"Si je pouvais m?empêcher de penser ! J?essaie, je réussis : il me semble que ma tête s?emplit de fumée? et voilà que ça recommence : « Fumée? ne pas penser? Je ne veux pas penser? Je pense que je ne veux pas penser. Il ne faut pas que je pense que je ne veux pas penser. Parce que c?est encore une pensée. » On n?en finira donc jamais?"
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"Je sais très bien que je ne veux rien faire : faire quelque chose, c?est créer de l?existence ? et il y a bien assez d?existence comme ça."
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"La pluie a cessé, l'air est doux, le ciel roule lentement de belles images noires ; c'est plus qu'il n'en faut pour faire le cadre d'un moment parfait ; pour refléter ces images, Anny ferait naître dans nos coeurs de sombres petites marées. Moi, je ne sais pas profiter de l'occasion ; je vais au hasard, vide et calme, sous ce ciel inutilisé."
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"Je suis libre : il ne me reste plus aucune raison de vivre, toutes celles que j'ai essayé ont lâché et je ne peux plus en imaginer d'autres. (...) Seul et libre. Mais cette liberté ressemble un peu à la mort."
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"Peut-être est-il impossible de comprendre son propre visage. Ou peut-être est-ce parce que je suis un homme seul ? Les gens qui vivent en société ont appris à se voir, dans les glaces, tels qu'ils apparaissent à leurs amis. Je n'ai pas d'amis : est-ce pour cela que ma chair est si nue ? On dirait - oui, on dirait la nature sans les hommes."
en vrac, des extraits de La Nausée, de Sartre.