Déjà la personne ne parle pas société sans justice, il faut pas réécrire l'article. Ca parle d'abolir la police et la prison. On peut étendre ça à la justice pénale qui prononce des peines de prison. Mais ça ne veut en aucun cas dire "pas de justice". Il existe déjà des autres modes de justice qui ne relèvent pas du pénal.
C'est littéralement écrit dans l'article : "Je me situe dans un courant que l’on appelle
l’abolitionnisme pénal. C’est un courant d’idées, mais aussi un mouvement politique avec des luttes en faveur de l’abolition du système pénal, et donc d’institutions comme la prison et la police."
Si tu supprimes la police et la prison, fatalement, tu supprimes la justice (telle qu'on l'entend aujourd'hui, en tant qu'institution). Puisque tous ces maillons sont interdépendants et forment une chaîne : la police arrête les auteurs d'infraction, les juges prononcent la sanction, la prison enferme les auteurs après le prononcé de la peine (bon, c'est la théorie).
Alors évidemment on peut penser à d'autres formes de justice, mais lesquelles ? Ce qui me gêne dans ce genre de prise de positions, c'est qu'aucune solution n'est jamais proposée. Dans l'interview par exemple, elle n'en cite aucune (et pareil dans le podcast que j'avais écouté où elle était interrogée). Pour moi, c'est totalement utopique. C'est bien beau d'avoir des idées théoriques et des rêves de justice sociale, mais on sait très bien que ça se heurte au principe de réalité. On peut déjà commencer par réformer certaines institutions (la prison, en l'occurrence), sans foncer dans le tas en mode : il faut tout supprimer et faire advenir un monde nouveau ! Oui super, mais comment ? Avec quels acteurs ? Pour quel budget ? Enfin c'est comme dire : "il faut supprimer le capitalisme". C'est bien beau, mais on sait que dans notre monde, c'est impossible et qu'il faut y aller petit pas par petit pas.
Parce que c'est évident que le système tel qu'il existe ne fonctionne pas. Et c'est vrai, la violence engendre de la violence. Pour autant, je ne pense pas qu'il faille supprimer les prisons. On pourrait en faire des lieux de réinsertion, où les prisonniers sont invités à réfléchir à leurs actes et pourquoi ils en sont arrivés là. Ça, ce serait déjà une énorme révolution. Et beaucoup plus faisable en pratique que "d'abolir le système pénal" (programme aussi vaste que théorique, pour ne pas dire inexécutable).