Il joue avec ses yeux depuis qu'elle le connaît. Il joue avec elle.
Il l'a suivie des yeux dès qu'il l'a aperçue au loin, la toute première fois.
Cela ne fait que quelques semaines qu'ils se connaissent.
Un peu.
Son regard est désarmant.
C'est un regard qui la fait se sentir nue.
Elle est surprise de découvrir qu'elle aime cette sensation.
Elle rêve à lui un peu trop souvent pour qu'il ne se passe jamais rien. Elle dément quand on murmure sous leur passage. Elle dément, et elle se ment.
Elle n'a qu'une envie quand elle croise son regard, son regard si fort.
Le sentir parcourir chaque centimètre de sa peau, qui est en émoi à cette simple pensée.
Elle croise son regard. Baisse les yeux, se sent rougir. Et lui sourit.
Elle sait l'effet qu'elle a sur lui.
Elle savoure son entrée dans chaque pièce, car elle sait trop bien qu'il ne cherche qu'elle.
Son regard se promène dans chaque recoin, rapidement. Il ne se pose que sur elle. Il se pose et s'attarde. Ne cherche pas à dissimuler son envie.. Parfois, par jeu, elle le rapelle à l'ordre. Petite tape sur la tête. Une chance en plus de l'effleurer..
Elle crève d'envie.
Elle est l'envie.
Qu'est ce qui la retient? Rien, puisqu'elle est seule depuis plusieurs mois.
Rien puisqu'il est libre comme l'air.
Il ne s'attache jamais. Bien sûr, elle connaît sa réputation de charmeur, et sait les larmes qu'il sème sur son passage.
Elle sait tout ça, et ça n'est pas cela qui la retient. Elle ne l'aime pas, et n'a rien à perdre à se coller contre son corps..
Ca n'est pas ça.
C'est ce besoin. De se sentir unique, irremplaçable.
Elle est une perle, et veut qu'il le sache. Ce n'est peut-être pas "bien", mais son rêve est qu'il s'attache à elle plus qu'à personne.
Qu'il ne vive que pour elle, ne respire que pour ses soupirs, ne tremble qu'entre ses mains.
Elle, elle ne s'attachera pas.
Elle jouera, pour une fois.
Elle prendra tout ce qu'il y a à prendre. Et qu'importe si elle ne lui donne rien..
Une fois de plus, tous les deux assis l'un près de l'autre.
Une fois de plus, leurs visages se touchent presque quand ils se parlent.
Elle respire son souffle, doucement. Ne pas qu'il remarque l'état dans le quel elle se trouve déjà..
Il ne la quitte pas des yeux, et la mange du regard. Elle le sent, et ça lui plaît.
Ils ont prévu de passer leur soirée ensemble.
Elle le laisse, trouve un prétexte stupide pour l'abandonner, pour lui imposer une attente supplémentaire, pour qu'il ait tout le temps d'imaginer comment il la déshabillera le soir venu. Quand elle deviendra sa perle.
Pour le rassurer, elle pose ses lèvres juste sous son oreille. Son ventre se tord quand elle le sent frissonner.
L'après midi complète, elle y pense.
Encore et encore.
Il n'aura qu'à l'effleurer pour qu'elle fonde. Il n'aura qu'à la toucher pour qu'elle lui appartienne.
Elle détaille son corps. Imagine sa chaleur contre le sien. Imagine les envies qui lui viendront.
Se demande si elle sera seulement capable d'en réfréner une seule.
Cet homme lui plaît. Cet homme l'excite, même. Et c'est bien là ce qui lui fait peur. Auparavant, elle n'a jamais eu envie que d'hommes qu'elle aimait. Jamais l'idée d'aimer l'odeur d'un étranger à son coeur ne lui aurait parue possible.
....
Il ouvre la porte.
Parce que tout se passera chez lui.
Parce qu'ils savent.
Elle fond sur lui, en le voyant si grand, si fort en face d'elle.
A peine elle touche ses lèvres, qu'elle veut ses mains, qu'elle veut sa peau nue.
Ca ne lui ressemble pas, cet empressement. Ca ne lui ressemble pas, cette envie de glisser le long de son corps, de se laisser tomber à genoux..
Elle aime tant l'amour, elle aime tant les jeux de l'amour quand elle aime. Mais dans ses souvenirs, chaque fois qu'elle s'est embarquée dans une histoire sans sentiments, tout n'était que baise, rapidité, froideur.
Ici, aussi empressée qu'elle soit, elle veut sentir cet homme trembler.
Et sous ses caresses, elle se prend à adorer l'écouter respirer.
Sous ses lèvres, elle sent le plaisir qu'il ressent. Il ne la touche pourtant pas.
Le long de son ventre, plus bas, toujours plus bas, à mesure que ses lèvres parcourent ce corps,le ventre de l'homme qu'elle tient toujours par les yeux commence à se contracter.
Et voilà, qu'accroupie devant lui, elle donne à cet homme ce qu'elle n'a jamais donné qu'à ses amours.
Leurs yeux se cherchent. Leurs yeux s'accrochent.
Elle toujours si timide, elle qui a toujours fermé les yeux dans ces moments là se sent vaciller à voir le regard qu'elle fixe se troubler.
...
Elle se relève, l'entraîne dans la chambre qu'elle trouve d'instinct.
Il s'allonge, et son sourire l'appelle. Il s'allonge et son corps est si beau qu'elle n'a plus qu'une envie.
Qu'il soit en elle, encore, encore, toujours. Qu'il entre en elle et n'en ressorte jamais. Elle veut aller au bout, au bout d'elle même, au bout d'eux mêmes.
Elle se couche à coté de lui. Elle ne tiendra pas les reines, pas cette fois. Elle veut se sentir petite et frêle, elle veut pouvoir lui morde la nuque sous ses coups de reins..
Elle veut lui appartenir et n'être rien.
Il lit tout ça dans son regard.
La regarde longuement, jusqu'à ce qu'elle le supplie, jusqu'à ce qu'elle l'implore.
Et c'est tendre, et c'est fort, quand il se perd en elle. Et qu'il lui murmure à l'oreille que la voir chaque jour sans avoir le droit de lui faire l'amour est une torture..
Elle se sent perle entre ses doigts, elle se sent perle quand il jouit en elle, et s'affaise sur son corps.
Elle se sent irremplaçable quand il reste allongé sur elle, en ne cherchant pas à fuir, pas à s'éloigner.
Et pour la toute première fois qu'elle n'aime pas celui qui lui fait l'amour, en se levant pour gagner la salle de bains, elle n'est pas un peu dégoutée de le sentir couler entre ses cuisses.
Elle le regarde encore.
Il est beau,
Mais elle s'en va.
Il pourrait l'aimer,
Mais elle s'en va.
Elle n'est pas prête à ça.
Elle prendra tout ce qu'elle peut.
Elle ne donnera que son corps,
Et plus tard, ils verront.