Certaines d'entre vous en ont parlé sur En ce moment, mais je pense que ça mérite un topic.
Catherine Millet, fondatrice de la revue Art press et auteure de La vie sexuelle de Catherine M., s'exprime dans Rue89 dix ans après la parution de son ouvrage qualifié par Edmund White de « livre le plus explicite, à propos du sexe, jamais écrit par une femme ». Au fil d'une longue discussion avec la journaliste, le sujet du viol apparait et voici ce que Madame M. en dit :
Elle assimile donc le viol à n'importe quelle autre agression, et s'offusque de la dimension particulière qui est attribuée à cet acte.
Je vous laisse réagir.
Catherine Millet, fondatrice de la revue Art press et auteure de La vie sexuelle de Catherine M., s'exprime dans Rue89 dix ans après la parution de son ouvrage qualifié par Edmund White de « livre le plus explicite, à propos du sexe, jamais écrit par une femme ». Au fil d'une longue discussion avec la journaliste, le sujet du viol apparait et voici ce que Madame M. en dit :
Comment articulez-vous libertinisme et féminisme ?
Olala ! On n'en a pas encore parlé. Cette affaire (NB : DSK) révèle le féminisme dans ses pires aspects. Les femmes apparaissent comme des êtres très faibles qui ont besoin de la protection d'un juge contre tous les hommes qui risquent de les agresser.
Plutôt que de créer des associations pour aider les femmes à déposer des plaintes et payer des avocats, les féministes feraient mieux de leur apprendre à considérer ces agressions sexuelles avec une certaine distance, à les relativiser, à renforcer leurs « défenses naturelles ». Il faut aider les femmes à être fortes par elles-mêmes plutôt qu'en se réfugiant derrière la loi.
Vous voulez dire qu'on exagère le traumatisme que provoque une agression sexuelle ?
Oui, complètement. J'en avais parlé il y a longtemps avec Christine Angot, qui est devenue célèbre avec un roman évoquant la relation incestueuse imposée par son père, « L'Inceste ». Elle trouve atroce l'entourage des filles violées et notamment, victimes d'un inceste, et qui les entretiennent dans ce traumatisme par des procès intentés des années après.
Au contraire, on devrait leur dire :« La chose a eu lieu, elle ne t'a pas marqué de façon indélébile, tu peux vivre ta vie dans un autre habit que celui de la jeune fille victime d'un viol. »Je risque de choquer, mais je ne comprends pas les femmes qui se disent traumatisées, sévèrement traumatisées par un viol.
Une agression, c'est toujours traumatisant, bien sûr si le viol s'est fait avec violence, si vous risquez de perdre votre intégrité physique. Mais s'il n'y a pas eu ce genre d'agression, de menaces avec une arme, de coups, c'est un traumatisme qu'on peut surpasser comme n'importe quelle violence ordinaire.
Avez-vous été vous-même victime d'un viol ?
Non, et j'espère que cela ne m'interdit pas d'avoir une opinion sur la question ! Je pense que s'il m'était arrivé de me voir imposer un acte sexuel - et après tout, ça m'est peut-être arrivé, et j'ai oublié -, j'aurais laissé faire en attendant que ça se passe, et je m'en serais tirée en me disant que c'était moins grave que de perdre un œil ou une jambe. Je ne me serais pas sentie atteinte. Ma personne ne se confond pas avec mon corps.
On se dit que si on ne porte pas plainte, le type va s'en prendre à quelqu'un d'autre.
D'accord, mais tout dépend de la gravité de l'acte. Toujours Libé, ma lecture favorite du matin : un représentant de la mosquée fréquentée par la femme agressée par DSK dit qu'elle est « tachée à jamais ». Mais non, elle n'est pas tachée ! Elle n'a pas été victime d'un accident qui la fera boiter toute sa vie…
Elle assimile donc le viol à n'importe quelle autre agression, et s'offusque de la dimension particulière qui est attribuée à cet acte.
Je vous laisse réagir.