@LadyOscar D'un côté, je comprends ce que tu veux dire, de l'autre je pense que c'est oublier que la religion, d'autant plus pour les personnes pratiquantes, c'est en grande partie culturel, pas simplement spirituel. Donc oui, c'est sûr que sur les textes, sur ce qui est "vrai" ou "bon" religieusement, sur les croyances en tant que telles, elles réinterprètent, voire réinventent, mais, hormis pour les personnes converties adultes (cela dit, je connais une féministe radicale convertie au judaïsme, par exemple, et manifestement, dans "son" courant, ça n'a pas l'air d'entrer en contradiction avec ses convictions féministes), la religion c'est aussi beaucoup de souvenirs d'enfance (j'ai beau être athée apostate, j'aurais toujours mes saintes préférées
) , de traditions familiales, etc. Voire d'héritage historique ! j'imagine que quand on est née dans une minorité religieuse, quand on a des ancêtres parfois encore vivant qui ont connu la persécution pour leur religion, quand ça fait partie de ta fierté familiale mais aussi d'une forme de traumatisme intergénérationnel, parfois, c'est juste impensable de se dire, et encore plus de dire aux siens : je ne veux plus être de cette religion. Ou rien que quand t'as été élevé là dedans depuis toute petite, que ta pensée s'est construite autour d'une divinité, d'un culte, ben, c'est compliqué de réorganiser sa pensée autrement.
D'ailleurs, ça me fait penser qu'autant je connais des convertis "sur le tard" (qui passent d'athée ou agnostique à croyant-pratiquant d'une religion, ou qui passent d'une religion à une autre), autant je ne connais pas d'athées "sur le tard" (des croyants-pratiquants qui arrêtent de l'être à un âge adulte), tous les athées que je connais ont été soit élevés par des familles athées, soit, comme moi, n'ont juste jamais "réussi" à croire malgré une famille religieuse et ce dès l'adolescence, voire l'enfance.
Je comprends qu'on puisse ne pas vouloir quitter sa communauté, voire améliorer ce qu'on peut dedans pour les autres femmes présentes.
Sans compter que les espaces religieux sont souvent ceux où on trouve le plus facilement des espaces en non-mixité, voire les premiers espaces non-mixtes que l'on rencontre enfant. J'étais absolument fascinée par les couvents quand j'étais petite ! Je pense franchement que si j'avais été croyante, ça aurait été un environnement qui m'aurait tout à fait plu.
Mine de rien, je connais énormément de gens qui se sont politisés par le biais de la religion. Forcément, quand on dit ça, on peut de suite penser à des extrémismes religieux (du genre il faudrait que la vie du pays soit organisé en fonction de la religion), ou à la Manif pour Tous, ou aux royalistes français (et j'avoue que oui, il y a une bonne part des personnes à qui je pense en disant ça qui collent à ce profil) MAIS c'est oublier les assos religieuses qui une action sociale, les gens qui sont venus au militantisme politique parce qu'ils ont fait l'expérience d'antisémitisme ou d'islamophobie, ceux qui sont venus à la gauche par le Secours Catholique et des œuvres sociales de leur communauté religieuse, les prêtres et sœurs ouvrier.es... Bref, ça peut être une porte d'entrée, sans doute que ça a été une porte d'entrée dans le féminisme pour certaines aussi, quitte à se détacher finalement un jour de la religion ou pas.
(Clairement, pour moi, j'ai détesté mes années de catéchisme, mais j'ai adoré visiter des communautés monastiques, voir qu'on pouvait vivre en communauté de femmes, voir tout ce qu'elles savaient faire, et surtout voir comme ça me plaisait m'a clairement amené vers le féminisme : je voulais la même chose, mais sans religion !
)
(Et les documentaires sur les monastères seront toujours mon ASMR préféré avant de dormir !
y'a rien de tel que de regarder des vieilles et des jeunes faire du jardinage, et chanter, et aimer, ensemble !)