Je crois, pour ma part, que beaucoup de violeurs avaient conscience de commettre des choses"abusées", à tout le moins"pas respectueuses" ou pas correctes, mais ne mettaient pas le mot"viol" sur leurs actes. Parce qu'à l'époque ce n'était pas dénoncé. Tout le monde se vautrait dans une culture du viol qui n'était pas nommée ainsi, mais "séduction". Il fallait être un "bonhomme", consommer des conquêtes, quitte à être insistant, brutal, dégradant, violent... violeurs. Il fallait s'appuyer sur les codes du porno et les revendiquer, sans les questionner de peur de passer pour une"mal baisée". Les jeunes femmes elles-mêmes baignaient dans la misogynie et préféraient rire de blagues oppressantes, stigmatiser et détester leurs consœurs plutôt que de se mettre les hommes à dos. C'est encore le cas, parfois.
À mon sens, ces hommes sont coupables de viol, mais ce mot ne leur effleurait pas l'esprit, par déni... ou parce que l'époque cautionnait et les défendait. Pour moi, tout mec lambda pouvait se dire "Arf je suis un batard, rhahaha... J'abuse, la pauvre. Ça se fait pas. Mais bon, elle a cherché aussi !"
Et les femmes se disaient, traumatisées à vie et en silence "j'aurais dû me défendre/ ne pas monter chez lui/ ne pas accepter ces actes, c'est de ma faute.
Sauf que 5 ans, 10 ans, 30 ans plus tard, gros tsunami dans la gueule : #MeToo est là, tu as violé, mon gars. Et j'étais pas consentante, et tu le savais au fond de toi, mais tu t'es vautré dans la zone grise par égoïsme, manque d'égard et de respect, par négligence, haine des femmes... et haine de toi. Par masculinité toxique.
Merci #MeToo.