@Kiem effectivement, article édifiant et terrifiant. Je cite :
Ce gigantesque coup de filet sert donc aussi à faire tomber des délinquants sans rapport avec les réseaux islamistes.
Donc on met en place des mesures d'exceptions pour une situation d'exception qui servent au final à traiter autre chose que cette situation d'exception. Si je reprends l'article que j'avais posté sur le Patriot Act :
Sauf qu'il y a des raisons pour lesquelles les procédures judiciaires existent dans notre état de droits : pour garantir les droits des citoyen-ne-s, justement, pour éviter les bavures, pour ne pas ajouter de l'injustice à l'injustice et être tout aussi criminel-le-s que celleux qu'on arrêtent. Et même les terroristes méritent un procès. Et même si notre justice n'est pas du tout parfaite et reste traversée par le racisme, le sexisme et autres rapports oppressifs. Parce que l'alternative c'est que les policiers prennent la place des juges, c'est que la société civile n'intervienne même plus dans le processus judiciaire (comme le font les jurés, issus de la population). Bref, plus aucune protection et la porte grande ouverte aux bavures (qui existent déjà), et surtout à la couverture de bavures.
En culture pop ça correspond à Judge Dredd, et ça fait peur.
Cette partie est particulièrement terrifiante pour moi :
C’était d’ailleurs l’ambition clairement affichée par Didier Guillaume, président du groupe socialiste au Sénat, lundi après-midi au Congrès. « Profitons de ce moment pour nettoyer la France, et certains territoires de France qui sont attaqués ! », a réclamé le sénateur de la Drôme, qui soutient une réforme de la loi de 1955 sur l’état d’urgence pour améliorer le contrôle des nouveaux moyens de télécommunication.
Ça vous rappelle pas une histoire de Kärcher ?
(edit) rappelons-nous aussi les injustices, les bavures, avec l'accord des autorités, dans un silence presque assourdissant de la communauté occidentale, de Guantanamo et d'Abou Graib. Bavures et injustices qui, on le sait maintenant, sont des éléments centraux dans la radicalisation des recrues de Daesh (on en parlait sur le topic de decryptage de Daesh dans les questions pas si cons, autour de la question du "comment en arrive-t-on à rejoindre Daesh"). L'état d'injustice qu'on est en train de créer et les mesures d'exceptions, hors-droit, ne me rappellent que trop bien ces évènements. Guantanamo en particulier, c'est les mesures d'exceptions pour faire face à une situation d'exception, dans une opacité totale. Je cite wikipédia :
Et nous ? On va aussi se mettre à juger les mineur-e-s comme les adultes ? Après tout, si ce sont des barbares, des terroristes, il/elle/s le méritent peut-être, non ? Un monstre ne mérite pas la clémence ou la justice. Un "fou furieux" non plus, pour reprendre la rhétorique psychophobe défoulatoire de nos médias. Voilà où nous mène la déshumanisation de l'Ennemi, et de tou-te-s les victimes collatérales qui pourraient être causées par cette "chasse au monstre" Daesh.
Agir dans l'urgence comme le fait le gouvernement, c'est tourner le dos à une certaine "sagesse" et "justesse", aux jurisprudences, issues de décennies d'applications des lois, d'amendements, de rectificatifs, de contre-pouvoirs, et de droits de regard des citoyen-ne-s. C'est prendre des décisions à la va-vite, comme une course à l'injustice contre des gens dont l'injustice et la terreur sont le métier.