Après je sais que pour les correspondances aux US on peut choisir sur photos, ce que je trouve giga malsain, ça doit jouer dans les choix de correspondances...
Y'a tout un tas d'autres condamnés avec qui on peut correspondre donc ce choix spécifique ça interroge forcement.

Et quand on sait que les femmes emprisonnées deviennent souvent très isolées avec la détention (les mères, soeurs, femmes de détenus hommes ne les lâcheront quasiment jamais: visites, soutiens, malgré toute la charge émotionnelle), les familles des femmes détenues vont très souvent prendre beaucoup de distance, et je parle même pas des conjoints

 

[Arsinoée]

Et quand on sait que les femmes emprisonnées deviennent souvent très isolées avec la détention (les mères, soeurs, femmes de détenus hommes ne les lâcheront quasiment jamais: visites, soutiens, malgré toute la charge émotionnelle), les familles des femmes détenues vont très souvent prendre beaucoup de distance, et je parle même pas des conjoints

Moui alors non. C'est pas si binaire ni stéréotypé. Les détenus hommes isolés sont légions d'où le recours aux asso type GENEPI (enfin, du temps où cette asso n'avait pas été grangréné par un petit groupe d'imbécile) ou visiteur/correspondant de prison. Hommes comme femme détenus peuvent être isolés de leurs familles parce que... leurs parcours de vie. Pour les femmes, l'isolement peut-être aggravé/provoqué par la distance, sans qu'il y ai volonté des proches de couper les ponts. Le pourcentage de femmes détenus est extrêmement faible comparé aux hommes, il y a donc peu de quartiers femmes ou d'établissement spécialement pour femme. Il y a donc souvent une grande distance entre le lieux de détention et le lieux de vie de la détenue et/ou de sa famille (en plus des contraintes qu'on retrouve habituellement quand on s’intéresse à la question des visites familiales).
Si les femmes sont mères, il y aura beaucoup plus souvent des professionnels qui prendront le relais pour accompagner les enfants aux parloirs que pour les pères.
Il y a également des asso qui s'occupe spécifiquement des détenues femmes avec intervention hors ou dans les murs.

Le déséquilibre énorme entre détenus femmes et hommes rend impossible de généraliser les problématiques/causes/ect des uns versus les autres.

 

[Neverland90]

C'est un fait que les gens se préoccupent moins des femmes détenues, même si elles sont moins nombreuses.
Ça a toujours été le cas.
Quand je vois effectivement des femmes qui soit disant se préoccupent du traitement des détenus en France mais que lorsqu'il s'agit d'hommes (comme la Madz de l'article)pour moi, c'est déjà bizarre.
Surtout qu'il y a aussi les mineurs dans la problématique.

 

[Alpha]

@Ariel du Pays Imaginaire
Oui, j'avais lu tous les commentaires de la Madz à l'époque où cet article était sorti pour la première fois, mais ça me perturbe toujours. Je trouve ça perturbant que les précisions sur son empathie pour les victimes soit dans les commentaires, parce qu'on lui a fait remarquer donc, et pas dans le témoignage initial.
Après, je sais que je suis biaisée sur ce sujet !
TW crimes/suicide

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