ACTA représente à ce jour la plus grosse menace planant sur l'internet libre :
* il est négocié dans un déni total de la démocratie (pas d'informations aux citoyens, une volonté d'accélerer le processus de ratification pour empêcher une protestation, une négociation et non une discussion, aucune transparence, et surtout l'implication d'industriels dans les négociateurs)
* il porte atteinte aux libertés : en donnant aux FAI le rôle de police parallèle, vos données privées pourront être examinées à votre insu et votre accord, vos appareils fouillés au frontières (même dans l'UE), et enfin, les FAI pourront également instaurer des filtres afin d'empêcher la diffusion de certaines informations (genre, dire qu'on est pas d'accord envers telle ou telle loi....) De plus, les sanctions sont disproportionnées, et le système se passe du contrôle judiciaire en faisant directement remonter les affaires jusqu'aux entreprises considérées comme lésées, et qui pourront décider de vous punir ou non (exemple : vous envoyez par mail une vidéo d'une soirée privée, durant laquelle était diffusée de la musique copyrightée. Si les FAI le découvre, ils peuvent contacter la maison de disques pour les prévenir et leur demander s'ils souhaitent vous sanctionner)
* il porte atteinte à la libre circulation de l'information et de la connaissance : les industriels pourront choisir de limiter la diffusion des brevets des médicaments génériques ainsi que des semences agricoles dans les pays en voie de développement (et ne bénéficiant pas de protection comme en Europe sur le sujet), permettant ainsi l'instauration d'un monopole des grands groupes agricoles et pharmaceutiques. A terme, ACTA pourrait également mettre en péril les logiciels libres, ainsi que les contenus open sources (et je ne parle pas de site tels que Wikipédia...) Et puis, faut pas se leurrer : l'argent gagné ne rentrera pas dans les poches des artistes, mais de ceux qui les emploient.
La question va bien au delà de la question du téléchargement illégal. Il s'agit du respect de nos droits et de nos libertés (informatiques ou pas), d'autant que, et ça les gens ont du mal à le comprendre, TOUT LE MONDE EST CONCERNE. Même ceux qui ne téléchargent jamais rien "d'illégal".
Internet doit rester un espace neutre et décentralisé. La volonté de vouloir le "civiliser" ne servirait que les industriels et les politiques, car, comme toujours, tout n'est qu'une question de gros sous.
Bien entendu, ls notions de copyright (très américaine) et de droit d'auteur (européenne et même très française) doit évoluer, car elle n'est plus adaptée aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Mais cela sous entend une refonte totale de notre système d'industrie culturelle, en remettant le consommateur au centre des préoccupations, au lieu de ne penser qu'au profit (et cela vaut également pour la problématique des médicaments génériques et des semences : penser au bien être des populations plutôt qu'au fric)
En tant que future professionnelle de l'information, je suis extrêmement préoccupée par ce texte, et surtout par le silence qui l'entoure dans les médias traditionnels (et je ne parle pas de ma propre formation : j'ai fini par accrocher des tracts un peu partout, parce que *personne* n'en parlait). Je suis allé manifester samedi dans ma ville, et beaucoup de gens ne se sentaient pas concernés, parce que "je n'ai rien à me reprocher", et "mais tout ça, c'est pour favoriser le téléchargement illégal, non ?". Et on a beau leur expliquer que si le texte passe, ça équivaudra à avoir un douanier dans leur salon, ça passe pas.
Donc il faut signer les pétitions (notamment chez Avaaz.org), contacter le Parlement Européen (via le formulaire de "pétition" => il ne s'agit pas de créer un texte à faire signer, mais d'envoyer un message pour protester), aller au manif, et surtout, en parler autour de soi, pour sensibiliser son entourage.
Des sites comme MadmoiZelle pourraient se retrouver coincés avec un texte comme ACTA.
Quelques petits liens utiles :
Le Parti Pirate
Le formulaire du Parlement Européen
Le dossier monté par "La Quadrature du Net", avec plein d'infos utiles
Et surtout, rappelez vous : protester contre ACTA ne veut pas dire que vous avez quelque chose à vous reprocher. Vous exercez votre droit individuel à contester (surtout que ce texte est négocié à votre insu et derrière votre dos....), c'est inscrit dans notre Constitution et celle de l'UE. Personne ne viendra vous arrêter ou vous emmerder parce que vous avez pétitionné le Parlement Européen, ou parce que vous avez signé une pétition, ou participé à une manif. Nous sommes en démocratie, nous avons le droit de dire que nous ne sommes pas d'accord (alors usons et abusons de ce droit. "Indignez vous", comme disait l'autre ;P)