Elle s'est levée, a regardé sa robe dans le miroir, puis elle a fermé la porte à clé. Il dormait encore.
Elle descendit les marches à pas feutrés, comme un souvenir qui s'estompe déjà.
Un dernier coup d'œil dans le miroir éclaté du vestibule. La couleur de sa robe s'y éparpillait en fragments, le vert d'une jalousie qui avait pulvérisé le prisme des possibles. Elle savoura la portée du symbole, puis s'arrêta à l'entrée du couloir qui la mènerait enfin à la liberté. Il lui sembla qu'il s'étirait devant elle, tel un espoir qu'on laisse planer en suspens. Un espoir, ou plutôt une menace. Elle se décida à s'y engager, prudente mais déterminée, le regard toujours fixé sur les volants de sa robe qui virevoltaient.
Elle avait toujours eu le cœur en fariboles, mais cette fois-ci elle avait vu juste, elle le savait. Il allait la quitter, partir pour une autre comme tous ceux avant lui, et alors la mousseline verte qui recouvrait son corps ne servirait plus qu'à dissimuler les bleus de son cœur. Cette fois-ci, elle prenait les devants. Les autres lâches lui avaient trop balafré l'âme ; il paierait pour eux. Un peu injuste, mais elle avait bien mérité sa revanche. Pour une fois, une fois au moins, elle pouvait dire qu'à défaut d’avoir réussi sa romance, elle en avait maîtrisé le point final avec grâce, marchant en dansant presque vers la porte de sortie.
En posant la main sur la poignée, elle eut soudain la bouche sèche ; sèche d'avoir trop aimé, assurément. Comme pour se donner du courage, elle déglutit et tira la porte. Le tissu vert tournoya une dernière fois alors qu'elle s'engouffrait dans le courant d'air du dehors.
Il ouvrit les yeux et se retourna dans le lit à moitié vide. Il se souvint qu'on était dimanche, elle avait dû partir acheter les croissants.
Dimanche !
Se rappelant l’importance de la date, il se leva en sursaut et alla ouvrir le tiroir du bas de la commode, celui qui lui était réservé. Un sourire aux lèvres, il extirpa la petite boîte recouverte de velours noir, l'ouvrit, et admira les reflets verts des émeraudes incrustées dans la bague de fiançailles.
Elle descendit les marches à pas feutrés, comme un souvenir qui s'estompe déjà.
Un dernier coup d'œil dans le miroir éclaté du vestibule. La couleur de sa robe s'y éparpillait en fragments, le vert d'une jalousie qui avait pulvérisé le prisme des possibles. Elle savoura la portée du symbole, puis s'arrêta à l'entrée du couloir qui la mènerait enfin à la liberté. Il lui sembla qu'il s'étirait devant elle, tel un espoir qu'on laisse planer en suspens. Un espoir, ou plutôt une menace. Elle se décida à s'y engager, prudente mais déterminée, le regard toujours fixé sur les volants de sa robe qui virevoltaient.
Elle avait toujours eu le cœur en fariboles, mais cette fois-ci elle avait vu juste, elle le savait. Il allait la quitter, partir pour une autre comme tous ceux avant lui, et alors la mousseline verte qui recouvrait son corps ne servirait plus qu'à dissimuler les bleus de son cœur. Cette fois-ci, elle prenait les devants. Les autres lâches lui avaient trop balafré l'âme ; il paierait pour eux. Un peu injuste, mais elle avait bien mérité sa revanche. Pour une fois, une fois au moins, elle pouvait dire qu'à défaut d’avoir réussi sa romance, elle en avait maîtrisé le point final avec grâce, marchant en dansant presque vers la porte de sortie.
En posant la main sur la poignée, elle eut soudain la bouche sèche ; sèche d'avoir trop aimé, assurément. Comme pour se donner du courage, elle déglutit et tira la porte. Le tissu vert tournoya une dernière fois alors qu'elle s'engouffrait dans le courant d'air du dehors.
Il ouvrit les yeux et se retourna dans le lit à moitié vide. Il se souvint qu'on était dimanche, elle avait dû partir acheter les croissants.
Dimanche !
Se rappelant l’importance de la date, il se leva en sursaut et alla ouvrir le tiroir du bas de la commode, celui qui lui était réservé. Un sourire aux lèvres, il extirpa la petite boîte recouverte de velours noir, l'ouvrit, et admira les reflets verts des émeraudes incrustées dans la bague de fiançailles.