j'ai trouvé ce témoignage assez beau. J'aime qu'il souligne l'ambivalence, l’impatience qu'elle a ressenti une fois la grossesse lancée, sans que ça occulte ses peurs.
Je ne me suis jamais considérée comme CF, pendant longtemps je ne voulait pas d'enfant POUR LE MOMENT. Et pour APRES?? ben j'en savais rien.
Mais le truc, c'est que même si on pense que TEL TRUC ne nous tentera jamais, ça peut arriver. Tout ne peut pas arriver à tout le monde, et je suppose que pour la majorité des gens qui se définissent ChildFree, c'est basé sur des choses qui se maintiennent dans le temps, et elles ne changent pas d'avis. Le témoignage ici est l'illustration que ce n'est pas le cas pour CHAQUE personne qui se définit comme ChildFree à un moment de sa vie. Mais ça peut être un désir d'enfant, une personne qui préfère vivre seule et qui un jour se retrouve à choisir de vivre en couple (ou l'inverse), une personne qui se définit comme aromantique, et qui un jour vit une relation qui remet ça en question.
Et quelle que soi l'étiquette que cette personne s'attribue à un moment donné, j'aime l'idée qu'on peut être surpris par soi même, et par la vie. Ca ne veut pas dire que les étiquettes n'avaient pas leur place (et qu'un CF qui change d'avis et décide de faire un enfant n'était pas un "bon CF digne de ce nom" (je vois pas mal de mépris dans ce genre de raisonnements, mais je peux me tromper)). C'est juste que quel que soit le jugement/étiquette que tu portes sur toi-même (ou sur les autres), il ne prend pas en compte l'intégralité de la complexité d'une personne tout au long de toute sa vie, futur compris. C'est basé sur certains éléments qui existent à un moment donné. Qui peut être sûr à 100% que jamais il ne changera d'avis sur rien??
Je trouve la réaction d'Elsa, qui consiste à contrer les ""prédictions"" par un grand non, assez logique quelque part. Avec les "tu changera d'avis" c'est vraiment la négation du ressenti de la personne qui est en jeu. Ca revient à dire "tu ne sais pas de quoi tu parles, moi je sais ce qu'il te faut, je sais ce qui est/sera important pour toi". C'est d'une violence! Et clairement, pas une invitation à explorer ses aspirations profondes et cachées. Puisqu'on nous dit qu'on est "condamné" à quelque chose, je trouve très logique que pour un certain nombre de gens, la réaction soit la rébellion. Comme le dit Elsa, elle n'a jamais été invitée à se poser la question. On l'a mise devant le fait accompli que ça lui arriverait. Sans jamais prendre en compte ce qui était important pour elle à ce moment de sa vie. Peut-être que si elle avait eu l'espace et l'écoute d'autrui pour se sentir safe de dire "Attends, tu rigole, j'ai 4 ans (ou 20), c'est vraiment pas un de mes projets pour l'instant, je veux me préoccuper de Ceci plutôt, et après on verra si mes aspirations évoluent à mesure que je vis ma vie", peut-être (peut-être!) qu'elle aurait réagi autrement qu'en se revendiquant ChildFree.
Mais que les autres tiennent à ce point à avoir raison sur un sujet qui ne les concernent pas, ça me sidère toujours. Et surtout qu'ils pensent faire une bonne action en écrasant ton avis sur toi-même sous le leur, pour bien te faire comprendre que tu ne sais même pas de quoi tu parles quand tu parles de toi.
De la même façon si à un moment elle se considérait comme Child Free, elle l'était. Elle ne l'est plus, ok.
C'ets comme si on disait à un végétarien que si un jour de grande détresse psychologique, de maladie, d'ivresse, de Jesaispasquoi, il mange une fois de la viande, qu'il n'a plus jamais le droit de dire qu'il est ou a été végétarien. Faut se calmer avec les étiquettes.