A
AnonymousUser
Guest
« Tout passe, tu sais », la voix douce et chaude de sa mère se perd dans l?habitacle, quand elle tente un sourire, vite teinté de grimace. Elle hésite, ferme les paupières une seconde, pour les rouvrir sur des larmes à n?en plus finir. Elles coulent rapidement, mais aucun sanglot ne vient plus la secouer. Elle n?en est plus là.
Elle n?est déjà plus qu?une fille qui fuit. Comme une vieille canalisation.
Il y a l?estime, il y a les moments bonheur, il y a l?amour, il y a la vie, et tout ça s?enfuit. Chaque kilomètre qu?affiche le compteur est une chance, un mince filet d?espoir, une promesse de distance. Mais comment tenir à distance ce qui n?existe pas ?
Il y n?y a plus que son c?ur qui fuit, et elle toute entière qui s?enfuit.
Mais maman, « tout passe », je ne sais pas. Quand je ne pense à rien, je suis comme anesthésiée, la souffrance lointaine, mais le reste aussi. Quand j?y pense, ça me fait mal, mais pas d?un mal beau dont je pourrais me servir pour aller mieux, non. Maman, quand j?y pense, j?ai mal dans la poitrine, mon c?ur me brûle, et ça n?a rien d?une image. Je pense « il est mort » et je n?entends rien. Je pense « il est mort », et parfois, ça m?entraîne dans une chute si terrible que j?en ai le tournis et me met à hurler pour oublier cette absurdité que je n?ai jamais pu intégrer. Maman, « tout passe », je ne sais vraiment pas. Tu dis qu?il faut du temps, et tu me serres contre toi. Parfois je pleure, parfois je ris, mais rien ne change au fond.
J?ai perdu l?équilibre.
Elle n?est déjà plus qu?une fille qui fuit. Comme une vieille canalisation.
Il y a l?estime, il y a les moments bonheur, il y a l?amour, il y a la vie, et tout ça s?enfuit. Chaque kilomètre qu?affiche le compteur est une chance, un mince filet d?espoir, une promesse de distance. Mais comment tenir à distance ce qui n?existe pas ?
Il y n?y a plus que son c?ur qui fuit, et elle toute entière qui s?enfuit.
Mais maman, « tout passe », je ne sais pas. Quand je ne pense à rien, je suis comme anesthésiée, la souffrance lointaine, mais le reste aussi. Quand j?y pense, ça me fait mal, mais pas d?un mal beau dont je pourrais me servir pour aller mieux, non. Maman, quand j?y pense, j?ai mal dans la poitrine, mon c?ur me brûle, et ça n?a rien d?une image. Je pense « il est mort » et je n?entends rien. Je pense « il est mort », et parfois, ça m?entraîne dans une chute si terrible que j?en ai le tournis et me met à hurler pour oublier cette absurdité que je n?ai jamais pu intégrer. Maman, « tout passe », je ne sais vraiment pas. Tu dis qu?il faut du temps, et tu me serres contre toi. Parfois je pleure, parfois je ris, mais rien ne change au fond.
J?ai perdu l?équilibre.