J'arrive un peu tard sur ce débat sans doute, mais les réflexions sur le fait ne pas devoir utiliser le terme "fou" parce que celui-ci serait connoté négativement m'ont pas mal questionnée.
Et je me demande, si censurer un terme et rendre innommable quelque chose parce que la société y a pendant longtemps associé une connotation négative (voire des discriminations) n'est pas inefficace, voire même pire, participe à stigmatiser les personnes.
Pour illustrer mon propos, ce débat me fait beaucoup penser aux personnes grosses (dont moi
) qui demandent qu'on arrête de dire qu'elles sont en surpoids et d'assumer le terme "gros" parce que ce n'est pas mal d'être gros, c'est une réalité physiologique. Faire de ce mot un tabou, c'est quelque part supposer qu'être gros n'est pas normal. Et s'interdire d'utiliser ce mot ou même d'introduire la diversité des corps dans notre langue, c'est quelque part nier la place de cette diversité dans notre vie.
Bien sûr, si j'utilise ces termes pour dire "Les gros sont des fous!"
c'est discriminant, mais si je dis "Mais si, tu vois qui c'est Thomas ! Le mec gros teint en blond qui était là samedi soir !" je ne vois pas en quoi c'est discriminant, c'est une description. Par contre si pour décrire Thomas, je ne dis que qu'il a les cheveux teints en blond, ça invisibilise ses autres caractéristiques ont tout à fait leur place dans notre société. Comme si, être gros, c'est honteux au point de ne pas pouvoir le mentionner.
Avoir une maladie mentale, ou un handicap, ce n'est pas quelque chose d'honteux dont les gens sont responsables et devraient cacher. Peut-être que donner une place à tous dans notre société passe aussi par le fait de donner une place à chacun, avec ses caractéristiques, dans notre langage courant.