@Soeur_mourir parce que j'ai trouvé ton commentaire très chouette et que je voulais aussi rebondir sur les messages multiples s'étonnant de la pression ressentie...
Effectivement, cela dépend vraiment du milieu dans lequel on gravite.
J'ai 33 ans et je répète depuis que je suis sexuellement active et que donc les risques existent, que je ne veux pas et ne voudrait jamais d'enfants.
Mon milieu familial est de ceux que Le Point qualifierait de intello-gaucho-féministe. Mes parents n'ont jamais été mariés, se sont séparés quand j'avais 2 ans et ne voulaient même pas spécialement d'enfants du tout. J'ai un frère de 8 ans de plus que moi, arrivé un peu par hasard, et je suis arrivée sur le tard et par accident, résultant d'un stérilet défectueux...
J'ai subi une IVG quand j'avais la vingtaine et quand je l'ai dit à ma mère, elle l'a pris, en bonne féministe soixante-huitarde, comme un évènement malheureusement intrasèque à la vie d'une personne dotée d'utérus, tout en me soutenant bien évidemment.
Pour vous planter le décor.
Personne, ni ma mère, ni mon père, ni mon frère (lui-même marié et père de 3 enfants et qui à la base en voulait encore plus mais sa femme a mis le holà) n'ont JAMAIS posé aucune question sur mon envie (ou non) d'avoir des enfants.
Idem pour mes amis, qui ont pourtant tous.toutes 1 ou plusieurs enfants.
Il n'y a guère que la mère de ma belle-soeur (famille plus proche des "valeurs" du Point par contre
) pour avoir une fois oser poser cette question. Vu ma réponse fort peu aimable elle ne s'y est plus jamais risqué, mais c'est déjà terriblement indiscret en soi.
Par contre, mes entourages pro... d'abord evidemment dans l'animation rurale (oui parce qu'en vrai, j'aime bien les enfants en plus, c'est "simplement" que je ne veux pas être mère) puis classe populaire à moyenne rurale dans un emploi administratif... Ah ben là, j'en ai entendu de mes 23 à aujourd'hui, où ça se calme à force de marteler en en faisant des tonnes (puisque c'est souvent malheureusement nécessaire pour obtenir la paix). "Tu dis ça parce que t'es jeune, tu verras dans 5 ans !" (avec le regard de connivence avec l'autre qui va bien) "T'as le temps de changer" puis, au fir et à mesure que le temps avance : les "Ah bon ? Et pourquoi ?" (mais mèle-toi de tes fesses en fait), "Ah ben chacun ses choix, mais quel dommage !" etc... Aujourd'hui, mes collègue plus âgées qui ont des soucis avec leurs enfants devenus grands commencent à me dire des "Au fond c'est toi qui a raison, parce que bonjour les soucis !" Je pense que c'est le mieux que je pourrais obtenir. C'est pas top, mais c'est une forme d'acceptation...
Donc pendant 10 ans, j'ai subi effectivement cette pression, infantilisante et juste hyper intrusive, à devoir me justifier, limite pire que mon végétarisme...
Et je sais que si je change de boulot par exemple, ça va être à nouveau hyper relou car les personnes ne se seront pas faites à l'idée, et encore pire à mesure qu'on approche de la quarantaine, dernière date de péremption de notre valeur reproductive... Et encore après, où l'on va nous dire qu'on a rien fait de notre vie car on n'a pas enfanté, "mais qui va prendre soin de toi quand tu seras vieille", etc... etc... Bref c'est jamais fini en fait...
Et je ne parle pas des multiples entretiens d'embauche où la question revient systématiquement et discrimine les candidates... [EDIT : oui, parce cette question on ne la pose qu'aux femmes]