Bonsoir !
Je n'ai jamais posté sur le forum, bien que je vienne y flâner très régulièrement (peut-être par timidité ?). Bref, si je poste ce soir, c'est parce que j'ai besoin d'aide, de soutien ... Peut-être me direz-vous que c'est plutôt le rôle de mes proches ? Certes oui, mais je n'en peux plus d'ennuyer mon copain et mes ami(e)s dès que je vais mal. Alors voilà, cela fait plusieurs jours que je cherche un forum où poster, dans l'espoir de ... ne plus être seule ? Je poste dans la catégorie "vie quotidienne" parce qu'après tout, c'est un combat de tous les jours.
Depuis toujours, mon père avait un oeil plus fermé que l'autre, rien de bien grave me direz-vous, c'est ce que nous pensiez tous. Cependant il y a 1 an et demi environ, cela est devenu plus voyant; mon père a donc décidé de prendre rendez-vous chez un ophtalmo afin de savoir ce qu'il en était. Là, le spécialiste lui a dit qu'il ne fallait pas s'alarmer, que c'était juste le muscle qui était un peu fatigué : une petite opération réglerait définitivement ce problème.
Mais voilà, après avoir passé d'autres analyses, nous avons découvert une grosseur au niveau de son oeil droit. Les médecins ne s'alarmaient pas, aucune raison que ce soit une tumeur selon eux. Néanmoins, ils ont décidé de l’hospitaliser : ils prévoyaient de l'ouvrir, prélever un échantillon, l'analyser, puis en fonction du résultat l'enlever d'une certaine manière.
Ils ont décelés quelques cellules cancéreuses, mais rien de bien important. Ils lui ont enlevé la grosseur et il est rentré à la maison.
Cependant, plusieurs mois après, des grosseurs sont réapparus sur son visage. C'est donc de toute urgence qu'il a consulté son médecin. Une opération était prévue rapidement. Ils ont ouvert, mais ont décidé de ne rien faire. Il y avait "beaucoup plus de choses que prévus".
Mon père était hospitalisé à Paris, et nous habitons en province; ma belle mère l'a donc accompagnée et est restée avec lui pendant toute la durée de son hospitalisation. Moi, je devais rester chez moi à cause du lycée. J'étais toute seule, attendant patiemment chaque coup de téléphone. Mais je sentais bien que l'on ne me disait pas tout, ma belle mère restait vague, mais ne pouvait s'empêcher de pleurer à chaque fois. On m'a dit qu'il allait être transféré à Villejuif. Que c'était un endroit "avec un spécialiste pour les yeux".
Ma mère qui arrivait à être en contact avec ma belle mère, a bien vu que je n'étais pas dupe. Elle m'a donc avouée que Villejuif était en faite un centre de cancérologie.
Ils ont donc refait tout un tas de tests dont on ne me disait pas les résultats.
Quand mon père est rentré de Paris, je dormais. Il est venu dans ma chambre et m'a annoncé qu'ils allaient devoir lui enlever son oeil. C'était ça ou ça continuerait à grossir et ça toucherait le cerveau, atteignant ainsi un point de non retour. Tout semblait s’effondrer pour lui, étant professeur de sport et de tir dans une école de police, ce métier qu'il aimait tant semblait ne plus être possible. Pendant plusieurs jours, ce fût l'anéantissement total pour tout le monde. Des milliers de questions se posaient : peut-on conduire avec un seul oeil ? Pourrait-il toujours exercer son métier ? Etait-ce vraiment dur de s'adapter aux distances ? ...
L'opération a été faite environ 1 mois après l'annonce de cette nouvelle. Mon père ne vivait plus, il passait les journées au lit à prendre des antidouleurs; il était méconnaissable physiquement.
Lorsque l'opération a enfin été faite, c'était un soulagement. Les médecins étaient unanimes, ce cancer (très rare, il n'y a environ que 40 personnes touchées dans le monde !) ne se "métastasait pas". Nous étions enfin débarrassés de cette foutue *****. Mon père dû rester plusieurs jours à l'hôpital, ce n'était pas facile, il évitait tous les miroirs, ne supportant pas son image. Ils lui avaient enlevé son oeil, mais aussi une grosse partie de l'os au dessus, créant un gros "creux".
Les médecins avaient décidés de lui faire faire une radiothérapie, afin d'être sûr de tous éliminer. Elle se faisait à Paris, il y restait donc toute la semaine et ne revenait que le week-end.
C'est à ce moment que nous avons réalisé qu'il a des collègues en or. Ils se relayaient, chaque semaine, de manière à ce qu'il y ait du monde au moins 2 fois par semaine avec lui, alors qu'ils habitent tous à plus d'une heure de route. Ils lui proposaient des sorties, lui apportaient le sourire et la bonne humeur dont il avait besoin.
Le chemin fût long, mais mon père se reconstruisait petit à petit, et nous aussi.
Au bout de plusieurs mois, des grosseurs ont réapparus sur son visage. Nous avons envoyés des photos au médecin qui le suivait à Paris. Il a donc recommencé à passer tout un tas d'examens. Et là, surprise ! Les tumeurs étaient revenues ! Plus nombreuses que précédemment ! Ma belle mère et moi nous sommes alors indignées : les médecins avaient été clairs, pas de métastases ! Ils ont alors joué sur les mots, pour eux cela ne signifiait pas que ca ne pouvait pas se propager. Peut-être aurions-nous pu être au courant plus tôt ? Bref ...
Ils ont décidé de ne pas opérer, parce qu'il y a beaucoup trop de tumeurs.
Mon père vient d'essayer un nouveau traitement, mais nous avons appris lundi qu'il ne marchait "pas assez vite". Ils veulent donc qu'il fasse une chimio. Une chimio "expérimentale". Le médecin ne veut donner aucun pourcentage de chance, mais à subtilement été clair avec mes parents. Les chances sont minces. Très minces. De plus, le cancer s'est propagé dans tout le haut du corps, ses os sont énormément touchés : il a tout le temps mal partout. Alors voilà. Nous en sommes là.
J'ai 17 ans, des projets pleins la tête mais je ne peux pas imaginer ma vie sans mon père. Depuis toute petite nous sommes très liés, et je ne peux pas, je dirai même que je ne VEUX pas me marier sans que mon père soit là. Je ne veux pas avoir des enfants et qu'ils ne connaissent jamais leur grand père. Je ne veux pas avoir des diplômes et tout le tralala si je ne peux pas lui montrer et entendre un "je suis si fier de toi !". Non je ne peux pas.
Je m'effondre à chaque mauvaise nouvelle, dès que je pense un peu trop au futur. Je ne sais plus quoi faire, je ne supporte plus de le voir si mal et de ne rien pouvoir faire ...
Je suis désolée d'avoir écrit quelque chose d'aussi long et d'aussi peu joyeux. Peut être que personne ne me lira, ce que je comprendrai, mais avoir tout écrit m'a déjà fait un bien fou.
Merci à ceux qui prendront la peine de lire, et même peut-être de répondre si l'envie leur en prend !
Bonne fin de soirée Mesdmoizelles
Je n'ai jamais posté sur le forum, bien que je vienne y flâner très régulièrement (peut-être par timidité ?). Bref, si je poste ce soir, c'est parce que j'ai besoin d'aide, de soutien ... Peut-être me direz-vous que c'est plutôt le rôle de mes proches ? Certes oui, mais je n'en peux plus d'ennuyer mon copain et mes ami(e)s dès que je vais mal. Alors voilà, cela fait plusieurs jours que je cherche un forum où poster, dans l'espoir de ... ne plus être seule ? Je poste dans la catégorie "vie quotidienne" parce qu'après tout, c'est un combat de tous les jours.
Depuis toujours, mon père avait un oeil plus fermé que l'autre, rien de bien grave me direz-vous, c'est ce que nous pensiez tous. Cependant il y a 1 an et demi environ, cela est devenu plus voyant; mon père a donc décidé de prendre rendez-vous chez un ophtalmo afin de savoir ce qu'il en était. Là, le spécialiste lui a dit qu'il ne fallait pas s'alarmer, que c'était juste le muscle qui était un peu fatigué : une petite opération réglerait définitivement ce problème.
Mais voilà, après avoir passé d'autres analyses, nous avons découvert une grosseur au niveau de son oeil droit. Les médecins ne s'alarmaient pas, aucune raison que ce soit une tumeur selon eux. Néanmoins, ils ont décidé de l’hospitaliser : ils prévoyaient de l'ouvrir, prélever un échantillon, l'analyser, puis en fonction du résultat l'enlever d'une certaine manière.
Ils ont décelés quelques cellules cancéreuses, mais rien de bien important. Ils lui ont enlevé la grosseur et il est rentré à la maison.
Cependant, plusieurs mois après, des grosseurs sont réapparus sur son visage. C'est donc de toute urgence qu'il a consulté son médecin. Une opération était prévue rapidement. Ils ont ouvert, mais ont décidé de ne rien faire. Il y avait "beaucoup plus de choses que prévus".
Mon père était hospitalisé à Paris, et nous habitons en province; ma belle mère l'a donc accompagnée et est restée avec lui pendant toute la durée de son hospitalisation. Moi, je devais rester chez moi à cause du lycée. J'étais toute seule, attendant patiemment chaque coup de téléphone. Mais je sentais bien que l'on ne me disait pas tout, ma belle mère restait vague, mais ne pouvait s'empêcher de pleurer à chaque fois. On m'a dit qu'il allait être transféré à Villejuif. Que c'était un endroit "avec un spécialiste pour les yeux".
Ma mère qui arrivait à être en contact avec ma belle mère, a bien vu que je n'étais pas dupe. Elle m'a donc avouée que Villejuif était en faite un centre de cancérologie.
Ils ont donc refait tout un tas de tests dont on ne me disait pas les résultats.
Quand mon père est rentré de Paris, je dormais. Il est venu dans ma chambre et m'a annoncé qu'ils allaient devoir lui enlever son oeil. C'était ça ou ça continuerait à grossir et ça toucherait le cerveau, atteignant ainsi un point de non retour. Tout semblait s’effondrer pour lui, étant professeur de sport et de tir dans une école de police, ce métier qu'il aimait tant semblait ne plus être possible. Pendant plusieurs jours, ce fût l'anéantissement total pour tout le monde. Des milliers de questions se posaient : peut-on conduire avec un seul oeil ? Pourrait-il toujours exercer son métier ? Etait-ce vraiment dur de s'adapter aux distances ? ...
L'opération a été faite environ 1 mois après l'annonce de cette nouvelle. Mon père ne vivait plus, il passait les journées au lit à prendre des antidouleurs; il était méconnaissable physiquement.
Lorsque l'opération a enfin été faite, c'était un soulagement. Les médecins étaient unanimes, ce cancer (très rare, il n'y a environ que 40 personnes touchées dans le monde !) ne se "métastasait pas". Nous étions enfin débarrassés de cette foutue *****. Mon père dû rester plusieurs jours à l'hôpital, ce n'était pas facile, il évitait tous les miroirs, ne supportant pas son image. Ils lui avaient enlevé son oeil, mais aussi une grosse partie de l'os au dessus, créant un gros "creux".
Les médecins avaient décidés de lui faire faire une radiothérapie, afin d'être sûr de tous éliminer. Elle se faisait à Paris, il y restait donc toute la semaine et ne revenait que le week-end.
C'est à ce moment que nous avons réalisé qu'il a des collègues en or. Ils se relayaient, chaque semaine, de manière à ce qu'il y ait du monde au moins 2 fois par semaine avec lui, alors qu'ils habitent tous à plus d'une heure de route. Ils lui proposaient des sorties, lui apportaient le sourire et la bonne humeur dont il avait besoin.
Le chemin fût long, mais mon père se reconstruisait petit à petit, et nous aussi.
Au bout de plusieurs mois, des grosseurs ont réapparus sur son visage. Nous avons envoyés des photos au médecin qui le suivait à Paris. Il a donc recommencé à passer tout un tas d'examens. Et là, surprise ! Les tumeurs étaient revenues ! Plus nombreuses que précédemment ! Ma belle mère et moi nous sommes alors indignées : les médecins avaient été clairs, pas de métastases ! Ils ont alors joué sur les mots, pour eux cela ne signifiait pas que ca ne pouvait pas se propager. Peut-être aurions-nous pu être au courant plus tôt ? Bref ...
Ils ont décidé de ne pas opérer, parce qu'il y a beaucoup trop de tumeurs.
Mon père vient d'essayer un nouveau traitement, mais nous avons appris lundi qu'il ne marchait "pas assez vite". Ils veulent donc qu'il fasse une chimio. Une chimio "expérimentale". Le médecin ne veut donner aucun pourcentage de chance, mais à subtilement été clair avec mes parents. Les chances sont minces. Très minces. De plus, le cancer s'est propagé dans tout le haut du corps, ses os sont énormément touchés : il a tout le temps mal partout. Alors voilà. Nous en sommes là.
J'ai 17 ans, des projets pleins la tête mais je ne peux pas imaginer ma vie sans mon père. Depuis toute petite nous sommes très liés, et je ne peux pas, je dirai même que je ne VEUX pas me marier sans que mon père soit là. Je ne veux pas avoir des enfants et qu'ils ne connaissent jamais leur grand père. Je ne veux pas avoir des diplômes et tout le tralala si je ne peux pas lui montrer et entendre un "je suis si fier de toi !". Non je ne peux pas.
Je m'effondre à chaque mauvaise nouvelle, dès que je pense un peu trop au futur. Je ne sais plus quoi faire, je ne supporte plus de le voir si mal et de ne rien pouvoir faire ...
Je suis désolée d'avoir écrit quelque chose d'aussi long et d'aussi peu joyeux. Peut être que personne ne me lira, ce que je comprendrai, mais avoir tout écrit m'a déjà fait un bien fou.
Merci à ceux qui prendront la peine de lire, et même peut-être de répondre si l'envie leur en prend !
Bonne fin de soirée Mesdmoizelles