Les méthodes sécuritaires rapportent forcément des fruits : si on met
toute la France en prison, logiquement il y aura beaucoup moins d'attentats. Si on met
toute la population française sur écoute, on va sûrement éviter plein de crimes. Si on arrête
tous les hommes dans la rue, on va probablement empêcher pas mal de violence. Sauf que ce n'est pas vers des restrictions de liberté pour
tou-t-es les français-e-s qu'on s'achemine, sinon là il y aurait un vrai blocage de la population, et aucun-e député-e n'aurait voté cette prolongation (parce que bon derrière il/elle/s ont bien capté que si ils n'emboîtaient pas le pas du glissement sécuritaire, il/elle/s -ou leurs partis- allaient se faire tacler aux régionales), ce sont des restrictions de libertés de groupes de français-e-s bien précis, qui ne sont pas représenté-e-s politiquement (paye ton assemblée nationale bien blanche), et qui sont sont déjà victimes de harcelement policier.
Moi perso que les flics aient des flingues hors service, ça ne me fait pas peur. Pour une raison très simple : la dernière fois qu'on m'a contrôlé, ça devait être il y a 3 ou 4 ans. C'était en voiture, le flic m'a fait baisser ma vitre, m'a demandé mes papiers, et le temps que je les sorte m'a dit qu'en fait c'était bon je pouvais y aller. Jamais de ma vie je n'ai vécu de contrôle d'identité, jamais on ne m'a plaqué contre le mur pour me fouiller, dans les couloirs du métro ou dans la rue, simplement parce que la couleur de ma peau ne revenait pas à un-e policier-e. Aucun-e blanc-he n'a peur de se faire tuer par un flic, à moins qu'il/elle ne soit effectivement un criminel. Il y a quelques jours, on apprenait que les policiers responsables de la mort d'un homme noir pendant sa garde à vue, interpellé début mars à Paris
parce qu'il tenait des propos incohérents (nan mais, quand est-ce qu'on a arrêté un-e blanc-he parce qu'il/elle tenait des propos incohérents ?? au pire on appelle le SAMU), ont bénéficié d'un non-lieu.
https://paris-luttes.info/non-lieu-pour-les-flics-qui-ont-4164
En ça, les débats qui ont lieu et l'acceptation générale de la population, des politiques, des chroniqueurs,
ne sont pas complets ni honnêtes.
De 1 : parce que l'on nous présente les bénéfices des mesures prises (les perquisitions, les arrestations, la mort -je comprends pas trop en quoi c'est un bénéfice mais bon- de terroristes présumés en France ou en Syrie), sans jamais mettre en face les coûts. Coûts qui sont plus élevés si tu es identifiable physiquement comme arabe, si tu es musulman-e, si tu fréquentes une mosquée, etc.
De 2 : parce qu'on nous répète que les français-e-s sont prêt-e-s à sacrifier certaines
de leurs libertés au profit de la sécurité, quand en réalité, ce ne sont pas les libertés de
tou-te-s les franças-e-s qui vont être sacrifiées mais bien d'une partie. Autrement dit : on va sacrifier les libertés des noirs et des arabes pour se sentir plus en sécurité.
Dans le même temps où nous (les blanc-he-s) nous gargarisons de notre tolérance, et de notre refus des amalgames, via moult vidéos youtubes et happenings, nous laissons s'accentuer la violence d'État contre les français-e-s musulman-e-s, les français-e-s noir-e-s et arabes : tolérance de façade qui ne se traduit pas politiquement.
(edit) Notons aussi qu'aux USA, les lois antiterroristes et le Patriot Act ont bien plus servi à d'autres choses qu'à arrêter des terroristes (je ne retrouve plus le lien avec les statistiques là).
(edit2) Ah voilà j'ai retrouvé :
PATRIOT Act Warrants Used More For Drugs Than For Terrorism (
http://www.motherjones.com/kevin-drum/2014/10/patriot-act-warrants-used-more-drugs-terrorism)