Le marécage
Sa silhouette était presque invisible, ses pas silencieux et même les hiboux ne se réveillèrent pas lors de son passage. Le lieu était désert, il n'y avait aucune maison. Personne ne vivait dans ces marécages puants, tellement loin de la ville et de la vie, personne ne venait là, surtout à la tombée de la nuit. Le vert foncé et le noir semblaient être les seules couleurs peignant les alentours. Elle continua de s'avancer, relevant son jupon pour ne pas le salir, serrant contre elle la jolie pierre qu'elle avait trouvé sous le menhir. Elle fuyait, de toutes ses forces. Pourquoi venir ici ? Elle ne contrôlait plus ses pieds, ni ses actions, ses pensées s'effilochaient. Elle s'entêtait à ne pas salir ce jupon déjà poisseux de sang. Tout était déjà sale, tout est déjà détruit, brisé. Son esprit embrumé lui envoya soudain le bruit de poursuite derrière elle. Apeurée, elle se précipita vers une barque gisant sur le bord du marécage. Elle était en très mauvais état, supporterait-elle son poids ? Mais elle ne put se poser davantage de question, les pas approchaient. Les pas approchaient et avec eux toute la saleté de la ville, de la vie, avec eux approchaient le sang de sa robe, celui qui glissait encore un peu contre ses cuisses, l'enveloppant d'une chaleur étonnante. La fillette bondit dans l'embarcation et celle-ci se mit à glisser doucement, sans encombre, sans signe. Dans un silence verdâtre. Elle se pencha vers la bosse de son petit sac, serra contre elle encore plus fort cette petite pierre qui avait provoqué tant de dégâts mais qu'elle aimait quand même. Pouvait-on aimer une pierre ? Peu à peu le brouillard se leva, la cachant de la terre, de la ville, de la vie. Au loin se dessina une île qu'elle n'avait pas vu de la berge. Elle remarqua que de toutes petites lueurs y brillaient, l'appelaient et en réponse à ce chant, un sourire fragile se dessina sur son visage de poupin.
Quand ses poursuivants arrivèrent au bord du lac, ils ne trouvèrent qu'un corps frêle et sans vie, la main flottant sur l'eau sombre. Il n'y avait plus de pierre.
Sa silhouette était presque invisible, ses pas silencieux et même les hiboux ne se réveillèrent pas lors de son passage. Le lieu était désert, il n'y avait aucune maison. Personne ne vivait dans ces marécages puants, tellement loin de la ville et de la vie, personne ne venait là, surtout à la tombée de la nuit. Le vert foncé et le noir semblaient être les seules couleurs peignant les alentours. Elle continua de s'avancer, relevant son jupon pour ne pas le salir, serrant contre elle la jolie pierre qu'elle avait trouvé sous le menhir. Elle fuyait, de toutes ses forces. Pourquoi venir ici ? Elle ne contrôlait plus ses pieds, ni ses actions, ses pensées s'effilochaient. Elle s'entêtait à ne pas salir ce jupon déjà poisseux de sang. Tout était déjà sale, tout est déjà détruit, brisé. Son esprit embrumé lui envoya soudain le bruit de poursuite derrière elle. Apeurée, elle se précipita vers une barque gisant sur le bord du marécage. Elle était en très mauvais état, supporterait-elle son poids ? Mais elle ne put se poser davantage de question, les pas approchaient. Les pas approchaient et avec eux toute la saleté de la ville, de la vie, avec eux approchaient le sang de sa robe, celui qui glissait encore un peu contre ses cuisses, l'enveloppant d'une chaleur étonnante. La fillette bondit dans l'embarcation et celle-ci se mit à glisser doucement, sans encombre, sans signe. Dans un silence verdâtre. Elle se pencha vers la bosse de son petit sac, serra contre elle encore plus fort cette petite pierre qui avait provoqué tant de dégâts mais qu'elle aimait quand même. Pouvait-on aimer une pierre ? Peu à peu le brouillard se leva, la cachant de la terre, de la ville, de la vie. Au loin se dessina une île qu'elle n'avait pas vu de la berge. Elle remarqua que de toutes petites lueurs y brillaient, l'appelaient et en réponse à ce chant, un sourire fragile se dessina sur son visage de poupin.
Quand ses poursuivants arrivèrent au bord du lac, ils ne trouvèrent qu'un corps frêle et sans vie, la main flottant sur l'eau sombre. Il n'y avait plus de pierre.