(Je parle tellement qu'il faut que je poste en deux fois, vraiment désolée)
J'ai été bénévole dans une association, chez mes parents, qui s'occupait d'enfants Rroms vivant dans un camp à côté d'une grande ville. C'était en fait assez varié. Principalement, je passais une à deux après-midis (trois ou quatre heures en moyenne) par semaine avec une famille, donc cinq enfants géniaux. On faisait des jeux, de la lecture, on parlait de leur intégration à l'école, de l'importance d'y aller etc. Cependant il y avait plus que ça, puisqu'on parlait également pas mal avec les parents surtout les mères en fait (les pères étaient en prison). Donc on aidait pas mal pour le quotidien (avoir un bus scolaire pour les enfants plutôt que de les laisser marcher sur la nationale jusqu'à la ville, les faire inscrire et réinscrire sur les listes des restos du coeur quand les bénévoles les rayaient parce que "on ne veut pas de ça chez nous", aider les mères à comprendre les procédures judiciaires, à se rendre au tribunal, à visiter leurs maris aux parloirs, obtenir le statut d'apatrides etc). C'était une très petite structure (on était six ou sept bénévoles) mais qui bossait en coopération avec des structures plus importantes notamment la Cimade (qui fait un boulot vraiment incroyable). Je ne sais pas si ça répond vraiment à la question vu que je ne le fais plus, mais j'y ai passé toute une année.
Si j'ai choisi de m'investir là-dedans c'est parce que la communauté Rom (et là j'inclus toutes les communautés, Gitans, Sintés, Kalés, Rroms, etc) est une communauté qui est très souvent mise de côté. Je ne vais pas développer, mais ce sont des gens qui, dans les pays de l'Est ou en France, se retrouvent très souvent dans une situation critique parce qu'ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Ce n'est pas un combat plus important qu'un autre, simplement c'est quelque chose qui me révolte profondément.
Et je suis désolée, mais je sens bien que je vais développer, donc n'hésitez pas à sauter ce qui suit
Dans ce camps les familles venaient toutes de Roumanie, elles fuyaient un système dangereux, un pays où elles n'étaient pas acceptées et encore moins respectées, et ce ne sont vraiment pas des mots en l'air. Et voir qu'en France certains de ses enfants ne se nourrissaient que d'eau pendant des jours entiers parce qu'on les avait rayés des listes des restos du coeur, que d'autres avaient de très sérieux problèmes de santé et qu'il fallait des mois pour obtenir le moindre traitement, qu'on refusait de les inscrire à l'école et qu'il a fallu saisir la Halde pour obtenir leur scolarisation, qu'on accusait leurs pères de délits à la date desquels ils étaient de toute façon en prison juste histoire de compliquer un peu plus les voyages à Paris pour l'obtention du statut de réfugiés... Beaucoup de choses me choquent dans la façon dont la France traite les immigrés, mais lorsqu'on n'hésite pas à contourner la loi pour ne pas les aider ça devient vraiment délirant. J'ai choisi de m'investir là-dedans parce que, comme à peu près tout le monde, je crois en certains droits et je crois qu'ils s'appliquent à tous.
Bon je suis un peu relou là, je suis désolée, je développe trop. Simplement c'est quelque chose qui me tient très à coeur parce que, justement, je n'en ai pas fait assez, il me semblait assez impossible d'en faire assez. Cela m'a beaucoup apporté et cela a été très dur moralement (je n'aime pas dire ça, ça fait un peu pauvre petite fille riche, mais bon voilà), parce qu'on n'en faisait jamais assez, parce qu'il y avait toute une administration qui se refusait à faire le moindre geste, et parce que j'en suis ressortie avec beaucoup de colère. Au fond je ne sais pas si on peut dire qu'on a aidé les gens, on a fait bouger des détails, mais la situation n'évolue pas vraiment.