Commentaires sur La seconde main remplace la fast-fashion dans Love Island : une bonne nouvelle au-delà de la télé-réalité

[Anthony Vincent]

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La seconde main remplace la fast-fashion dans Love Island : une bonne nouvelle au-delà de la télé-réalité

 

[Cha_215]

Il y a quand même quelque chose qui me chagrine avec ce genre de nouvelles, c'est le fait qu'on pourrait avoir tendance à s'arrêter là et se dire que parce qu'on a remplacé un partenariat avec une marque plus slow et plus responsable, le problème éthique est résolu C'est bien, mais c'est pas suffisant et ça ne doit pas s'arrêter là.
Rien ne dit que c'est le cas ici, mais ça m'interroge quand même. Les humains ont quand même souvent tendance à utiliser une "bonne" chose et à en faire une "mauvaise" chose avec le temps (bien aidé par notre système capitaliste au passage).

Concernant la mode, la question, comme pour beaucoup de problématiques de consommation d'ailleurs, c'est effectivement d'un côté les modes de production, de fabrication, de communication, de marketing, d'organisation ... des entreprises, mais c'est aussi une question de surconsommation.
Surconsommer, même si c'est de la slow fashion, c'est problématique. Je ne sais pas dans quelle mesure c'est mieux finalement de surconsommer de la slow fashion (je sais pas si des études ont été faites là-dessus )
Je me fais souvent la réflexion que pour avoir un impact le plus mesuré possible sur l'environnement et la situation des travailleurs, il vaut mieux faire 5-6 achats de fast fashion par an que d'acheter des trucs sur Vinted tous les mois ou toutes les semaines.
Et quand je dis tout ça, je parle de personnes qui ont les moyens financiers, le temps, l'accès aux ressources permettant de se renseigner sur la mode éthique ou la seconde main, l'accès aux dépôt-vente/friperies, etc. de consommer de la mode éthique.

 

[Anthony Vincent]

@Cha_215 Merci beaucoup pour ta remarque, je suis entièrement d'accord avec toi ! Ce n'est pas parce qu'on le fait de seconde main que surconsommer des vêtements (s'acheter une dizaine de fringues par mois, j'entends) devient ok, écolo et éthique.
Et oui, clairement, 5-6 achats auprès d'enseignes de fast-fashion dans l'année, c'est largement ok. C'est les habitudes/fréquences d'achats qu'on a intérêt à questionner, plutôt que de penser de façon trop manichéenne entre méchantes marques de fast-fashion versus gentilles plateformes de seconde main.

D'ailleurs, c'est un point qu'on soulève dans mon podcast mode Matières Premières, avec l'ingénieure et docteure en sciences de gestion, Élodie Juge, dans l'épisode dédié à la seconde main : comment "acheter de seconde main" devient pour une certaine catégorie de personne qui en a largement les moyens une excuse pour continuer à surconsommer en ayant l'impression de le faire de façon éthique. Ce qu'on pourrait appeler une "fast-fashionisation" de la seconde main est facilitée, voire encouragée, par certaines plateformes en ligne de vente d'occasion qui calquent les dynamiques marketing de marques de fast-fashion. Et même des marques s'y mettent par elles-mêmes car c'est un moyen pour elles d'éviter que ces parts de marché ne leur échappent :

Dans « Matières Premières, Seconde main », on décrypte les dérives des sites de revente de vêtements d’occasion - Madmoizelle

www.madmoizelle.com

 

[Cha_215]

@Anthony Vincent ça fait un petit moment que je me suis dit qu'il fallait que j'écoute le podcast, je trouve que ce sont des sujets passionnants ! Et effectivement on a vite fait de "binariser" le discours alors qu'il y a beaucoup de nuances à apporter

 

[Tuna]

@Anthony Vincent : Tu mets le doigt sur un des trucs qui me dérange le plus avec le fait que la seconde main soit d'un coup devenu "tendance". J'ai l'impression qu'au-delà de l'aspect peut-être plus éthique et écologique c'est surtout devenu bien vu parce qu'une catégorie de la population qui aurait les moyens d'acheter neuf s'est mise à acheter de seconde main. Alors que la seconde main, ce n'est pas nouveau, ça a toujours existé (perso j'ai été habillée en vêtements achetés sur les étals de marché ou en brocante toute mon adolescence parce que ma famille n'avait pas les moyens de tous nous acheter des vêtements neufs, je pense que le côté éthique/écolo de la chose n'a jamais traversé l'esprit de mes parents).

Je ne dis pas qu'il ne faut pas acheter de seconde main, au contraire, mais je sature un peu quand on me dit "et mais t'as vu, en fait c'est possible d'acheter des trucs déjà portés" comme si c'était une mega nouveauté révolutionnaire alors qu'en fait c'est juste le lot des personnes pas très aisées depuis très longtemps. Et même là je note qu'il y a une hiérarchie dans le "seconde main". Acheter de seconde main dans la friperie super stylée ou le t-shirt est à 40€? Yeah super! Acheter le même t-shirt à 0,50€ sur un marché ? Ah non certainement pas.

Comme quoi, le fait d'acheter de seconde main ne réglera pas tous les problèmes liés à la consommation de vêtements et à l'importance excessive que l'on attache à nos vêtements (notamment sur ce que cela reflète sur notre milieu d'appartenance). Mais c'est quand même un bon début (et si en plus ça peut amener à une réflexion plus poussée sur la manière dont on aborde notre consommation de vêtements c'est encore plus chouette)

Je vais aller écouter le podcast de ce pas du coup, ça a l'air super intéressant.