21 avril 2002, 20 heures.
Les Français, abasourdis, découvrent que Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l'élection présidentielle. Lionel Jospin, le candidat socialiste, n'obtient que 16,18% des voix contre 16,86% pour le chef du Front national.
L'ensemble de la classe politique, à l'exception de Lutte Ouvrière (extrême-gauche), appelle alors à la constitution d'un Front républicain pour faire barrage au Front national et appelle à voter Jacques Chirac.
Le 5 mai 2002, celui-ci est élu président de la République avec 82,21 % des voix...
Dix ans plus tard, à l'issue du premier tour des élections législatives marqué par une forte poussée du Front national (13,6% des voix), le bureau politique de l'UMP décide l'enterrement du Front républicain en refusant de donner des consignes de vote en cas de duel FN-PS et en demandant à ses candidats de se maintenir dans les triangulaires.
C'est le ni-ni. Ni PS, ni FN; bref, pour l'UMP d'aujourd'hui, socialistes et frontistes, c'est blanc bonnet et bonnet blanc.
Dans une interview accordée aujourd'hui au Télégramme de Brest, Marine Le Pen exulte : "le mur anti-FN a implosé" dit-elle, "ne serait-ce qu'avec la consigne donnée par l'UMP qui a enterré ce qu'ils appelaient le Front républicain".
Le patron de l'UMP, Jean-François Copé justifie sa position par les alliances qu'il prête au PS avec le Front de gauche qualifié de parti extrême. "Quel est le sens d'appeler à voter pour le PS qui, lui, s'allie avec l'extrême gauche de Mélenchon ?" a-t-il demandé lundi matin sur Europe 1. Car pour lui, "le Front national comme le Front de gauche proviennent des mêmes extrêmes et du même populisme". Quand le leader du Front de gauche "dit que Fidel Castro n'est pas un dictateur, qu'il n'y a pas de prisonniers politiques à Cuba... Cela mérite un petit débat, non ?" a-t-il ajouté.
Défendant la stratégie du "ni-ni", Alain Juppé a accusé Jean-Luc Mélenchon d'entretenir des "relations sulfureuses" avec des personnalités se disant "antisémites", comme le compositeur grec Mikis Théodorakis, voyant là un motif pour le PS de "s'expliquer" sur ses alliances avec l'"extrême gauche". Mikis Théodorakis "affiche aujourd'hui sa foi antisémite", a déclaré l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac sur France Inter. Avant d'ajouter : "C'est un copain de M. Mélenchon" et "cela ne gêne pas le PS".
A l'UMP, seul François Fillon, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, s'interroge à voix haute sur la pertinence du parallèle entre le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Front national, qui justifie toute la stratégie de l'UMP. C'est "une bataille qui n'est pas gagnée dans l'opinion" a-t-il dit.
Pour l'historien Didier Fischer, le "ni-ni" de l'UMP ne peut qu'accroître ses liaisons dangereuses avec le FN. Dans un article publié par le Nouvel Observateur, il constate que "la voie a malheureusement été tracée en plus haut lieu depuis cinq ans. Du débat sur l’identité nationale à celui sur la viande halal, l’ancien président de la République aura contribué à préparer le terrain de ces liaisons dangereuses. La stratégie de respectabilité engagée par Marine Le Pen a fait le reste."
Et ce n'est certainement pas un hasard si Nadine Morano, fidèle parmi les fidèles de Nicolas Sarkozy, est l'une des premières à franchir le pas en s'affichant dans Minute, un hebdomadaire qui prône depuis longtemps une alliance entre la droite et l'extrême-droite.
Le Front républicain est donc mort et enterré.
Reste à savoir désormais si Marine Le Pen parviendra dans les mois ou les années qui viennent à faire exploser l'UMP en ralliant à sa cause toutes celles et ceux qui penchent déjà dangereusement de son côté.
Et ils sont nombreux : selon un sondage Ipsos/Logica Business Consulting réalisé jusqu'à la veille du premier tour des législatives, 66% des électeurs UMP sont favorables à un accord de désistement mutuel entre l'UMP et le FN lorsqu'il s'agit de battre un candidat de gauche.
Et toi madmoiZelle, que penses-tu de la nouvelle stratégie de l'UMP ? Parviendra-t-elle à maintenir son unité actuelle ? Le Front national finira-t-il par réussir à la faire exploser ? Souhaites-tu ou redoutes-tu que ce parti réussisse à accéder au pouvoir à court ou moyen terme ?
Les Français, abasourdis, découvrent que Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l'élection présidentielle. Lionel Jospin, le candidat socialiste, n'obtient que 16,18% des voix contre 16,86% pour le chef du Front national.
L'ensemble de la classe politique, à l'exception de Lutte Ouvrière (extrême-gauche), appelle alors à la constitution d'un Front républicain pour faire barrage au Front national et appelle à voter Jacques Chirac.
Le 5 mai 2002, celui-ci est élu président de la République avec 82,21 % des voix...
Dix ans plus tard, à l'issue du premier tour des élections législatives marqué par une forte poussée du Front national (13,6% des voix), le bureau politique de l'UMP décide l'enterrement du Front républicain en refusant de donner des consignes de vote en cas de duel FN-PS et en demandant à ses candidats de se maintenir dans les triangulaires.
C'est le ni-ni. Ni PS, ni FN; bref, pour l'UMP d'aujourd'hui, socialistes et frontistes, c'est blanc bonnet et bonnet blanc.
Dans une interview accordée aujourd'hui au Télégramme de Brest, Marine Le Pen exulte : "le mur anti-FN a implosé" dit-elle, "ne serait-ce qu'avec la consigne donnée par l'UMP qui a enterré ce qu'ils appelaient le Front républicain".
Le patron de l'UMP, Jean-François Copé justifie sa position par les alliances qu'il prête au PS avec le Front de gauche qualifié de parti extrême. "Quel est le sens d'appeler à voter pour le PS qui, lui, s'allie avec l'extrême gauche de Mélenchon ?" a-t-il demandé lundi matin sur Europe 1. Car pour lui, "le Front national comme le Front de gauche proviennent des mêmes extrêmes et du même populisme". Quand le leader du Front de gauche "dit que Fidel Castro n'est pas un dictateur, qu'il n'y a pas de prisonniers politiques à Cuba... Cela mérite un petit débat, non ?" a-t-il ajouté.
Défendant la stratégie du "ni-ni", Alain Juppé a accusé Jean-Luc Mélenchon d'entretenir des "relations sulfureuses" avec des personnalités se disant "antisémites", comme le compositeur grec Mikis Théodorakis, voyant là un motif pour le PS de "s'expliquer" sur ses alliances avec l'"extrême gauche". Mikis Théodorakis "affiche aujourd'hui sa foi antisémite", a déclaré l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac sur France Inter. Avant d'ajouter : "C'est un copain de M. Mélenchon" et "cela ne gêne pas le PS".
A l'UMP, seul François Fillon, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, s'interroge à voix haute sur la pertinence du parallèle entre le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Front national, qui justifie toute la stratégie de l'UMP. C'est "une bataille qui n'est pas gagnée dans l'opinion" a-t-il dit.
Pour l'historien Didier Fischer, le "ni-ni" de l'UMP ne peut qu'accroître ses liaisons dangereuses avec le FN. Dans un article publié par le Nouvel Observateur, il constate que "la voie a malheureusement été tracée en plus haut lieu depuis cinq ans. Du débat sur l’identité nationale à celui sur la viande halal, l’ancien président de la République aura contribué à préparer le terrain de ces liaisons dangereuses. La stratégie de respectabilité engagée par Marine Le Pen a fait le reste."
Et ce n'est certainement pas un hasard si Nadine Morano, fidèle parmi les fidèles de Nicolas Sarkozy, est l'une des premières à franchir le pas en s'affichant dans Minute, un hebdomadaire qui prône depuis longtemps une alliance entre la droite et l'extrême-droite.
Le Front républicain est donc mort et enterré.
Reste à savoir désormais si Marine Le Pen parviendra dans les mois ou les années qui viennent à faire exploser l'UMP en ralliant à sa cause toutes celles et ceux qui penchent déjà dangereusement de son côté.
Et ils sont nombreux : selon un sondage Ipsos/Logica Business Consulting réalisé jusqu'à la veille du premier tour des législatives, 66% des électeurs UMP sont favorables à un accord de désistement mutuel entre l'UMP et le FN lorsqu'il s'agit de battre un candidat de gauche.
Et toi madmoiZelle, que penses-tu de la nouvelle stratégie de l'UMP ? Parviendra-t-elle à maintenir son unité actuelle ? Le Front national finira-t-il par réussir à la faire exploser ? Souhaites-tu ou redoutes-tu que ce parti réussisse à accéder au pouvoir à court ou moyen terme ?