J'ai vu que Livia Soprano avait été mentionnée (
pour cette série).
Évidemment elle est horrible, mais en vrai, je la retrouve un peu dans certaines femmes âgées de mon entourage. Aucune n'a cherché à aller aussi loin qu'elle hein
Par contre je connais quelques vieilles dames qui ont ce côté "drama queen", à idéaliser leur mari alors que de son vivant elles lui faisaient une vie impossible, qui ont des relations conflictuelles avec leurs enfants, qui ne travaillaient pas (donc pas de pouvoir économique) mais tenaient leur foyer d'une main de fer, et qui avaient tendance à diviser pour mieux régner.
Plus exactement, je remarque un schéma dans la façon dont ces femmes sont décrites : autoritaires, manipulatrices, égocentriques et névrosées. De fait, les quelques cas que je connais ont vraiment été maltraitantes avec leurs enfants. Sans les excuser, je mets quand même ça en perspective avec le fait que ce sont aussi des femmes qui ont eu un destin contrarié, dans le sens où elles n'ont pas tout-à-fait été maitresses de leur vie à cause de la pression familiale, sociale, ou de leur mari. Je pense à des occasions manquées ou des évènements non-désirés du genre arrêter ses études pour se marier, devoir émigrer, assumer des grossesses non-voulues, etc. Pour revenir au cas de Livia Soprano, le portrait qui est fait d'elle est un peu nuancé quand on apprend que son mari la trompait allégrement et qu'il a loupé un accouchement parce qu'il était avec sa maitresse par exemple. Ou bien qu'il ruine sa coiffure en tirant une balle dans son brushing...
En fait, j'ai l'impression que ce sont souvent des femmes qui ont été dépossédées de leurs envies, qui se sont retrouvées coincées dans des rôles qui ne leur convenaient pas et qui en ont conçu beaucoup de frustration, d'aigreur, voire qui sont tombées dans des pathologies mentales. Sur le plan individuel on ne peut pas les dédouaner de leurs responsabilités, par contre je trouve que pour analyser leur cas, on ne peut pas faire l'économie d'une mise en perspective plus globale avec la façon dont la société traitait les femmes à l'époque. Au-delà du côté psychologisant, il y a des enseignements à tirer de ces trajectoires, parce qu'il ne s'agit pas "juste" de mères de famille abusives qui ont condamné leurs enfants à des années de thérapie, elles montrent aussi ce qu'une société certes moderne et développée, mais dominée par les hommes, "fait" aux femmes.