"Dans la pièce Don’t trust me, qui est composée de six vidéos de quelques secondes chacune, Adel Abdessemed capte, au Mexique, les brèves images de l’abattage de six animaux : un mouton, un cheval, un bœuf, un porc, un bouc et une biche. L’action est courante, très sommaire et les images qui en sont extraites sont rapides et retenues, sans effets, sans dramatisation. L’instrument du sacrifice, le marteau, est emprunté à la symbolique du pouvoir oublié d’une classe ouvrière disparue dans le même temps que l’idéologie qui prétendait la servir.
Le choix des animaux cite le calendrier traditionnel du dernier bastion du communisme, la Chine, dont les immenses bénéfices d’un développement économique sans précédent viennent à la rescousse du libéralisme pendant que les populations qui les produisent sont soumises à diverses formes de violence."
C'est ambigu...
A la fois "abbatage" ça fait penser à la bouffe et tout...
et en même temps le reste laisse entendre qu'il y a tout un processus derrière qui a été choisi par l'artiste...
"Attention, l'art contemporain n'est pas sans danger. Ceux qui ne connaissent pas encore Adel Abdessemed risquent l'électrochoc et l'épouvante devant ses vidéos qui prennent à la lettre le désespoir d'On achève bien les chevaux. Dans le film de Sydney Pollack, Jane Fonda demande ainsi grâce à son compagnon de misère. Dans Don't Trust Me, l'artiste filme quelques secondes de la mise à mort d'un cheval, d'un cochon, d'un faon ou d'une chèvre et les enchaîne en une boucle infernale qui plonge le spectateur dans le carnage en direct. Effet terrifiant qui se sert de l'horreur de l'abattage sans état d'âme des animaux, si humains dans leur agonie, pour faire réfléchir à la violence de notre monde en guerre."
Un coup de marteau brut, inexorable, abat un animal. Acte en six vidéos posées au sol de l’espace central des galeries d’exposition. En boucle. L’animal tombe. Chaque animal tombe. Sacrifices rituels. Abattage aveugle. Et cela recommence dans une interminable horreur du geste. Geste de l’horreur dont on ne voit pas le meurtrier, dont on ne voit pas l’origine, dont on ne voit pas le sens. Juste voir la conséquence irréversible et ne voir que cela. Et puis, être envahi par le son sec, répété, du coup qui abat, ce bruit démultiplié par les bandes-son des six vidéos, déflagrations qui retentissent dans l’ensemble du lieu, qui le brutalisent, le terrifient, le dominent. Le bruit et l’horreur. Voulons-nous croire que nous vivons de/dans cette horreur ? Voulons-nous croire que nous vivons de/dans cette peur ? Adel dit qu’il faut faire de la peur son alliée dans ce monde naufragé…
Ce qui m'intrigue à force de lire les articles, c'est qu'on dirait que chacun ne fait que passer un dossier de presse, sans pour autant s'interroger sur la nature des images.