Téléphonie mobile : ce que Free ne vous a pas dit
Le Point.fr - Publié le 12/01/2012 à 17:59 - Modifié le 13/01/2012 à 12:03
L'emballement autour du nouvel opérateur mobile ne doit pas faire oublier que tout n'est pas rose dans ses offres.
Avec
ses deux forfaits lancés mardi, Free Mobile va révolutionner le marché de la téléphonie mobile au bénéfice du consommateur : c'est incontestable. Mais aussi alléchants que soient les tarifs (de
2 euros à
19,99 euros par mois), il reste certains points noirs ou interrogations à prendre en compte avant toute migration, comme le soulignent sans relâche les malheureux concurrents, mais aussi l'UFC-Que choisir. Voici une liste qui permet de peser le pour... sans oublier le contre.
- Le débit internet mobile. Si Free Mobile promet de la 3G, impossible de savoir ce qu'il en sera réellement. La cible très technophile de l'opérateur ne se contentera pas de peu, et il est donc très probable que le réseau "propre" que Free déploie actuellement sera performant. Mais le problème est ailleurs : pour compenser sa couverture encore partielle de la population (environ 30 %), le nouvel entrant s'appuie sur Orange avec qui il a signé un accord d'itinérance d'un milliard d'euros. Les abonnés qui devront passer par les antennes-relais d'Orange pourraient être déçus si l'opérateur historique privilégie ses propres clients, ou si Free n'a pas payé suffisamment. En effet, aucun détail n'a été donné sur la disponibilité de la 3G+ ou de la seule 3G. Idem pour la disponibilité de la technologie EDGE, certes un peu ancienne, mais parfois unique moyen d'accéder à l'Internet mobile, dans le métro par exemple. Sollicité, Free précise qu'Orange s'est contractuellement engagé à ne pas faire de discrimination. Reste qu'Orange a aussi pris cet engagement avec Virgin Mobile (utilisateur du réseau Orange), et ses clients souffrent de lenteurs de connexion. Quoi qu'il en soit, le nouvel opérateur a obligation de couvrir 75 % de la population avec son propre réseau au plus tard en janvier 2015.
- Le dépôt de garantie de 200 euros, parfois obligatoire. Les
conditions générales de vente prévoient un dépôt de garantie de 200 euros "en cas de paiement par un autre mode de paiement que le prélèvement automatique sur compte bancaire (Rib), d'inscription incomplète (liste des pièces sur le mobile.free.fr), d'incident ou de retard de paiement, ou d'inscription au fichier Préventel ou de chèque déclaré irrégulier par le Fichier national des chèques irréguliers". Une mesure tout à fait légale et utilisée par d'autres opérateurs, qui pénalise beaucoup les clients les moins aisés.
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Dix euros pour un courrier. L'envoi de la carte SIM peut être facturé dix euros, pour les souscriptions au forfait illimité sans portabilité du numéro, ou en passant par un autre moyen que le site de Free Mobile, ainsi que pour les souscriptions au forfait à deux euros sans portabilité du numéro. L'équivalent, donc, de cinq mois d'abonnement à deux euros juste pour obtenir la carte SIM par courrier. Les frais d'envoi peuvent atteindre 15 euros dans certains cas d'acquisition simultanée d'un mobile (voir
conditions générales).
- Le service clients. Pas vraiment réputé pour son service après-vente, Free ne part pas avec de bons a priorisur ce terrain. Une prestation qu'il conviendra évidemment de juger sur pièce, et de comparer avec des concurrents qui ne font pas non plus des prouesses. L'ouverture à venir d'environ 200 boutiques physiques, promise par Free, pourrait améliorer sensiblement le service si elles prennent en charge une partie de l'assistance.
- L'acceptation du dossier de crédit. Free Mobile propose une formule innovante pour financer l'achat du mobile, en partenariat avec un organisme de financement. L'opérateur se libère ainsi de la charge du crédit mais perd le contrôle sur le traitement des dossiers. L'organisme peut donc refuser l'étalement du paiement à un client qui a souscrit son forfait chez Free Mobile. L'offre de financement est "consentie sous réserve d'acceptation par CA Consumer Finance", précise Free dans les petits caractères.
- Les limites de l'illimité. Free Mobile ne précise pas à partir de quelle consommation d'appels téléphoniques il commencera à brider ou à couper un abonnement. Comme pour ses offres illimitées en téléphonie fixe, il faudra respecter une "utilisation raisonnable" qui n'est pas clairement définie. L'expérience montre que Free se contente de punir l'utilisation abusive de ses offres illimitées, par des magasins ou des particuliers qui revendent des communications. Du côté de l'Internet mobile, la limite est fixée à 3 gigaoctets de données par mois au-delà desquels le débit est bridé : c'est plutôt confortable. Enfin, pour les SMS et MMS illimités, il ne faut pas dépasser dix destinataires par envoi. Cela devrait créer de mauvaises surprises, les soirs de nouvel an par exemple, où nombreux sont ceux qui envoient leurs voeux de façon groupée.